Alors que le Parlement européen va se prononcer sur l’accord commercial entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, l’eurodéputée Marie-Pierre Vedrenne exprime sa position en faveur d’un accord qui doit devenir le socle d’un nouveau modèle vertueux de commerce international, écrit-elle.
Marie-Pierre Vedrenne est eurodéputée française, co-présidente de la délégation des députés européens de la majorité présidentielle française au sein du groupe Renew (L’Europe ensemble) et vice-présidente de la commission parlementaire du commerce international (INTA).
L’accord de libre-échange UE-Nouvelle-Zélande a été signé entre les exécutifs le 9 juillet dernier, puis sera voté le 24 octobre en commission INTA, avant d’être porté devant l’ensemble des parlementaires européens pour un vote lors de la prochaine séance plénière du Parlement européen prévue entre 21 et le 23 novembre.
Pas d’ouverture délétère, pas de fermeture mortifère, mais des règles claires et respectées qui permettent à l’Union européenne de défendre ses principes et intérêts.
Concrétiser la fin de la naïveté et utiliser la puissance commerciale pour façonner une mondialisation régulée, juste et durable est mon engagement en tant que vice-présidente de la commission du commerce international et co- présidente de la délégation l’Europe ensemble (Renew).
Se doter d’instruments complémentaires de la puissance et de l’unité
Dans un contexte où les allants protectionnistes sont de plus en plus forts et où le commerce est utilisé comme une arme pour limiter la liberté et la souveraineté, la crédibilité et l’efficacité de l’Union européenne sont mises à rudes épreuves.
Réciprocité sur les marchés publics, règlement sur les subventions étrangères, mécanisme carbone aux frontières, lutte contre la coercition économique, création d’un procureur commercial européen … la réaction est enfin là !
L’arsenal juridique s’est considérablement renforcé depuis 2019 changeant le logiciel de pensées et d’actions. Le travail se poursuit face à toutes les formes de prédations de pays tiers.
Établir une doctrine commune sur la stratégie sur la sécurité économique européenne demeure un cap important, toute comme la nécessité impérieuse de multiplier la création de nouvelles « mesures miroirs ».
Ces outils d’affirmation jouent un rôle déterminant et complémentaire à côté des accords bilatéraux qui fixent eux aussi les règles du jeu.
Façonner des accords nouveaux passe par un soutien à l’accord avec la Nouvelle-Zélande
Oui, ces accords doivent évoluer pour qu’ils répondent au besoin de prévisibilité et de stabilité de nos entreprises et pour qu’ils jouent leur rôle dans la protection des droits humains et de la planète.
Oui, ces accords doivent être pourvoyeurs de concurrence loyale et de réciprocité.
Oui, ces accords doivent être d’ambitieux leviers de convergence.
Cela devrait être nos exigences communes. Force est de constater que toutes nos oppositions françaises se contenteront de voter contre cet accord en se murant dans une approche du commercial mondial dépassée.
Nous sommes la seule force politique au Parlement européen à peser de tout notre poids pour établir une nouvelle génération d’accords.
Après avoir validé la position du Parlement européen « pas de Mercosur en l’état » en octobre 2020, le message envoyé à la Commission était clair : nous ne voulons pas d’accord d’un autre temps et qui n’intègre pas l’accord de Paris.
La mise en œuvre, la mère des batailles
Intégrer les clauses de l’accord de Paris dans le commerce mondial, c’est l’ambition affichée par l’accord de libre-échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande.
Ce combat n’a pu être mené sans celui de réformer les chapitres sur le développement durable ni celui de promouvoir et protéger nos savoir-faire à travers les indications géographiques. Il n’a pu non plus être mené sans obtenir un traitement équitable des investisseurs européens dans les marchés publics ni établir des clauses de sauvegarde.
Enfin, il n’a pu être mené sans intégrer des sanctions en cas de non-respect des engagements.
Avec un partenaire néo-zélandais enclin à créer ces nouveaux standards, nous avons obtenu ces avancées impensables !
Conclure ou ratifier un accord de commerce ne constitue pas une fin en soi. Le plein respect des engagements réciproques est l’enjeu majeur.
Sur ces fondements, cet accord crée une base solide pour la France et pour l’UE pour défendre ses principes et ses intérêts avec, pour la première fois, l’intégration de sanctions.
Tous ces gains doivent être un standard minimum, c’est pourquoi ils doivent voir le jour.