La croissance de la France (-0,2 %) au premier trimestre 2022 est nettement plus faible que celle de l’ensemble de la zone euro (+0,6 %). L’écart est encore plus marqué si le résultat de la France est examiné au regard de la croissance enregistrée dans la zone euro hors France (+0,8 %). Pourtant, l’inflation est plus faible en France que dans les autres pays de la zone euro, grâce à l’intervention de l’État. La politique budgétaire y demeure très expansionniste. Le pouvoir d’achat recule mais de manière limitée. Les ménages disposent d’importantes liquidités et pourtant la croissance a ralenti de manière brutale au premier trimestre. La France souffre-t-elle de problèmes structurels ou est-ce un arrêt purement conjoncturel ?
La France aurait dû obtenir une croissance plus élevée que la moyenne de ses partenaires.
La croissance française est en dents de scie depuis le début de la crise sanitaire. En 2020, le recul du PIB a été plus important qu’en Allemagne, en raison de l’arrêt des activités touristiques et des livraisons d’avions. La reprise y a été plus forte en 2021 grâce au redémarrage des services et au soutien gouvernemental. Avec une diminution du PIB de 0,2 point, le premier trimestre 2022 a surpris. La vague omicron, la résurgence de l’inflation et le maintien d’un fort taux d’épargne ont pesé sur la consommation. Seule la Suède a obtenu un plus mauvais résultat que la France.
La France aurait dû, logiquement, obtenir une croissance plus élevée que la moyenne de ses partenaires. L’inflation y étant plus faible, elle érode donc moins fortement le pouvoir d’achat des ménages. Le bouclier tarifaire et les ristournes sur les carburants ont pour conséquences une inflation de trois points inférieure à la moyenne de l’Union européenne. En France, le contribuable et les créanciers viennent en soutien aux consommateurs. Les salaires en France augmentent autant que dans le reste de la zone euro, le salaire minimum étant indexé sur les prix. La politique budgétaire est plus expansive en France que dans la moyenne de la zone euro. Le déficit public devrait être proche de 6 % du PIB en France contre 5 % en zone euro pour l’année 2022. Quels sont les facteurs pouvant jouer contre la croissance en France ?
La perte de confiance des ménages y serait-elle supérieure qu’ailleurs ? Elle est réelle mais ne diffère guère de celle constatée chez ses partenaires. Le taux d’épargne reste élevé mais ce constat vaut pour tous les pays de la zone euro. En matière de confiance des chefs d’entreprise, la France est sur la même longueur d’onde que les États membres de l’Union. Elle baisse modérément mais sans excès. En revanche, les chefs d’entreprise rencontrent des difficultés importantes pour le recrutement dans un contexte de forte création d’emplois. Les entreprises peineraient à répondre à la demande en particulier dans le bâtiment.
La production manufacturière n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise
La croissance française est pénalisée par l’importance du déficit commercial, plus de 100 milliards d’euros en rythme annuel au cours du premier trimestre 2022 quand la zone euro, hors France, dégage un excédent de plus de 300 milliards d’euros. Le déficit de la balance de produits manufacturiers atteint plus de 3,5 % du PIB. La production manufacturière n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire et semble poursuivre son mouvement de déclin. Les moteurs de la croissance sont limités aux services aux entreprises, aux transports, au tourisme, et aux services financiers. Si un de ces secteurs est en crise, souffre de problèmes d’approvisionnement ou fait l’objet de restrictions en raison de la résurgence de l’épidémie, la croissance tend à s’évanouir. L’important déficit commercial joue contre l’expansion du PIB et constitue une réelle menace à terme s’il n’est pas compensé par des excédents au niveau de la balance des services.
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