L’économie française patine, la zone euro atone

L’expansion de l’activité du secteur privé en France est tombée au mois de septembre à son plus bas rythme en quatre mois, selon un indicateur provisoire publié lundi par le cabinet IHS Markit. En zone euro, la croissance du secteur privé est tombée à son plus bas niveau depuis juin 2013. Un article de notre partenaire Euractiv 

Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’économie française. Selon les derniers chiffres communiqués par le cabinet Markit ce lundi 23 septembre, l’indice composite du secteur privé est passé de 52,9 en août à 51,3 en septembre, soit son niveau le plus bas depuis quatre mois (lorsque le PMI est supérieur à 50 points, cela signifie que l’activité progresse, tandis qu’elle diminue s’il est inférieur à ce seuil). Pour l’économiste Eliot Kerr, « la croissance économique française a été portée par le secteur des services. Les écarts de performances entre celui-ci et le secteur manufacturier se sont en effet maintenus, les prestataires de services continuant de signaler une hausse de leur activité tandis que la production manufacturière est repartie à la baisse en septembre ».

En outre, la Banque de France a prévu un fort ralentissement de l’économie en 2019 et 2020 à 1,3 % contre 1,7 % en 2018 et 2,4 % en 2017. Malgré la dégradation de la conjoncture mondiale, « l’économie française se montre assez résistante à la baisse a rappelé l’économiste de BNP Paribas Hélène Baudchon. Derrière cette stabilité de la croissance française, c’est essentiellement la stabilité de la demande intérieure hors stock qui contribue. Trimestre après trimestre, nous observons 0,5 point de contribution positive de cette demande intérieure ».

La production industrielle souffre

Le moteur de l’appareil productif est en panne. Les statistiques du cabinet Markit indiquent que l’indice qui mesure la production manufacturière s’est replié en septembre à 49,7 contre 50,7 en août, soit un plus bas de deux mois. Du côté des services, les résultats ne sont pas favorables également. L’indice flash du tertiaire s’est replié à 51,6 contre 53,4 en août, soit un plus bas de quatre mois. Le coup de frein des nouvelles affaires s’explique « notamment par une nouvelle baisse de la demande dans le secteur manufacturier, toutefois compensée par une nouvelle hausse des nouveaux contrats dans le secteur des services », expliquent les économistes. Les difficultés dans le moteur industriel tricolore commencent « à se propager, le secteur des services ayant affiché en septembre sa plus faible expansion depuis mai dernier ».

L’inquiétant coup de frein de la zone euro

Les perspectives économiques s’assombrissent sérieusement en zone euro. Selon les derniers chiffres communiqués par la Banque centrale européenne la semaine dernière, la croissance du PIB de la zone monétaire passerait de 1,9 % en 2018 à 1,1 % en 2019 avant de légèrement se redresser en 2020. Les banquiers centraux ont revu à la baisse leurs prévisions pour 2019 et 2020 par rapport à celles de juin dernier.

De leur côté, les conjoncturistes de Markit notent que « l’expansion économique de la région ayant été freinée par le plus fort repli de la demande (de biens comme de services) depuis plus de six ans. L’accélération de la contraction du secteur manufacturier — qui résulte notamment du plus fort recul de la production depuis 2012 — s’est accompagnée d’un affaiblissement de la croissance du secteur des services ».

Pour Chris Williamson, chef économiste chez Markit, la situation pourrait vite empirer.

« Si la situation du secteur manufacturier, qui traverse actuellement sa phase de récession la plus sévère depuis 2012, ne cesse d’empirer, on s’alarmera également de la propagation de ce malaise au reste de l’économie. La croissance du secteur des services a en effet ralenti, affichant l’un de ses plus faibles niveaux depuis 2014 ».

Les entreprises interrogées « se disent toujours préoccupées par les guerres commerciales et les tensions géopolitiques, notamment le Brexit », est-il expliqué dans le communiqué. Devant le Parlement européen ce lundi, le président de la Banque centrale qui finit son mandat dans quelques semaines a déclaré :

« Les données récentes et les indicateurs avancés, comme les nouvelles commandes à l’export du secteur manufacturier, ne montrent aucun signe probant d’un rebond de la croissance dans un avenir proche et l’équilibre des risques pesant sur les perspectives de croissance reste orienté à la baisse », a dit Mario Draghi devant la commission des affaires économiques de l’hémicycle. « Plus longtemps durera la faiblesse du secteur manufacturier, plus grand sera le risque de voir les autres pans de l’économie affectés par le ralentissement », a-t-il ajouté.

La stagnation de l’économie italienne

L’économie italienne est encore morose. Selon les derniers chiffres diffusés par l’Institut Istat, ce lundi, l’Italie a enregistré l’an passé une croissance de son PIB (Produit intérieur brut) encore plus faible que prévu, à 0,8 %, contre 0,9 % estimée précédemment. Pour 2019, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance économique de l’Italie de 0,1 %. Mais certains experts sont encore plus pessimistes, estimant que la troisième économie de la zone euro pourrait de nouveau tomber en récession.

 L’Allemagne en panne

La panne du moteur industriel outre-Rhin se prolonge. Les derniers chiffres de Markit indiquent « le premier repli de l’activité globale depuis avril 2013 et le plus fort taux de contraction depuis octobre 2012. Ces tendances reflètent un ralentissement de la croissance de l’activité de services à son plus faible niveau de l’année en cours ainsi que le deuxième plus fort repli de la production manufacturière depuis juin 2009 ». La plus forte exposition du modèle économique allemand aux soubresauts du commerce international et la part de la balance commerciale dans le PIB de la première économie de la zone euro permettent d’expliquer en partie ces difficultés. A Berlin, les débats sur la nécessité d’une relance budgétaire sont ravivés par des craintes de récession. Lors d’une récente présentation de l’ouvrage de « L’économie mondiale en 2020 » au CEPII, la directrice des études économiques au Crédit Agricole, Isabelle Job faisait le point :

« Guerre commerciale, Brexit, incertitude, rien n’a changé depuis un an. Les Banques centrales ont développé une aversion aux cycles. L’économie européenne ralentit en raison de la guerre commerciale, des incertitudes… que peut faire la banque centrale ? Elle ne peut pas jouer sur ces deux facteurs. […] Est-ce qu’il ne faut pas rééquilibrer le mandat des banques centrales pour assurer plus de stabilité financière ? Les politiques monétaires accommodantes sont du pain béni pour les marchés. Cela pousse aux risques ».

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire