Dans ces nouveaux pays industrialisés d’Europe de l’est, l’énergie est chère, et elle est très carbonée. Pour se conformer aux exigences de la transition énergétique, Pologne, Hongrie et Tchéquie misent sur le nucléaire. Pour l’instant, leurs économies fonctionnent beaucoup au charbon. Comme l’Allemagne. Mais l’Allemagne a choisi de se dénucléariser avant de se décarboner. Aussi le charbon contribue à fournir l’essentiel de la consommation électrique en Allemagne, malgré les investissements dans les énergies renouvelables, malgré l’augmentation des prix de l’énergie.
Les pays de l’Est ne veulent pas de l’exemple allemand. Ils considèrent que le nucléaire offre une énergie à coûts prévisibles et constants, décarbonnée, facilement gérable pour répondre à la demande en temps et en heure.
En Pologne, pays du charbon, le gouvernement a annoncé son intention de construire une centrale nucléaire opérationnelle en 2033. Les Américains espèrent obtenir le contrat, compte tenu des relations privilégiés avec le gouvernement polonais actuel. En République tchèque, six réacteurs sont en fonctionnement. Le gouvernement envisage d’en construire deux nouveaux. Même chose en Hongrie, qui compte quatre réacteurs et qui en a commandé deux autres au Russe Rosatom.
La Slovaquie, la Roumanie, la Bulgarie projettent également de construire chacune deux nouveaux réacteurs.
En tout seize réacteurs sont annoncés qui s’ajouteraient aux dix-huit existants, pour un doublement des capacités de production.
Les Pays européens de l’est entendent ainsi respecter « le pacte vert européen » qui prévoit de faire de l’Union européenne le premier ensemble neutre en carbone d’ici 2050 en s’appuyant sur la technologie nucléaire, malgré le traumatisme de Tchernobyl, qui explosa alors que ces pays étaient encore dans l’orbite soviétique.
Fin juin, les gouvernements tchèques et polonais ont écrit à la Commission européenne pour demander que les investissements dans le nucléaire soient éligibles aux financements prévus dans le « plan vert européen » au même titre que les énergies renouvelables. La France les soutient car elle possède le plus grand parc de production nucléaire et elle peut espérer participer à la construction de nouveaux réacteurs. L’Allemagne, qui a renoncé au nucléaire, y est opposée. Verts et écologistes aussi, qui refusent et l’énergie carbone, et le nucléaire. Les pays de l’est ne manquent pourtant pas d’arguments : en Allemagne, la production d’énergie à partir du charbon n’a pas baissé, car c’est le charbon, pour l’instant, plus que les énergies renouvelables, qui compensent l’arrêt des productions d’électricité d’origine nucléaire. En France aussi, l’énergie que produisait la centrale de Fessenheim sera en grande partie importée des centrales à charbon allemande.
Une belle bagarre en perspective, y compris au Parlement européen, où Verts et Allemands sont très influents. Un « Green Deal » favorisant le nucléaire ? Peut-être pas, mais qui ne pourra certainement pas le bannir. En Europe, tout finit par des compromis. Et le « mix énergétique » pour sortir du carbone dépend de chaque pays.
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