Postes clés de l’UE : les gagnants et les perdants

Postes clés de l’UE : les gagnants et les perdants

La répartition des différents postes à responsabilité au sein des institutions européennes doit prendre en compte un délicat équilibre entre l’origine géographique et politique. Un exercice dans lequel certains s’en sont mieux sortis que d’autres.

« Les critères de compétence, d’expérience, de parité et d’équilibre politique et géographique ont été remplis »,  s’est félicité le président Emmanuel Macron à l’issue de la réunion des dirigeants européens qui a révélé le casting choisi pour les hauts postes de l’Union européenne. Un satisfecit  qui cache pourtant de disparités.

Répartition géographique : Chou blanc pour l’Est

La répartition entre les 28 nationalités s’est faite à l’avantage des États membres « historiques ». Avec une candidate à la présidence de la Commission allemande (Ursula von der Leyen), un président du Conseil belge (Charles Michel), un haut représentant aux Affaires étrangères espagnol (Josep Borrell) et une présidente de la Banque centrale européenne française (Christine Lagarde), les États membres les plus anciens se sont taillé la part du lion.

L’Italie, malgré son virage populiste, conserve son strapontin dans les hautes sphères de l’UE grâce à l’élection du socialiste italien David Maria Sassoli à la présidence du Parlement. Les vice-présidents pressentis de la Commission européenne : la danoise Margrethe Vestager et le néerlandais Frans Timmermans sont aussi des ressortissants des pays fondateurs.

À l’inverse, les pays de l’est de l’Europe sont ressortis les mains vides de ce grand mercato. Aucun des pays ayant adhéré à l’UE durant la vague de 2007 n’a obtenu de fonction pour un de ses ressortissants.

Pire, la tentative des dirigeants européens de placer le Bulgare Serguei Stanishev à la présidence du Parlement européen a échoué, faute de soutien au sein de sa propre famille politique. Pour l’heure, le seul représentant de l’Europe de l’Est détenant un poste central est le Roumain Dacian Ciolos, qui a été élu président du groupe des centristes au Parlement européen (Renew Europe), grâce au désistement de la Française Nathalie Loiseau.

Partis politiques

Malgré la perte de leur majorité absolue au Parlement européen à l’issue des dernières élections européennes et un recul historique dans plusieurs pays au profit des populistes, mais aussi des Verts et des centristes, les deux grandes formations politiques européennes – le PPE et les socialistes – sont parvenus à conserver leurs positions au sein des institutions.

Le PPE obtient ainsi la présidence de la Commission, qui lui a pourtant été fortement contestée, ainsi que la deuxième partie du mandat du président du Parlement européen. Enfin, Christine Lagarde à la BCE a précédemment exercé les fonctions de ministre de l’Économie de Nicolas Sarkozy, ce qui la rapproche du PPE.

Les socialistes héritent quant à eux de la première partie du mandat du président du Parlement et du poste de diplomate en chef. Leur spitzenkandidat, Frans Timmermans, devrait obtenir un poste de vice-président de la Commission.

La nouvelle famille des centristes et/ou libéraux européens ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu, en obtenant la présidence du Conseil et une des vice-présidences de la Commission avec Margrethe Vestager.

Les plus mal servis sont sans conteste les populistes, qui malgré une percée aux élections européennes restent isolés sur la scène politique. Au Parlement européen, où ils pouvaient revendiquer certains postes au regard de la taille de leur nouveau groupe parlementaire (Identité et Démocratie), la technique du « cordon sanitaire » mise en œuvre par les autres groupes politiques les a privés de vice-présidence du Parlement.

La parité à portée de main

Avec 40% de femmes élues au Parlement européen et 2 des quatre postes clés attribués à des femmes, la parité sort sinon gagnante – du moins renforcée de ces élections européennes. Consacrée troisième femme la plus puissante du monde par Forbes l’année dernière, Christine Lagarde,  va quitter son poste au FMI pour prendre la tête de la Banque centrale européenne. L’Allemande Ursula Von der Leyen a été choisie par les chefs d’États et de gouvernement pour diriger la Commission européenne – une première dans l’histoire de l’UE. Mais la conservatrice doit encore être approuvée par les eurodéputés, une étape qui n’est pas gagnée.

Au Parlement européen, l’équilibre entre hommes et femmes progresse depuis 1979, selon les dernières données publiées par le Parlement, passant de 16% en 1979 à 41% en 2019. Par contre, aucune femme n’a dirigé le Parlement européen depuis 1999 (Nicole Fontaine) et 1979 (Simone Veil).

Francophonie

Bonne nouvelle pour la francophonie, les cinq nouveaux chefs des instances de l’Union européenne parlent le français.

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