L’information, que nous avons depuis relayé dans un premier article était jusque lors passée relativement inaperçue.
Paula Forteza, députée LREM de la deuxième circonscription des Français de l’étranger, circonscription gigantesque qui regroupe l’ensemble de l’Amérique latine et les caraïbes, sera tête de liste sur les listes de Cédric Villani dans le XIXème arrondissement de Paris.
Si la députée, née à Paris, ayant grandi en Argentine où elle effectua une partie de ses études, a bien entendu parfaitement le droit de soutenir Cédric Villani dans son combat pour la conquête de la capitale, ce n’est pas peu dire que cela soulève des interrogations, notamment chez les élus consulaires, sur la possibilité de cumuler ce mandat local à Paris avec la représentation d’une circonscription aussi vaste, lointaine, et aux problématiques variées et souvent graves.
La consternation des élus consulaires d’opposition
Après son élection, Mme Forteza a mis en place un outil de communication utile pour son dialogue avec les élus locaux français : un fil de conversation WhatsApp les regroupant ainsi que la députée et ses collaborateurs.
C’est par ce biais que les élus ont appris l’investiture de Paula Forteza sur les listes Villani. Mais ce ne fut ni via la députée, ni via ses équipes. Les réactions au sein de nombre d’élus consulaires furent celles d’un sentiment d’abandon, et ce alors que nombreux pointent déjà son manque d’engagement local.
« Comment peut-elle se présenter devant les Parisiens du 19e en faisant campagne alors qu’elle doit continuer d’honorer son mandat vis à vis de nous ? » s’interroge Florence Poznanski, élue La France Insoumise au Brésil ?
« Nous avons eu un couvre-feu pendant 10 jours à Santiago avec des frictions sociales très fortes et il n’y eu aucune visite de sa part »
Laure-Hélène Filhol, élue au Chili et qui se présentera comme indépendante lors des consulaires 2020, la juge déjà « très absente », estimant qu’elle mit notamment du temps à réagir à la situation au Brésil et au Chili. « Nous avons eu un couvre-feu pendant 10 jours à Santiago avec des frictions sociales très fortes et il n’y eut aucune visite de sa part ».
Lors d’échanges ultérieurs sur cette plateforme commune, la députée a évoqué sur cette question de l’éloignement pendant la campagne des « divergences partisanes » avec ses détracteurs. « Ce n’est pas le cas, c’est une question de responsabilité tout simplement » selon Mme Poznanski. De fait plusieurs élus de la majorité, si ils ne souhaitent pas nécessairement s’exprimer publiquement sur le sujet, font part de leur « circonspection ».
Une pétition appelant à sa démission
« Nous en prenons acte et demandons donc sa démission »
L’élue EELV Cécile Lavergne a lancé une pétition appelant à la démission de Mme Forteza. Mme Lavergne estime que Mme Forteza « renonce ainsi à honorer la confiance que lui ont accordée ses électeurs et à défendre les intérêts de la Nation dans une région du monde en pleine ébullition politique. Nous en prenons acte et demandons donc sa démission ». Parmi les premiers signataires, François Boucher et Daniel Colas, conseillers AFE du Mexique et du Chili.
« Si elle souhaite se consacrer aux Parisiens elle doit renoncer à son poste de députée »
Plusieurs autres élus consulaires locaux réfléchissent à signer cette pétition également. « Si elle souhaite se consacrer aux Parisiens elle doit renoncer à son poste de députée » selon Mme Poznanski.
La délicate question du cumul des mandats
Au-delà de cette question d’une démission « volontaire » possible se pose la question du cumul des mandats. En la matière, plusieurs scénarios sont possibles en cas d’élection de Mme Forteza à Paris. En cas d’élection à la mairie du XIXème arrondissement, actuellement largement dominée par le PS, Paula Forteza ne pourra pas cumuler la fonction de maire d’arrondissement avec celle de députée de la 2ème circonscription des Français de l’étranger. En revanche, si elle devient conseillère d’arrondissement, conseillère du Conseil de Paris voire adjointe au Maire, le cumul est possible.
Est-ce cependant sérieusement envisageable ? Des fonctions à Paris peuvent-elles s’ajouter à celles de députée d’une circonscription en proie à tant de problématiques spécifiques et bien éloignées de celles de la capitale ? A cela, seule Mme Forteza pourra répondre. En cas de démission en raison d’un cumul des mandats, Mme Forteza sera remplacée par son suppléant. Si en revanche elle démissionne volontairement, des élections partielles auront lieu. En attendant, et jusqu’aux municipales de mars, il est probable que les conseillers consulaires et les Français d’Amérique du sud et des Caraïbes ne verront que peu leur députée dans leur circonscription…
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