Le Premier ministre François Bayrou souhaitait former une équipe resserrée et la plus ouverte possible. Chantre du dépassement en politique, il voulait qu’elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences, qu’affronte le pays, notamment budgétaires. Finalement, c’est un gouvernement de droite qui fut annoncé ce lundi 23 décembre dont Laurent Saint-Martin, comme ministre des Français de l’étranger. À peine, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, avait fini de dévoiler les noms que les leaders de gauche appelaient à voter une motion de censure prévue le 16 janvier, deux jours après la déclaration de politique général de François Bayrou. D’ici là un premier conseil des ministres aura lieu le 3 janvier.
Un gouvernement sans Xavier Bertrand
Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, jusqu’ici pressenti pour intégrer le gouvernement de François Bayrou, a indiqué, ce lundi, dans un communiqué publié sur le réseau social X « refuser de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen ».
« Le premier ministre m’a informé ce matin, contrairement à ce qu’il m’avait proposé hier, qu’il n’était plus en mesure de me confier la responsabilité du ministère de la justice en raison de l’opposition du Rassemblement national, rapporte-t-il. En dépit de ses nouvelles propositions, je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen. Accepter à ces conditions aurait été le reniement de mes valeurs, de mon engagement et de mes combats. »
Xavier Bertrand faisait partie des poids lourds de droite, de gauche et du centre que François Bayrou voulait attirer dans son gouvernement. « Bien que cela soit une faute de composer avec l’extrémisme, je lui ai néanmoins souhaité bonne chance car plus que tout, ce qui compte pour moi, c’est que notre pays se relève et que nos concitoyens retrouvent confiance et espoir », a ajouté Xavier Bertrand. Les spéculations sur la nomination de l’ancien ministre, opposant déterminé à l’extrême droite, avaient été mal accueillies au Rassemblement national, premier groupe à l’Assemblée nationale.
C’est Gérald Darmanin qui redevient ministre comme Garde des sceaux, il siègera place Vendôme pas très loin de son ancien bureau place Beauvau que conserve Bruno Retailleau. Un couple Justice-Intérieur qui sera placé sous le signe de la fermeté, une déclaration de guerre pour la gauche et une épine dans le pied du Rassemblement national.
Dans les arrivées, on note la présence deux anciens Premier ministre. Tout d’abord, Elisabeth Borne qui s’inscrit dans la volonté de François Bayrou de s’entourer de personnalités politiques expérimentées pour faire face à une Assemblée nationale divisée et hostile. L’ancienne présidente de la RATP dispose ainsi d’une importante expérience. En effet, Elisabeth Borne a occupé plusieurs postes, des Transports, de la Transition écologique et du Travail, jusqu’à Matignon, en tant que Première ministre. Elle occupera le bureau d’Anne Genetet, qui aura été ministre de l’Éducation que quelques semaines. Elle retrouvera très prochainement son siège de député des Français de la Xième circonscription des Français de l’étranger.
Le deuxième est lui aussi issu de la gauche, c’est Manuel Valls. Après avoir échoué à devenir député des Français de la péninsule ibérique face à Stéphane Vojetta, il revient à la table des ministres pour prendre en charge les Outre-mer, mais avec le titre de ministre d’État. C’est aussi un symbole fort envoyé à Mayotte mais aussi aux indépendantistes de Nouvelle-Calédonie.
A Bercy, c’est un technicien qui débarque pour prendre en charge le ministère de l’Économie et pilotera le budget 2025, attendu par tous et dont la qualité donnera le tempo du gouvernement Bayrou. Actuel directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, Eric Lombard devient ministre pour la première fois.
A la Défense, c’est au contraire, la stabilité qui prime ! Sébastien Lecornu conserve donc le portefeuille et permettra un bon fonctionnement de l’Etat en lien direct avec le Président de la République. D’Ouest à l’Est, les crises se succèdent, l’expertise et les liens humains ont primé. L’autre versant du domaine réservé présidentiel, ce sont les Affaires étrangères, et là, c’est aussi un intime d’Emmanuel Macron qui reste en place, Jean-Noël Barrot. Tandis que Sophie Primas qui lui était attachée prend du galon pour devenir la porte-parole du gouvernement.
Laurent Saint-Martin, ministre des Français de l’étranger
Ainsi pour succéder à Sophie Primas, c’est Laurent Saint-Martin qui a été désigné par l’exécutif. Comme notre précédente ministre de tutelle, c’est un professionnel du commerce extérieur, auquel notre portefeuille est rattaché, qui s’installe rue de la Convention.
Dans le précédent gouvernement, il était à la tête du Budget, une matière qu’il maîtrise moins que la dimension internationale de l’économie française. Né à Toulouse, Laurent Saint-Martin a obtenu un master en finance à l’École des hautes études commerciales (EDHEC).
Par la suite il a, dans le privé, dédié sa carrière à l’accompagnement des entreprises. Spécialisé dans leur financement, il a œuvré à Oséo, devenu Bpifrance, puis Euronext. Après sa défaite aux élections législatives de 2022, il a été nommé directeur général de Business France par décret du président de la République. Cette structure, que bon nombre de Français de l’étranger connaissent, est chargée d’aider les entreprises françaises dans leur déploiement et leurs échanges à l’international, afin d’attirer les investisseurs étrangers en France.
Il sera donc en charge de répondre aux nombreuses questions liées aux non-résidents en France, comme le droit bancaire, la CSG, le financement de la CFE ou l’évolution du réseau ASFE pour le rendre plus accessible aux Français de l’étranger tout en assurant une continuité avec le corps professoral en métropole.
Lescure, Ferracci
Le député des Français d’Amérique du nord, Roland Lescure, a défrayé la chronique depuis la démission de Michel Barnier, on l’annonçait Premier ministre puis Ministre d’un Super-Bercy. Ancien membre du PS, il fait partie des piliers du mouvement d’Emmanuel Macron et plaidait pour une « coalition des raisonnables ». Député macroniste depuis 2017, il a été ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie dans les gouvernements Borne puis Attal. Depuis il avait repris son siège à l’Assemblée nationale. Et il le conservera car il a décliné l’offre de François Bayrou, car selon les échos rapportés, la ligne économique prise par la nouvelle équipe n’est pas celle qui préconisait. Intègre, Roland Lescure a préféré laisser passer cette opportunité personnelle et travaillera pour tous les Français depuis le palais Bourbon. Le député des Français d’Amérique du nord y croisera Marie-Ange Rousselot qui conservera le siège de Marc Ferracci qui a été renommé ministre de l’Industrie. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de la recevoir à la rentrée en janvier.
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