Alors que les civils français et Occidentaux sont évacués du pays en proie à une junte militaire depuis une semaine, les militaires à l’origine du coup d’État au Niger continue de dérouler leur stratégie, téléguidée par la Russie. Hier, jeudi 03 août, les putschistes ont remis en cause le « stationnement » et le « statut » des militaires français dans le pays, « face à l’attitude désinvolte » de Paris. Une première mesure forte a aussi été annoncée : le retrait de leur mandat d’ambassadeur à 4 fonctionnaires nigériens en mission en France, aux États-Unis, au Nigéria et au Togo.
Accords militaires avec la France dénoncés
Les putschistes au Niger ont déclaré jeudi soir dénoncer plusieurs accords militaires conclus avec la France, qui concernent notamment le « stationnement » du détachement français et le « statut » des militaires présents dans le cadre de la lutte antijihadiste, dans un communiqué lu à la télévision nationale.
« Face à l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation (…) Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir), décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet État«
a déclaré un des putschistes.
RFI et France 24 bloqués
Dans la foulée, ce jeudi, les programmes de RFI (Radio France Internationale) et de la chaîne de télévision d’information France 24 ont été interrompus au Niger, «une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal», selon la maison-mère des deux médias, France Médias Monde. Les signaux des deux médias ont été coupés «sur instructions des nouvelles autorités militaires», a indiqué à l’AFP un haut fonctionnaire nigérien. La France a condamné «très fermement» cette décision. RFI et France 24 sont déjà suspendus au Burkina Faso et au Mali voisins, où les militaires nigériens au pouvoir ont envoyé des délégations mercredi. Pour rappel ces deux pays sont suspendus de l’organisation africaine Cédéao et sont également dirigés par des putschistes.
Ripostes en cas d’attaques
Les militaires de la junte ont également assuré qu’ils riposteraient « immédiatement » en cas d' »agression ou tentative d’agression » contre leur pays par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), trois jours avant la fin de l’ultimatum décrété par l’organisation pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Le Mali et le Burkina Faso ont d’ailleurs affirmé que toute intervention armée au Niger serait considérée «comme une déclaration de guerre» à leurs deux pays.
Rappel de 4 ambassadeurs du Niger
Toujours jeudi, les ambassadeurs du Niger en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo ont été limogés. Preuve de la volonté des putschistes de s’installer au pouvoir et de reprendre la main sur l’échiquier international.
Dans un entretien à l’AFP, Aïchatou Boulama Kané, l’ambassadrice du Niger en France, a déclaré qu’elle rejetait la décision des putschistes de mettre fin à ses fonctions.
« Je suis toujours l’ambassadrice du président légitime Mohamed Bazoum et je me considère comme telle.«
Aïchatou Boulama Kané, ambassadrice du Niger en France nommée par le président pris en otage – AFP
Aïchatou Boulama Kané précise avoir reçu cette notification « par lettre », dans laquelle les putschistes désignent un chargé d’affaires pour la remplacer, en l’occurrence le premier conseiller de l’ambassade du Niger en France.
« J’ai signifié au premier conseiller que je rejette cette décision. Je suis actuellement dans mon bureau, le président Bazoum m’a appelée hier pour me dire va à ton bureau, tu as ma confiance et on continue le travail «
Aïchatou Boulama Kané, ambassadrice du Niger en France nommée par le président pris en otage – AFP
Les ambassadeurs déchus par la junte bénéficient donc, comme le président officiel, du soutien des 4 Etats visés par cette décision.
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