Niger : les Français de l'étranger rapatriés dans le calme

Niger : les Français de l'étranger rapatriés dans le calme

Depuis la destitution du président Mohamed Bazoum par sa garde présidentielle le 26 juillet dernier, la situation politique est explosive au Niger. Dans ce contexte, le Quai d’Orsay a organisé l’évacuation de quelque 600 Français installés dans ce pays du Sahel, qui ont émis le souhait de partir. Nous recevons pour faire le point sur la situation des Français du Niger, Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger pour le Niger et les pays de la circonscription, et Sophie Lassan, présidente de la section Niger de l’Association Démocratique des Français de l’étranger (ADFE) – Français du Monde.

Ecoutez le podcast avec Baptiste Heintz et Sophie Lassan

Un point sur la situation des Français

Sur les 1 200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, environ 600 d’entre eux ont émis le souhait de rentrer en France. En cette période estivale, de nombreuses familles étaient en France pour les vacances, parmi ces derniers, l’Ambassadeur de France, Sylvain Itté, qui fait aussi office de Consul.

Pour évacuer nos compatriotes, le Quai d’Orsay a prévu quatre avions. Pour l’heure, plusieurs avions se sont posés à Paris. Le premier appareil a atterri mardi soir à Roissy avec « 262 personnes, dont une douzaine de bébés », a indiqué à l’AFP la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. Dans la nuit de mardi à mercredi, un deuxième avion s’est posé sur le sol français avec « 234 personnes à son bord », selon une source aéroportuaire.

Une propagande anti-française ?

Pour commencer, nous avons interrogé nos invités sur les causes de cette animosité contre les Français. Tout d’abord, Sophie Lassan tient à préciser que plus que les Français c’est la politique française dans la région qui est remise en cause.

Sophie Lassan

« A aucun moment, les Français du Niger ne se sont sentis en insécurité »

Sophie Lassan, présidente de la section Niger de l’Association Démocratique des Français de l’étranger (ADFE) – Français du Monde

Une politique qui prend racine dans la lutte contre les activistes islamistes dans la région et pour laquelle les autorités françaises ont soutenu le président Mohamed Bazoum. L’échec de cette politique aurait nourri les ambitions des putschistes. Un phénomène qui risque de renforcer l’emprise des djihadistes et à terme déstabiliser la région et avoir des conséquences en Europe.

« La tension n’est plus portée sur ce point et que les militaires désirent faire de la politique au lieu de défendre leur pays, cela risque de faire des trous dans la raquette. »

Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger pour le Niger et les pays de la circonscription (Divers gauche)

Une évacuation avant une riposte armée ?

Pour de nombreux observateurs, si la France a décidé d’évacuer les Occidentaux, c’est parce que la CEDEAO s’apprêterait à réagir militairement au coup d’Etat avec le soutien des pays occidentaux. L’organisation régionale ouest africaine ayant donné jusqu’à dimanche à la junte pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions.

Une possibilité que Sophie Lassan et Baptiste Heintz ne désirent pas voir se réaliser.

« Personne ne souhaite qu’un problème ne soit résolu par les armes ! (…) Après, quand il y a un coup d’Etat, on ne peut pas laisser passer ça comme ça.« 

Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger pour le Niger et les pays de la circonscription (Divers gauche)

Un rapatriement dans le calme

Les opérations ont commencé hier. Les élus avaient été prévenus par Olivier Becht, le ministre des Français de l’étranger, en temps réel. Aussi, France Horizon, une association créée en avril 1940, gestionnaire d’établissements sociaux, médico-sociaux et de crèches multi-accueil, a été mobilisée pour prendre en charge nos compatriotes qui n’avaient plus d’attaches en France.

En quelques heures, plusieurs avions ont pu évacuer les ressortissants des pays européens. Le calme a régné, aucune panique ou mouvement de foule n’ont été signalés. Le savoir-faire des troupes françaises est à saluer pour sa réactivité et sa maîtrise du terrain. Notons que l’armée française a pu bénéficier de la préparation de nos compatriotes grâce au dispositif des îlotiers. L’occasion de rappeler l’importance de s’inscrire au registre consulaire afin que les expatriés soient bien intégrés aux dispositions anticipées pour ce type de situation.

« Depuis hier, il y a eu au moins 3 vols qui sont arrivés. Nous sommes sur les derniers départs »

Sophie Lassan, présidente de la section Niger de l’Association Démocratique des Français de l’étranger (ADFE) – Français du Monde

A l’arrivée en France, la Croix-Rouge comme France Horizon ont pu s’occuper des Français qui n’avaient pas prévu de rentrer, et encore moins aussi précipitamment. Ils sont aussi nombreux à avoir fait le choix de rester.

Un départ non définitif

Pour nos compatriotes rentrés en France, l’espoir réside dans un retour à la normale dans les meilleurs délais. Ils sont peu à penser que ce départ est définitif.

« Pour le moment, les gens ne sont pas partis définitivement. Ils n’ont pris qu’une petite valise. Et sur les réseaux sociaux, tout le monde pense au retour.« 

Sophie Lassan, présidente de la section Niger de l’Association Démocratique des Français de l’étranger (ADFE) – Français du Monde

Sophie Lassan, qui est enseignante au sein de l’établissement français de Niamey, indique qu’à ce jour l’AEFE n’a pas prévu d’annuler la rentrée scolaire. Tout va dépendre de l’évolution de la situation dans les prochains jours.

La présence française

Si certains fonctionnaires ont été évacués ou que d’autres sont en vacances en France, et donc dans l’impossibilité de retourner à leur poste, la présence française est maintenue, même en mode dégradé.

Comme nous le rappellent nos invités, l’heure est à la sécurisation de l’enceinte diplomatique et à l’attente des réactions des acteurs politiques et militaires nigériens.

Baptiste Heintz

« On espère tous qu’au final la situation s’apaise (…) et que ça ne sera qu’une parenthèse par prudence et qu’un retour à la normale se fera avant la rentrée« 

Baptiste Heintz, élu à l’Assemblée des Français de l’étranger pour le Niger et les pays de la circonscription (Divers gauche)

La sécurité de notre armée

On finit en s’interrogeant sur la situation de nos militaires sur place. Les 1500 soldats sont sur place pour lutter contre les djihadistes et non pour lutter contre les putschistes. Mais l’uniforme est un symbole fort, et nos invités espèrent que ces derniers ne seront pas attaqués.

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