Niger : "La France est inaudible au Sahel !"

Niger : "La France est inaudible au Sahel !"

Au Niger, alors qu’un rassemblement soutenant le coup d’Etat militaire a ciblé l’ambassade française à Niamey, Paris brandit la menace d’une réplique « immédiate » et « intraitable ». Mais selon Ousmane Ndiaye, « la France est inaudible au Sahel »…

Regardez l’analyse de la rédaction de TV5MONDE

Abdourahamane Tiani

Le chef de la Garde présidentielle nigérienne, Abdourahamane Tiani, a pris la parole à la télévision nationale, vendredi 28 juillet, pour annoncer qu’il allait dorénavant diriger le pays et qu’il était le « nouvel homme fort », destituant de fait le président Mohamed Bazoum. Depuis le début du coup d’Etat, le chef de l’Etat élu en 2021 est en effet retenu captif avec sa famille au sein de la résidence présidentielle à Niamey, la capitale du Niger.

Agé de 59 ans, le général Tiani est décrit comme un homme de l’ombre, puissant, à poigne, mais qui ne fait pas l’unanimité. « On ne le connaît pas beaucoup en dehors des milieux militaires, il n’a pas de présence publique affichée », décrit Ibrahim Yahaya Ibrahim, chercheur pour l’ONG International Crisis Group, interrogé par l’AFP.

Manifestants devant l’ambassade de France ce 30 juillet 2023 © AFP/AP/SIPA

La France ciblée

La France, ex-puissance coloniale au Niger et soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires ayant pris le pouvoir. « Dans sa ligne de conduite, allant dans le sens de la recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger, la France, avec la complicité de certains Nigériens, a tenu une réunion à l’état-major de la garde nationale du Niger, pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires » afin de rétablir le président élu, Mohamed Bazoum, dit un communiqué de la junte. Les putschistes ont, par ailleurs, accusé la France d’avoir tiré du gaz lacrymogène lors des manifestations de soutien à la junte devant l’ambassade de France.

Le président français, Emmanuel Macron, avait menacé dimanche de répliquer « de manière immédiate et intraitable » à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger, tandis que le Quai d’Orsay rappelait « les obligations qui incombent à tous en matière de protection des entreprises et personnels diplomatiques, ainsi que des résidents étrangers ».

Ce lundi 31 juillet, les militaires nigériens qui ont renversé le président élu, Mohamed Bazoum, ont accusé la France de « vouloir intervenir militairement », au lendemain d’un sommet des voisins ouest-africains du Niger menaçant d’utiliser la « force » s’il n’était pas rétabli dans ses fonctions d’ici à dimanche.

Les pressions sur les putschistes qui ont pris le pouvoir le 26 juillet, afin qu’ils rétablissent « l’ordre constitutionnel », sont de plus en plus fortes, venant de l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, pays essentiel dans la lutte contre les groupes djihadistes qui ravagent les pays du Sahel depuis des années. La France et les Etats-Unis y déploient respectivement 1 500 et 1 100 soldats, qui participent à la lutte contre les djihadistes.

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