C’est une petite communauté de 800 âmes qui réside au Nicaragua, souvent des cadres expatriés ou des bi-nationaux. C’est le cas de 2 Françaises incarcérées par le régime, non-démocratique, s’il faut le préciser, depuis mardi 13 septembre 2022. La raison : les bisbilles du mari et père de nos compatriotes avec les autorités locales, Monsieur étant introuvable, sa femme et sa fille ont filé en prison en représailles.
Un régime narcotrafiquant
Depuis le retour au pouvoir de Daniel Ortega en 2007, le pays s’est enfoncé dans un régime autoritaire laissant peu de place à la contestation et utilisant la majeure partie des institutions de l’Etat au seul profit de la famille présidentielle.
Depuis leur maison, faisant aussi office de bureau présidentiel et de bureau central du parti au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), Ortega et sa femme et vice-présidente, Rosario Murillo, ont réussi à prendre le contrôle sur la majeure partie des ressources du pays. Les institutions et administrations publiques sont sous surveillance étroite, le parti soumis à une stricte discipline partisane où toute contestation produit une exclusion automatique, les médias, télévisions et radios ont été achetés par la famille présidentielle, les grands groupes économiques sont devenus dépendants du pouvoir contrôlant et distribuant l’accès aux ressources économiques, les partis d’opposition interdits ou cooptés, tandis que de vastes réseaux de clientèles permettent d’obtenir le soutien de certains secteurs populaires.
La main-mise du couple présidentielle est rendue possible par la mise en place d’une armée irrégulière d’hommes à la violence extrême qui répondent aux seuls ordres d’Ortega. Elle est financée grâce au soutien aux passeurs de drogue, à destination des USA ou de l’Europe, qui ont pignon sur rue dans cet Etat d’Amérique centrale.
Le pays entier, craignant enlèvements et affrontements nocturnes, est enfermé chez lui après 18 heures. Ceux qui le peuvent prennent la fuite. La peur se diffuse, elle paralyse de nombreuses familles, mais pas toutes. De fait, la résistance civique se poursuit et semble tout aussi déterminée.
C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’incarcération des deux Françaises ce mardi 13 septembre 2022.
Une arrestation politique
La police a tenté, ce mardi 13 septembre 2022, de capturer Javier Álvarez Zamora à son domicile. Mais ce dernier avait décidé de quitter le Nicaragua pour le Costa Rica afin d’obtenir la protection internationale. En effet, M. Álvarez Zamora est un opposant politique bien connu au dictateur Ortega, mais il nie avoir avoir un rôle actif dans les actions menées contre les forces présidentielles.
Ne l’ayant, donc, pas trouvé chez lui, les « forces de l’ordre » ont arrêté arbitrairement sa femme Jeannine Horvilleur Cuadra, 63 ans, et Ana Carolina Álvarez Horvilleur, 43 ans, toutes deux de nationalités nicaraguayenne et française ainsi que Félix Roiz, mari d’Ana Carolina Alvarez Horvilleur. Ce dernier dirige une entreprise spécialisée dans l’approvisionnement en eau de la capitale nicaraguayenne.
Les autorités consulaires mobilisées
La situation est suivie de près par les autorités françaises. Les deux femmes ayant la double nationalité française et nicaraguayenne, l’assistance consulaire a pu être déclenchée, tout au moins du côté français.
« L’ambassade est pleinement mobilisée, en liaison avec le poste de rattachement consulaire au Costa Rica. »
La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères
Ne disposant pas de consulat dans le pays, la France s’appuie évidemment sur son ambassade et sa section consulaire. Le Conseil consulaire, réunissant 3 pays : le Costa Rica, l’Honduras et le Nicaragua, est présidé par Denis Glock qui n’a toujours pas réagi ce dimanche 18 septembre quand nous publions ces lignes.
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