Ne pas tomber dans le piège chinois !

Ne pas tomber dans le piège chinois !

En 1978, Deng Xiaoping avait décidé d’ouvrir la Chine au monde pour sortir du sous-développement. Quarante-quatre ans après, ce pays est devenu la deuxième puissance économique mondiale. XI Jinping a l’espoir que la Chine devienne la première puissance en 2049 pour le centenaire de l’arrivée au pouvoir des communistes. Depuis une dizaine d’années, une inflexion de plus en plus marquée s’est produite. Le régime est devenu plus autoritaire, la surveillance s’est accentuée. La censure s’est durcie. Les cellules du parti sont de plus en plus présentes dans les entreprises privées. 

De l’ouverture à la fermeture 

L’épidémie de covid donne lieu à une multiplication des contrôles rendus possibles par l’usage des nouvelles technologies. Les autorités traitent chaque personne contaminée comme un délinquant, comme une personne menaçant l’ordre social du pays. Les applications obligatoires de suivi des mouvements détectent quand les citoyens se sont trouvés à proximité d’une personne infectée, puis les interdisent d’accéder aux espaces publics. 

Pékin est ainsi devenue difficile d’accès, le pouvoir craignant une épidémie de grande ampleur dans la capitale du pays. Aucun assouplissement n’est à attendre. Même si le problème est nié, la vaccination de la population a été un échec. Le vaccin chinois se révèle de mauvaise qualité. Or, il est impensable que le pays recourt à des vaccins étrangers. Faute de moyens logistiques, les autorités sont de toute façon à la peine pour vacciner en grand nombre les Chinois. 

La toile chinoise face à un Occident hésitant 

Malgré les déboires du gouvernement chinois avec sa politique de zéro covid, il continue de tisser sa toile au-delà des frontières. Sur le terrain des relations diplomatiques, la Chine tend à prendre le contrôle des instances internationales afin d’infléchir leur politique en sa faveur. Elle multiplie également les accords bilatéraux. Son poids économique facilite la conclusion d’accords avec des pays en développement qui ne veulent pas ou plus subir les reproches des occidentaux en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme. La Chine ne se préoccupe pas de ses questions, ce qui lui permet de tisser une toile d’États qui la soutiennent au sein des organisations internationales. 

Le Président Xi Jinping soutient, par ailleurs, l’idée d’un nouvel ordre international, moins dominé par les États-Unis et leurs alliés. Ces derniers doivent faire face à un concurrent disposant d’une puissance économique importante et dont le déploiement est centralisé. En la matière, les précédents sont rares et ne sont pas glorieux (l’Allemagne au temps du IIIe Reich). 

La Chine, même si elle n’a pas totalement rattrapé son retard technologique, possède dans certains secteurs un avantage comparatif de premier ordre. Elle est aujourd’hui incontournable pour la 5G et les batteries. Xi Jinping a promis de faire de son pays le champion incontesté de la haute technologie pour 2029. C’est pourquoi les gouvernements occidentaux traitent désormais l’innovation chinoise comme une question de sécurité nationale. 

Les États-Unis comme l’Union européenne ont décidé de réagir face aux risques de dépendance en matière de microprocesseurs en facilitant la création d’usines sur leur territoire respectif. Le 7 octobre dernier, Joe Biden a décidé d’interdire à la Chine la vente de puces haut de gamme tant par les entreprises américaines que par les entreprises étrangères utilisant des brevets américains. 

La tentation protectionniste, la plus mauvaise des solutions 

La tentation du protectionnisme est un aveu de faiblesse et est une source de déclin économique. La Chine a commencé sa descente aux enfers à partir du XIVe siècle quand ses empereurs ont pris des mesures pour limiter les échanges. La fragmentation du monde en plusieurs grandes zones économiques ralentira la croissance dans les prochaines années. Cette tentation du repli sur soi n’est pas spécifique à l’Occident. Les autorités chinoises convaincues de la supériorité de leur modèle demandent à leurs savants de moins participer à des congrès à l’étranger.

Expatriés en Chine

Le nombre d’expatriés européens en Chine a diminué de moitié en cinq ans 

Au nom du zéro-covid mais surtout au nom d’un contrôle de plus en plus important de la population, les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur du pays des universitaires, des experts et des chercheurs chinois sont fortement encadrés. 

Le nombre d’expatriés européens en Chine a diminué de moitié en cinq ans. Une Chine moins connectée sera moins dynamique et moins créative. Les partenariats économiques sont de plus en plus difficiles à réaliser. Les entreprises étrangères doivent rendre accessibles à l’État qui possède souvent leurs principaux concurrents, les données sensibles qu’elles envoient à l’étranger. Cette pratique empêche la réalisation de la recherche en Chine par des étrangers. 

À l’international, si la Chine est peu regardante en matière de droits de l’Homme, elle exige de ses alliés un alignement complet au niveau des instances internationales ce qui est de plus en plus souvent mal vécu. Par ailleurs, les prêts effectués par la Chine auprès des États en développement sont souvent assortis de conditions pouvant mettre en danger la souveraineté de ces derniers. En cas d’impayés, les Chinois peuvent ainsi prendre le contrôle complet des infrastructures ou des gisements. 

Les États occidentaux doivent sans nul doute avoir une politique réaliste face à la Chine en veillant au respect des règles de l’Organisation Mondiale du Commerce. En revanche, ils auraient tort d’entrer dans un cycle protectionniste dont ils seraient les premiers perdants. Ils ont tout intérêt à affirmer la force de leur système économique et politique en continuant d’accueillir des étudiants et des chercheurs chinois. 

Maintenir une dépendance croisée est sans nul doute préférable à une indépendance de façade qui pourrait déboucher sur un conflit. Tant que la Chine dépend des Occidentaux, elle sera freinée dans ses ardeurs de conquête de Taïwan.

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