Mexico – Assassinat d'un expatrié : ce que l’on sait à 48 heures des faits

Mexico – Assassinat d'un expatrié : ce que l’on sait à 48 heures des faits
Baptiste Lormand a été vu pour la dernière fois à Polanco, dans l’ouest résidentiel de Mexico. Son corps sans vie a été retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche dans un autre arrondissement plus au sud de la capitale, à Tlalpan. L’affaire fait grand bruit dans la communauté Française de Mexico et une marche blanche sera organisée demain lundi 30 novembre à 15 heures par ses amis français et mexicains.

Baptiste Jacques Daniel Lormand, âgé de 45 ans, possédait la double nationalité franco-mexicaine et résidait depuis une vingtaine d’années à Mexico. Sa disparition a été signalée jeudi soir et son corps a été retrouvé à deux heures du matin samedi, dans une démarcation semi-rurale du grand sud de la capitale. Une enquêté a été ouverte pour homicide par le ministère public local, la Fiscalia general de justicia (FGJ), compétent en matière de crimes et délits commis sur le territoire de la capitale.

La disparition de M. Lormand a été rendue publique jeudi 26 novembre, avant que le corps ne soit retrouvé, lorsque la FGJ a émis l’avis de recherche AYO/3924/2020 afin de localiser l’homme d’affaires tandis que celui-ci était encore porté disparu. Sa mort, manifestement, s’est produite dans les mêmes circonstances que celle d’une autre personne de nationalité mexicaine, dont le corps a été trouvé au même moment et au même endroit, dans le village de Magdalena Petlacalco, dans les confins méridionaux de Mexico, non loin de l’Etat de Morelos au sud de la capitale. Les autorités ont préféré ne pas divulguer le nom de la personne de nationalité mexicaine tout en faisant savoir que celle-ci était un associé de M. Lormand.

Conférence de presse au sommet

Au cours d’une conférence de presse tenue le dimanche 29 novembre, la maire de la ville, Claudia Sheinbaum, le maire d’arrondissement de la démarcation Miguel Hidalgo, Victor Hugo Romo et l’adjoint du maire à la sécurité, Omar Garcia Harfuch ont dressé un premier bilan de la pré-enquête en cours, d’après différentes informations recueillies auprès de la famille de M. Lormand, auprès de témoins potentiels à Tlalpan et contenues dans des images fournies par des enregistrements de caméras de surveillance.

Omar Garcia Harfuch

Le véhicule noir de la marque Mitsubishi que possédait M. Lormand et à bord duquel il a quitté son domicile le 26 novembre à 18h20 a été captée par les caméras de surveillance de Mexico entre l’avenue périphérique et la rue Privada Horacio. La présence du véhicule a été relevée à nouveau une heure plus tard sur la route fédérale Mexico-Cuernavaca.

Selon l’adjoint à la sécurité de la mairie et chef de la police de la capitale, Omar Garcia Harfuch, les corps sans vie de Baptiste Lormand et Luis Orozco ont été retrouvé dans la nuit de vendredi à samedi avec les mains attachées à Magdalena Petlacalco et des évidences de torture. Les deux hommes sont décédés de leurs blessures.

Selon les autorités mexicaines l’enquête de police, pour l’instant, ne relève aucun indice permettant de croire que Baptiste Lormand et son associé aient pu être victimes d’un enlèvement ou autre schéma d’extorsion. La piste principale des enquêteurs porte sur le vol éventuel des marchandises que vendaient les victimes, en l’occurrence des liqueurs haut-de-gamme.

« Nos pistes indiquent que l’intention des meurtriers a pu être de déposséder les victimes des marchandises qu’ils vendaient dans le cadre de leur activité commerciale. Plusieurs bouteilles de grande valeur commerciale ont disparu également au moment des faits. Dans plusieurs affaires de ce type à Mexico, nous avons identifié un modus operandi criminel dit de « simulation d’acte de vente » dans lequel le rendez-vous visant à réaliser la transaction est en réalité un piège et les vendeurs sont agressés voire tués. » 

Les deux associés, lors de ce déplacement le 26 novembre en début de soirée, ont circulé dans deux véhicules différents : l’automobile Mitsubishi noire plus un autre véhicule, une automobile Chevrolet Aveo blanche, louée quant à elle. Les autorités locales, qui disposent actuellement de ces véhicules dans le cadre de l’enquête, n’ont pas précisé où ces derniers ont été trouvés ni pourquoi l’un d’entre eux avait été loué ce jour-là.

L’ambassade de France a indiqué ne pas pouvoir donner d’informations en relation avec l’enquête, soulignant qu’elle était en contact avec les autorités mexicaines.

Une communauté en émoi

Très apprécié de ses concitoyens, Baptiste Lormand vivait et travaillait au Mexique depuis 20 ans. Restaurateur, il avait participé au succès du restaurant « Le Bouchon » aujourd’hui fermé, puis avait ouvert « Non Solo Pasta » et « La Surtidora Don Batis » dans le quartier très huppé de Polanquito, proche des ambassades puis le « Don Batis » également dans le centre de la ville de Mexico. Entrepreneur à succès, il était marié, divorcé et père de deux enfants.

La mort, particulièrement cruelle de ces deux associés pose de nombreuses interrogations et la version officielle disons « précipitée » qui veut que Baptiste Lormand et son associé Luis Orozco soient allés livrer des vins haut de gamme, de leur plein gré, dans un quartier aussi lointain et insalubre que Tlalpan n’est tout simplement pas réaliste !

La communauté n’y croit pas et les entrepreneurs mexicains mettent en avant la possibilité qu’ils aient plutôt fait l’objet d’une extorsion qui aurait mal fini. Une version que les autorités mexicaines ont immédiatement écarté avec conviction tout en étant particulièrement prudentes sur des pistes considérées comme probables….

Une marche blanche en hommage aux deux victimes

Demain lundi, un comité de soutien composé d’amis francais et mexicains, de bi-nationaux proches des victimes ont décidé d’organiser une marche blanche qui débutera à 15 heures place Arquimedes sur l’avenue Mazaryck et qui se dirigera vers  le restaurant des deux associés, la Surtidora Don Batiz au 93 de la rue Jules Vernes.

Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le compte twitter du Grand Journal: https://twitter.com/legrandjournal.

Cette affaire fait suite au meutre de Régis Nicouleau, assassiné de quarante coups de couteux à Cancun en début d’année 2020 et dont le cas n’a toujours pas été résolu.

Ancien cadre de chez Manpower Mexique, Régis Nicouleau était lui aussi très connu et apprécié de la communauté française du Mexique et les raisons de son assassinat demeurent encore mystérieuses. La justice mexicaine n’a toujours pas appréhendé les auteurs de ce meurtre immonde.

Un article publié par notre partenaire

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