Le président français Emmanuel Macron est arrivé lundi soir à Beyrouth, la capitale du Liban, pour sa deuxième visite depuis la double explosion tragique du 4 août 2020 à l’occasion des 100 ans du Liban (dans sa forme moderne).
Son objectif ? Résoudre une crise politique profonde qui a conduit ce pays au bord du chaos.
Sans ménagement diplomatique, il a averti les dirigeants libanais qu’ils s’exposeraient à des sanctions s’ils ne parviennent pas à tracer dans les trois mois un nouveau cap pour leur pays.
Les discussions avec les responsables politiques fait partie des points les plus sensibles de la visite d’Emmanuel Macron, notamment avec le puissant Hezbollah. De nombreux pays occidentaux, dont les Etats-Unis, refusent tout contact avec le mouvement chiite en raison de ses liens avec l’Iran et de ses activités “terroristes”.
“On ne partage pas ses valeurs, mais est-ce que nous pouvons avoir un rôle utile en refusant qu’il soit autour de la table? Je pense que ce serait une erreur”, a justifié Emmanuel Macron à Brut.
Le contrôle des finances publiques
Dans un entretien accordé au média en ligne français Brut, le président français a affirmé qu’il voulait « connaître les vrais chiffres du système bancaire libanais », appelant à un « audit des comptes ». L’audit de la Banque du Liban constitue l’une des demandes formulées par le Président de la République. Sous pression, le ministre démissionnaire des Finances, Ghazi Wazni, a signé dans la journée les contrats d’audit de la Banque du Liban avec trois cabinets d’audit internationaux.
« C’est la dernière chance pour le système ! C’est un pari risqué que je tente, j’en suis conscient… Je mets sur la table la seule chose que j’ai : mon capital politique » – Emmanuel Macron
Déjeuner protocolaire et Patrouille de France
10 Alpha jets de la patrouille de France ont effectué une démonstration de vol aux couleurs du drapeau libanais à l’occasion du centenaire de la naissance du Liban dans ses frontières actuelles devant les Présidents Français et Libanais. Un déjeuner au palais présidentiel de Baabda a suivi, en présence du président de la Chambre Nabih Berry, du Premier ministre désigné Moustapha Adib et du chef du gouvernement sortant Hassane Diab. Etaient également présents les chefs des groupes parlementaires, les ambassadeurs des pays européens et de certains pays arabes, ainsi que les membres du groupe d’amitié Liban-France.
Les Français auprès des libanais
Dans une tribune publiée dans Le Figaro le 30 août et intitulée « Beyrouth blessée et le Liban tout entier saluent l’élan fraternel de la France », le président Libanais, M. Aoun affirme qu' »après la double explosion qui a ravagé Beyrouth, le soutien immédiat de la France au pays du Cèdre et sa sollicitude, manifestés par le chef de l’État français lui-même, ont fait chaud au cœur et offert de l’espoir aux Libanais endeuillés et accablés ». « Une fois encore, la France mérite la gratitude du Liban et de son peuple », ajoute le chef de l’Etat libanais. « Nos modes de pensée, nos méthodes d’action et nos vieux réflexes, devenus inadaptés et en décalage avec les attentes de la population, devront être modifiés », reconnaît encore le président Aoun.
Et si les nations sont proches, par leur histoire commune, c’est aussi grâce à la présence de communautés des deux nations dans les deux pays.
200 000 Libanais en France
L’Hexagone compte aujourd’hui une importante communauté libanaise sur son territoire, estimée entre 120 000 à 200 000 personnes par l’ambassade libanaise à Paris. Pour relever le pays, la diaspora libanaise se mobilise. Comme à Lyon, en lançant des collectes auprès de ses membres.
« Si on arrive à toucher 500 familles sur toute la France, on peut atteindre les 5 000 euros par mois, ce qui n’est pas négligeable », rapporte Bassel Jawhar, de l’association DLEF à l’AFP.
Une communauté française trés active
La France au Liban, c’est 23 000 citoyens, 56 établissements scolaires et 8 instituts français
. Mais aussi une multitude d’associations (une cinquantaine d’associations) de citoyens qui se réunissent pour partager leur expatriation ou l’amour du Liban. Elles ont particulièrement été actives en organisant collectes de dons, de fonds mais aussi en faisant venir professionnels et techniciens pour aider à reconstruire le pays comme « Windows for lebanon » créée 48h après l’explosion.
Jean-Baptiste Lemoyne avait déjà annoncé lors de sa venue le 20 aout la mise en place de nombreux mécanismes de soutien aux Français touchés par l’explosion et la crise de la Covid-19 mais aussi plus généralement aux Libanais. En effet, malgré les restrictions liées à la Covid-19, le gouvernement français a levé les obstacles à l’établissement de VISA. Ceux qui avaient été suspendus sont depuis valables.
L’Etat français a aussi réorienté une partie du budget prévu pour les expatriés dans le cadre de la Covid-19 pour venir en soutien aux trésoreries des institutions françaises sur place. Les bourses scolaires d’exception ont été ouvertes aux enfants de nationalité libanaise.
Un nouveau voyage en Décembre
C’est donc, renforcé par les liens notre deux pays, que le chef de l’Etat a par ailleurs déclaré la France prête à accueillir en octobre une conférence internationale de soutien au processus de reconstruction du Liban.
“Il faut qu’on continue à mobiliser toute la communauté internationale”, a-t-il promis, en annonçant son intention de réunir en octobre à Paris “une conférence internationale de soutien avec les Nations unies” pour lever de nouveaux fonds. Il a aussi assuré que la distribution de l’aide serait mieux coordonnée et contrôlée, alors que des ONG regrettent le manque de soutien.
Cette visite avait une dimension symbolique pour montrer que les Libanais sont “comme des frères pour les Français”, comme il l’a proclamé. Cependant, le chef de l’Etat a indiqué qu’il y aurait « un mécanisme de suivi » aux discussions qu’il mène avec les responsables politiques « en octobre, puis en décembre ».
« Je reviendrai en décembre », a précisé le Chef de l’Etat.
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