L’Union, un atout pour l’Europe

L’Union, un atout pour l’Europe

Chaque année, le 9 mai est la journée de l’Europe, en référence au discours historique de Robert Schuman prononcé en 1950 en faveur de la coopération européenne. Ce discours avait débouché sur la signature, le 18 avril 1951, il y a soixante-dix ans, du traité instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, signé par la France, la République Fédérale d’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Ce traité traduisait la volonté des Européens de l’Ouest de tourner la page sanglante des conflits mondiaux et de reconstruire ensemble leur économie. Il prolongeait le plan Marshall et l’Union européenne de paiement qui lui était associée. 

Le succès de ce marché de l’acier et du charbon incita les États concernés, à signer, le 25 mars 1957, le Traité de Rome créant la Communauté Économique Européenne qui se transforma en Union européenne, le 1er janvier 1993. 

Six ans plus tard, la monnaie unique remplaça les monnaies de onze États membres devenues depuis dix-sept. Cette coopération européenne unique a atteint les nombreux objectifs qui lui étaient assignés. 

La paix et la prospérité 

L’Europe vit depuis les années 1950 la plus longue période de paix de son histoire. Elle a permis au continent d’être la première zone commerciale mondiale se caractérisant par un niveau de vie élevé associé à des systèmes de protection sociale sans comparaison à l’échelle mondiale. 

Les échecs comme l’abandon du projet de Communauté Européenne de Défense ou le départ du Royaume-Uni, en passant par le rejet par la France et les Pays-Bas du Traité Constitutionnelle de 2005, ne remettent pas en cause le bilan de plusieurs décennies d’avancées.

L’Europe accusée 

En pleine crise sanitaire, l’Europe est critiquée voire vouée aux gémonies. Elle est accusée de ne pas avoir réussi à mettre en place une stratégie pour lutter contre la pandémie ou d’être trop lente en matière de vaccination. Ces accusations sont exagérées car la santé reste avant tout de la responsabilité des États membres. Bien souvent, d’ailleurs, ce sont les mêmes qui demandent plus et moins d’Europe au gré des évènements. Si sur la santé, l’Europe a pu sembler être prise en défaut, tel n’est pas le cas sur le plan monétaire. 

Sans l’euro qui est la deuxième monnaie mondiale, derrière le dollar, le «quoi qu’il en coûte » n’aurait pas été possible ; les États n’auraient pas eu la capacité de s’endetter à faibles coûts.

L’euro protecteur 

Avec un déficit public de 10 % du PIB, avec un déficit commercial de 65 milliards d’euros, la France aurait été confrontée à un évident problème de réserve des changes. Elle aurait été contrainte comme au début des années 1980, de demander à des États étrangers de lui prêter des sommes conséquentes pour s’acquitter de ses importations. Sa monnaie se serait fortement dépréciée. Certes, certains estiment qu’une dévaluation améliore la compétitivité d’un pays, mais ce serait oublier qu’il s’agit avant tout d’un appauvrissement, d’une contraction de la valeur d’une économie. 

Dans le passé, pour être efficaces, les dévaluations s’accompagnaient d’un plan de rigueur et de mesures visant à réduire les sorties de capitaux. La forte progression de l’endettement public en 2020, environ 20 points de PIB, n’a pas affecté l’euro, preuve que l’union fait la force. 

L’union suppose néanmoins que chacun des États membres ait un comportement responsable, la monnaie unique étant un bien commun. La maîtrise des déficits, de la dette publique voire le rééquilibrage des comptes extérieurs visent à la préserver et garantir sa pérennité. Des politiques économiques divergentes au sein de la zone euro seraient suicidaires pour tous ses membres.

Soixante-dix ans après la Communauté du Charbon et de l’Acier, l’Europe aurait besoin d’un nouvel élan, d’un nouveau défi. Dans le cadre du plan de relance, elle aurait tout avantage à s’investir avec force dans les technologies de l’information et de la communication, dans l’intelligence artificielle ainsi que sur les techniques de décarbonisation. 

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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