LREM veut mettre la barre à droite pour les européennes

La ministre des Affaires européennes croise déjà le fer régulièrement contre le Rassemblement national et ses infox. Un entraînement qui pourrait s’avérer utile dans la bataille électorale.

« Répéter un mensonge n’en fait pas une vérité ». Face à Marine Le Pen, en commission des affaires internationales de l’Assemblée nationale, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau a opposé calme et connaissance des dossiers aux affirmations erronées de la présidente du RN.

La séquence du 12 février mérite le détour, comme un galop d’essai de l’élection européenne : le camp En Marche s’apprête à jouer la patience et sérénité face aux mensonges répétés de l’extrême-droite.

Lors d’une séance de questions sur le traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle, Marine le Pen a en effet de nouveau dénoncé « un traité d’inspiration totalitaire » qui « envisage le partage du siège de sécurité de la France à l’ONU ».

Objectif n°1 : dénoncer les infox de l’extrême-droite

« La position de la France consiste à soutenir la volonté de l’Allemagne d’obtenir un siège pour elle-même » a calmement répété la ministre, accusant l’élue de « broder des fables autour d’un texte ». Marine Le Pen accusait aussi le traité de vouloir imposer l’allemand comme langue administrative, et jusque dans les décisions de justice. Et jouait sur les mots, estimant que si l’on « coordonne une politique avec un autre pays, c’est que l’on partage son autonomie. »

Lors de la signature, au Sénat, du texte du projet de loi sur l’élection des membres du Parlement européen, la ministre a de nouveau essuyé les tirs nourris du parti d’extrême-droite envers les institutions européennes.

Le sénateur Jean-Louis Masson s’est attaqué au manque de représentativité de la répartition des sièges du Parlement européen. Selon lui,  l’écart de représentation entre petits Etats et grands Etats serait trop important pour respecter le traité de Lisbonne.

Le ministère des Affaires européennes connait déjà bien le discours des élus d’extrême-droite, et a fait de la déconstruction de arguments une spécialité.

A droite toute ! pour les européennes

Ce qui tombe bien, puisque le parti La République En Marche (LREM) s’est fixé pour unique cible la droite pour les élections européennes.

« Le RN ne veut plus sortir de l’UE, ni renoncer à l’euro, parce que les citoyens y sont attachés. Mais ils disent vouloir retrouver la souveraineté monétaire. Ça n’a pas de sens, il faut le démontrer », assure une source au sein de la majorité.

Le parti d’Emmanuel Macron voit peu de danger du côté de la gauche très émiettée, veut grignoter des votes à la droite traditionnelle, tout en tentant de limiter la progression de l’extrême-droite.

Selon une source à LREM, l’objectif serait de contenir le score des Républicains à 8 %, alors que certains sondages les donnent à 12 %. « C’est là qu’il y a un vivier de voix que l’on peut rattraper », assure cette source selon qui la tête de liste pour les élections européennes sera une personnalité de droite.

Le parti a un temps effleuré l’idée d’une tête de liste « écolo », un thème sur lequel LREM a vu sa crédibilité s’émietter au fur et à mesure des décisions du gouvernement : report de la date de fermeture de centrales nucléaires, renoncement à l’arrêt du glyphosate, faible motivation sur les énergies renouvelables.

Mais l’idée est en train de perdre du terrain, faute de candidat. Une situation qui devrait renforcer les Verts français, qui s’attendent à avoir la plus grosse délégation au Parlement européen depuis longtemps, avec entre 12 et 15 personnes.

C’est donc au sein-même du parti LREM que la future tête de liste devrait être choisie, et si les aspirations sont nombreuses, aucune tête de liste marquée à droite ne se détache naturellement.

Sylvie Goulard, actuellement vice-présidente de la Banque de France, reste empêchée par l’enquête préliminaire concernant les assistants parlementaires du Modem. Un contexte dans lequel la candidature de la diplomate Nathalie Loiseau prend du sens. Même si celle-ci s’en défend pour l’heure. « Je ne suis pas candidate. J’espère être utile là ou je suis. Ce n’est pas à moi d’en décider, d’évaluer mon utilité, mais je ferai campagne» a-t-elle assuré le 15 février sur RTL.

Aline Robert

Un article publié sur le site de notre partenaire

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