L’océan, un univers de plus en plus connecté

L’océan, un univers de plus en plus connecté

60% de la superficie de la planète est couverte par les mers et les océans. Espaces de transports, espaces de pêches, espaces de matières premières et d’énergie, espace militaire, les mers sont au cœur de tout ou presque des activités modernes. Les mers et les océans sont de plus en plus envahis par les nouvelles techniques de l’information et de la communication. L’Homme a toujours fait preuve d’imagination pour essayer de dompter les éléments maritimes. De la conception des bateaux à l’assurance, la mer est à l’origine de nombreuses innovations. La mer est une zone de transports, tant physiques – chaque année, plus de 10 milliards de tonnes de marchandises y transitent chaque année (source ONU) -, que virtuels, avec la présence de 370 câbles de fibre optique s’étendant sur plus de 1,2 million de kilomètres.

98% des données internet sous l’eau

Plus de 98 % des données Internet et téléphoniques passent sous l’eau. Cette utilisation de la mer pour transmettre des informations date de plus de 150 ans. En effet, le premier câble a été posé en 1852 entre Calais et Douvres afin de relier les bourses de Londres et de Paris. Aujourd’hui encore, les communications entre les bourses passent par les voies marines via des câbles en fibres optiques permettant notamment le trading à haute fréquence.

À tout moment, sans s’en rendre compte, les internautes dépendent des câbles sous-marins. L’envoi d’un mail de Paris a de fortes chances de passer sous l’eau même si le destinataire est également à Paris. Sa transmission à la vitesse de la lumière peut l’amener à transiter via un serveur de Google basé aux États-Unis. Les câbles sous-marins sont un enjeu majeur pour les opérateurs de téléphone et pour les géants d’Internet. Les principaux intervenants sur ce marché sont AT&T, Verizon, Orange, Telxius, China Telecom, etc. Google, Facebook et Microsoft se positionnement également sur ce marché qui reste dominé par les occidentaux. Les câbles relient essentiellement l’Europe, les États-Unis, le Japon et la Chine. L’Afrique et l’Amérique Latine sont en retard pour le raccordement.

Bateaux automatiques

Le recours aux techniques digitales est de plus en plus important en mer. Les bateaux utilisent en permanence la géolocalisation. Les techniques de pilotage assisté par l’informatique afin d’économiser du carburant et du temps sont de plus en plus utilisées. Les équipages adaptent en temps réel leur route en fonction de la météo. Si pour le moment le recours à des bateaux automatiques est limité à des petits trajets, leur diffusion à plus grande échelle ne sera possible que par une couverture parfaite par Internet même si la multiplication des cas de piratage complique l’affrètement de bateaux sans équipage.

La connectivité ne concerne pas que les navires. Les marchandises transportées sont également connectées afin de vérifier leur bonne expédition. Le recours à des objets connectés est de plus en plus fréquent pour prévenir des tremblements de terre ou des tsunamis. La gestion des éoliennes, des fermes aquacoles est également facilitée par le déploiement de solutions digitales.

Stockage de données sous marin

Les centres de stockage de données pourraient de plus en plus être immergés afin de réduire la consommation d’énergie requise pour les refroidir. Microsoft avec Naval Group a mené une expérience dans ce sens dans la Mer du Nord. En étant de plus en plus connectés, les océans pourraient donner lieu à de nouvelles formes de flibusterie. La prise de contrôle de câbles, de navires ou de plateformes pétrolières automatiques pourra s’opérer à travers des cyberattaques. La protection des infrastructures et leur sécurisation pourraient être un enjeu majeur que ce soit pour les transporteurs, les producteurs d’énergie et les acteurs des technologies de l’information.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel

    Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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