L’économie est la solution à l’écologie

L’économie est la solution à l’écologie

« Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. » Les peuples, notamment les plus pauvres, ne sacrifieront pas leur développement pour sauver la planète.

Si l’écologie est punition, restriction, taxation, elle n’a aucune chance. Or elle l’est trop souvent. Notamment dans le discours sur la « décroissance » ou sur « la fin du capitalisme». Nicolas Hulot a proposé de renoncer à tous les traités de libre-échange avec les pays qui ne respectent pas un certain nombre de critères écologiques. Ce serait un appauvrissement mondial comme seul Trump sait le provoquer dans sa guerre commerciale avec la Chine.

Ne pas punir les peuples

Ce serait surtout interdire aux pays émergents de se développer et de trouver des solutions aux crises écologiques. Drôle de fraternité, drôle de progrès pour l’humanité. Quelqu’un peut-il croire que l’on sauvera l’Amazonie contre les Brésiliens ? Que l’on dépolluera le Nil sans les Egyptiens ? Quel mépris pour eux, et méconnaissance de lois de l’échange. Le libre-échange permet une meilleure allocation des investissements, procure donc globalement, pour les partenaires de l’échange, des ressources supplémentaires, qui peuvent être investies dans de nouveaux projets.  Ce sont ceux là qui comptent.

Les 100 milliards de Merkel

Angela Merkel vient de décider que l’Allemagne allait investir 100 milliards d’euros dans la transition écologique. C’est plus que les accords de Paris pour l’aide au développement dans le cadre de la transition écologique. On en est à 75 milliards, l’objectif est de 100 milliards en 2025. L’Allemagne peut investir 100 milliards, parce qu’elle a un budget excédentaire et des taux d’intérêt négatifs. La France, qui emprunte désormais plus de 200 milliards par an, n’a malheureusement pas cette possibilité. Dommage. Elle profitera néanmoins de ce budget d’investissement allemand, comme toute l’Europe. Comme le reste du monde, y compris les pays pauvres. A crise écologique mondiale, solutions mondiales qui passent par l’investissement. Comme toujours. Et un succès local devient mondial.

Ne pas ignorer les problèmes, encore moins les solutions

« Vous ne pouviez pas dire que vous ne saviez pas » : Ne pas être du coté de ceux qui ignorent les solutions. Elles sont là, en train de naître, partout dans le monde. Casser l’économie, dénoncer le développement, le productivisme, le libre-échange, non seulement n’a aucune chance de convaincre, mais va à rebours des solutions que l’on connait déjà.

Ecologie et économie ont la même racine, ils sont quasiment interchangeables. Le capitalisme est un système de création de plus values. Fondamentalement, il déteste le gâchis. Le consumérisme débridé est anticapitaliste. La production même de déchets est contraire à « l’esprit du capitalisme », qui est l’épargne- et l’investissement. La valorisation des déchets, l’économie circulaire, sont les solutions déjà en œuvre. Elles n’en sont qu’au début. Et ne sont qu’un début de solutions.

Les déchets sont des ressources

La réponse aux problèmes de la planète, de l’urbanisation, de la chimie invasive, des plastiques, de l’air, sont dans la révolution de l’économie de la connaissance. Les études en biologie, en nanotechnologies, en nouveaux matériaux, en production, stockage et distribution d’énergie, en traitements des données, en traçage des produits, sont en train de passer au stade « industriel ». Les déchets sont des ressources. Les sciences du vivant et l’étude de la biodiversité ouvrent un nouvel univers de connaissance, et donc de richesses. Pour l’agriculture comme pour l’industrie, le mode de production ou de consommation.

L’avenir de l’énergie est-il dans les algues ou dans la transformation du plastique en essence ? Les deux, sans compter les quinze, vingt, cent autres solutions à l’étude.

Les solutions sont dans l’économie

Quand les déchets plastiques deviendront une source de pétrole, il n’y en aura plus beaucoup qui traineront. Tel est par exemple le message concret que porte le bateau Plastic Odyssey, en Méditerranée, ou l’association Earthwake, pour parler des dernières initiatives que j’ai rencontrées. Il y en a mille autres. Beaucoup aux Etats-Unis. L’Inde est en pleine demande. Aurait-il fallu l’exclure parce qu’elle ne respectait pas les critères écologiques (et encore moins les critères sociaux) ?

Sacrifier l’économie à l’écologie est un non sens. Promettre la pauvreté et la fermeture des frontières comme solution pour la planète est une insulte à l’intelligence, au travail et aux difficultés des vraies gens. Ceux qui ramassent les cartons en Afrique utilisent les applications des smartphones pour les revendre.

Les économies verteou bleue, quoiqu’opposées, selon les définitions plus ou moins prometteuses qu’on leur donne, veulent remplacer la rouge, celle de l’industrie passée et prétendent à un nouveau modèle. Elles représentent évidemment un formidable potentiel de croissance et de développement.

Economie verte, bleue, rouge

Mais comme l’industrie fut créée à partir de l’économie agricole et des foires commerciales, comme les services infusent l’industrie et l’agriculture, les économies « bleue » ou « verte » viennent des circuits, surplus et transformations de la « rouge ». Toutes se fondent dans la révolution de l’économie de la connaissance, du digital, de la mondialisation. Ces catégories sont artificielles, on ne favorise pas l’une en bridant l’autre. L’économie, l’échange, même rouge, fera l’économie verte ou bleue. Les industries rouges vont se verdir, investir dans le bleu. C’est le rêve de l’Afrique.

Moins de temps sur les retraites, plus sur la science

C’est pourquoi il est dommage que la France ne puisse faire son plan à cent milliards comme l’Allemagne. Elle  traine ses 200 milliards de déficits annuels comme un boulet, dans la lourdeur de son vieil Etat du XXème siècle. Ensemble, France et Allemagne, avec des investissements à deux cents milliards, transformeraient l’Europe. Et la société. Car on ne garderait pas le même type d’administration, d’enseignement, d’urbanisme etc… A ce prix, on referait tout.

Ne pas en avoir les moyens nous oblige à changer encore plus vite. Passer moins de temps sur les retraites, plus sur l’économie de la connaissance, l’économie verte, l’économie bleue, toutes les couleurs de l’espérance – et de la science.

Laurent Dominati

A. Ambassadeur de France

A. Député de Paris

Président de la société Editrice du site “Lesfrancais.press”

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