Trump ne sera pas au discours d’investiture de Joe Biden, mais il y aura peut-être invité l’Iran. Européens, Saoudiens, Israéliens, Russes, Palestiniens, Kurdes, Syriens, Irakiens, tous s’interrogent sur les premiers signes donnés par Joe Biden sur la politique américaine au Moyen-Orient. Le golfe persique commence à bouillir. Le Qatar se réconcilie avec les Emirats et l’Arabie, la Turquie cherche une issue à ses impasses, Israël normalise ses relations avec les pays arabes, l’Iran accélère ses centrifugeuses et arraisonne un navire coréen. France, Allemagne et Royaume-Uni condamnent ensemble l’attitude iranienne.
Intensification des bombardements israéliens
Du Liban sans gouvernement, Michel Aoun a annoncé qu’il allait saisir l’ONU pour protester contre la violation quotidienne de l’espace aérien libanais par l’aviation israélienne. C’est vrai, et cela dure depuis longtemps. En ce moment, Michel Aoun a besoin de montrer à son allié le Hezbollah qu’il condamne Israël, d’autant plus qu’il a entamé des discussions avec lui pour délimiter les frontières maritimes, premier pas vers une normalisation attendue par les Etats-Unis … et les Saoudiens.
Si Aoun fait cette déclaration aujourd’hui, c’est qu’Israël a intensifié ses bombardements. En une nuit (de mardi à mercredi), l’aviation israélienne a détruit entre 20 et 25 sites tenus par les Iraniens en Syrie, près de la frontière irakienne. Il s’agit de batteries de missiles, radars, entrepôts d’armes dans la région d’Albu Kamal, près de la ville de Deïr ez Zor. Ces bases et camps militaires étaient tenus par les Gardiens de la Révolution et d’autres milices chiites, comme le Hezbollah « afghan » dite « Brigade des Fatimides ». Ce raid serait la plus importante opération israélienne depuis des mois.
Pourquoi maintenant ? C’est une attaque préparatoire ou préventive, l’Iran ayant menacé de s’en prendre à des cibles dans le golfe persique, l’aviation israélienne se ménage un couloir d’intervention direct. Soit parce que Trump pourrait décider d’attaquer les installations nucléaires iraniennes, laissant ainsi ce cadeau à son successeur, soit qu’Israël cherche à provoquer une réaction iranienne avant l’entrée en fonction de Joe Biden.
Le nucléaire sur la table
Ce qui semble évident, c’est le dossier iranien sera un des premiers sur la table du nouveau Président. Biden avait annoncé que les Etats-Unis reviendraient dans l’accord signé par Obama sur le nucléaire iranien. Mais depuis que Trump s’est retiré de l’accord, les Iraniens s’en sont affranchis eux aussi, n’hésitant pas à produire de l’uranium enrichi. Or une conditions posées par Biden pour un retour est que l’Iran se conforme aux règles du traité, ce qui n’est plus le cas. Tout le monde attend donc les annonces de Biden, à moins que la situation atteigne un point de non retour d’ici là, avec une attaque sur les centres de production d’uranium iranien.
Tester Biden
Lors du dernier raid israélien, l’aviation russe, présente en Syrie, n’a, comme d’habitude, pas bougé. Poutine discute avec Netanyahou. Al Qaïda reprend des couleurs en Syrie. Les Turcs amorcent un rapprochement avec les Etats-Unis et les Européens. Les Saoudiens s’interrogent.
En Israël, la Knesset dissoute, Netanyahu est, une nouvelle fois, en sursis. Sauf que cette fois, ses principaux adversaires sont sur sa droite et non au centre et à gauche. En Iran, des élections auront lieu en juin. Les « réformistes » de Rohani seront vraisemblablement remplacés par des conservateurs. Rien qui annonce l’amorce d’un dialogue. Joe Biden, qui connait bien le Proche-Orient, va donc être testé très vite. Peut-être avant même son investiture. Il suffit d’un nouveau raid.
Laisser un commentaire