Les soignants non-vaccinés non réintégrés, une exception française

Les soignants non-vaccinés non réintégrés, une exception française

En France, le débat sur la réintégration des soignants non-vaccinés tourne au pugilat. Ce jeudi 24 novembre, à l’Assemblée nationale, les échanges furent vifs entre les députés lors de l’étude d’une loi portée par la France insoumise pour réintégrer les 4000 professionnels de santé qui n’avaient pas procédé aux injections contre la Covid-19. Le corps médical invite même ces confrères à changer de métier afin de « laisser libre cours à leur croyance ».

Une situation qui peut étonner les Français de l’étranger alors que dans le monde entier, ce problème a été réglé facilement sans heurts.

Pourquoi le corps médical français refuse-t-il la réintégration ?

La dernière fois que la Haute Autorité de Santé s’est prononcée sur cette question, c’était en juillet 2022. L’organisme avait alors rendu un avis favorable au maintien de l’obligation vaccinale pour les soignants en précisant ainsi que « dans le contexte d’une 7ème vague, au vu de l’efficacité des vaccins et des incertitudes concernant la suite de l’épidémie, la HAS considère que les données ne sont pas de nature à remettre en cause aujourd’hui cette obligation vaccinale ».


Mais depuis la situation a évolué, l’environnement sanitaire est sous contrôle et la réintégration, comme nous le verrons un peu plus bas dans l’article, des soignants non-vaccinés dans d’autres pays n’a pas entrainé de rebonds épidémiques dans les hôpitaux concernés. Mais alors pourquoi continuer à les bloquer ?

Selon François Braun, la réintégration de ces soignants non-vaccinés pourrait même « aggraver » les problèmes que connaît actuellement le secteur de la santé dans l’Hexagone, « parce que les professionnels sur le terrain, sont pour la plupart opposés à la réintégration des soignants non vaccinés ». De l’aveu même du ministre de la Santé, c’est donc un problème social voire corporatiste qui mène à cette situation ubuesque dans nos hôpitaux et au sein de notre Assemblée nationale.

Débat Assemblé national COVID-19

La foire d’empoigne à l’Assemblée nationale

C’est dans ce contexte que la proposition de loi de LFI demandant de réintégrer le personnel non vacciné contre la Covid-19 des établissements de santé et de secours, pour pallier les pénuries d’effectifs, a été débattue à l’Assemblée nationale le 24 novembre 2022.

Et c’est à coups de demandes de suspension de séance, de rappels au règlement et de dépôts d’amendements en rafale que le camp présidentiel a compromis la tenue d’un vote sur le texte en discussion, que les oppositions semblaient en mesure de pouvoir faire adopter, contre l’avis du gouvernement.

Vous utilisez des subterfuges petits, comme vos idéaux, vous salissez la démocratie avec vos bassesses, vous êtes minoritaires, acceptez-le ! Vous devriez avoir honte !

Olivier Marleix, le chef de file du groupe LR

Au final, le vote n’a pu avoir lieu, mais la rapporteuse de la loi (LFI) a conclu la séance en indiquant au gouvernement « qu’ils ne lâcheront rien ». Le texte devrait donc rapidement revenir à l’Assemblée. Les députés du camps présidentiel auront le temps de se renseigner auprès de leurs collègues français de l’étranger sur la position des autres pays, et peut-être se libérer d’une position caricaturale.

Les soignants non-vaccinés réintégrés partout dans le monde ?

La situation des soignants non-vaccinés dans le monde est bien meilleure même si elle n’est pas uniforme.

En Europe

En Europe, d’autres pays ont consacré cette obligation vaccinale comme la Grèce ou l’Allemagne. Mais dans ces deux pays la situation est différente. En Grèce, l’obligation vaccinale prendra fin le 31 décembre de cette année, les professionnels de santé ne sont pas invités à quitter la profession comme en France. De l’autre côté du Rhin, les Etats fédérés ont appliqué la consigne de Berlin sans pour autant être très stricts en matière de suspension. Seulement quelques rappels à l’ordre et amendes sans grande conviction ont été infligés.

Dans d’autres pays européens, comme l’Espagne ou le Royaume-Uni, la suspension des soignants n’a jamais été en vigueur. Dans les autres pays du continent, la réintégration s’est passée naturellement et sans heurts. Dernier pays à avoir mis fin à l’obligation vaccinale, l’Italie, où la Première ministre Giorgia Meloni, nouvellement nommée, a permis aux médecins et infirmières suspendus depuis près d’un an pour avoir refusé de se faire vacciner – près de 4 000 au total – de reprendre le travail. Notons que l’Italie était le premier pays à rendre la vaccination obligatoire pour le corps médical.

Aux Amériques

Outre-Atlantique, des villes telles que New York restent un modèle de rigueur en la matière. Récemment, une décision de la Cour suprême de l’État a circulé dans les sphères « antivax » à propos de la réintégration des personnels de santé non-vaccinés. Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot ou encore le média « complotiste » France Soir se sont réjouis de la nouvelle. Or, cette décision judiciaire du 24 octobre ne concerne pas l’ensemble des soignants, mais 16 agents d’entretien municipaux. La suspension est donc toujours la règle pour bon nombre d’employés publics comme privés.

Mais dans les autres Etats américains, la suspension n’a jamais été en vigueur même dans la très démocrate Californie.

Au Canada, c’est depuis le 20 juin 2022 que l’obligation vaccinale a été suspendue, alors qu’en Amérique latine il n’en a jamais été question.

La Chine, dernier bastion avec la France

Au final, pour retrouver une telle inflexibilité, il faut regarder du côté chinois. La Chine est le seul pays au monde à pratiquer encore une politique zéro-Covid avec des conséquences sociales et économiques de plus en plus difficiles à tenir pour l’empire du milieu.

La Chine, qui compte 1,4 milliard d’habitants, tente encore d’enrayer la propagation du virus dans le pays, en fermant des villes entières et en plaçant les contacts des patients infectés en stricte quarantaine. Des mesures dont la durée n’est jamais annoncée à l’avance. Néanmoins, les contaminations continuent d’augmenter et ce malgré la vaccination de tout son corps médical sans exception…

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