Le président américain s’est entretenu mardi 17 août par téléphone de la victoire des talibans en Afghanistan avec le Premier ministre britannique. Les deux dirigeants ont convenu d’organiser, la semaine prochaine, une réunion virtuelle du G7 pour discuter d’une stratégie et d’une approche communes. Un article de notre partenaire Euractiv.
Sommet virtuel
Le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont convenu lors d’un entretien téléphonique mardi 17 août de participer la semaine prochaine à un sommet virtuel du G7 sur l’Afghanistan, ont fait savoir la Maison Blanche et Downing Street dans deux communiqués.
Les deux hommes « se sont mis d’accord pour tenir un sommet virtuel des chefs d’État et de gouvernement du G7 la semaine prochaine afin de discuter d’une approche et d’une stratégie commune »
Communiqué de la présidence américaine.
Boris Johnson, dont le pays assure actuellement la présidence du « groupe des 7 » (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), avait appelé lundi à la tenue d’un tel sommet, alors que la communauté internationale réagit pour l’heure en ordre dispersé.
Premier entretien de Joe Biden avec un chef d’État depuis la chute de Kaboul
Dans leur conversation, le Premier ministre britannique et le président américain ont« salué la coopération des États-Unis et du Royaume-Uni »dans les opérations d’évacuation, selon Downing Street.
Ils ont également évoqué « le besoin de poursuivre une étroite coopération entre alliés et partenaires démocratiques » au sujet de l’Afghanistan, a indiqué de son côté la présidence américaine.
Il s’agit du premier entretien de Joe Biden avec un chef d’État ou de gouvernement depuis la chute de Kaboul, après vingt années d’intervention militaire d’une coalition internationale emmenée par les États-Unis, et dans laquelle le Royaume-Uni a joué un rôle important.
La décision de Joe Biden de retirer les derniers soldats américains d’Afghanistan au plus tard le 31 août, et la gestion de cette opération par Washington ont été ouvertement critiqués au Royaume-Uni.
L’UE et les talibans
L’UE « devra parler » aux talibans « aussi vite que nécessaire », car ces derniers « ont gagné la guerre » en Afghanistan, mais sans que cela implique de reconnaître formellement le nouveau régime dans l’immédiat, a déclaré mardi (17 août) Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.
« Les talibans ont gagné la guerre. Donc, nous devrons parler avec eux, afin d’engager un dialogue aussi vite que nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire et potentiellement migratoire. Ce dialogue devra aussi se concentrer sur les moyens d’empêcher le retour d’une présence terroriste étrangère en Afghanistan »
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.
Il a néanmoins précisé que de telles discussions n’impliquaient pas pour autant une prompte reconnaissance officielle du régime taliban par Bruxelles.
Pas encore de reconnaissance
M. Borrell s’exprimait devant la presse à l’issue d’une réunion en visioconférence des ministres européens des Affaires étrangères, à l’heure plusieurs États membres de l’UE renforcent leurs efforts pour accélérer l’évacuation de ressortissants occidentaux et de personnels afghans depuis l’aéroport Kaboul.
« Il ne s’agit pas de reconnaissance officielle (des talibans), il s’agit d’être en contact. Si je veux que 400 personnes, des Afghans qui travaillaient pour l’UE et leurs familles, puissent rejoindre l’aéroport (pour être évacués), alors je dois parler aux autorités des talibans. Dans le cas contraire, ce sera extrêmement difficile pour eux d’atteindre l’aéroport. C’est une opération logistique assez compliquée, donc on doit communiquer avec les talibans«
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.
Les talibans seront jugés « selon leurs actions », a abondé après la réunion le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas. « Ce qui importe avant tout, c’est que la transition se fasse de façon pacifique », a-t-il martelé.
Les ministres européens se sont également penchés mardi sur les circonstances de l’effondrement soudain des forces afghanes face à l’offensive éclair des talibans.
« Nous devons reconnaître les erreurs que nous avons commises, particulièrement sur l’évaluation des capacités militaires » locales, alors que « l’apport de ressources sans précédent n’a eu que de médiocres résultats en termes de capacité de résistance de l’armée et de l’État afghans », a observé Josep Borrell.
Le premier objectif de l’intervention occidentale, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, « était de détruire Al-Qaïda », mais « notre mission a graduellement évolué vers la construction d’un État moderne », a-t-il souligné.
Laisser un commentaire« Aujourd’hui, on peut dire que nous avons réussi pour le premier objectif. Pas pour le second ».
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.