La crise du COVID-19 a révélé la dépendance de la France et plus largement de l’Union européenne aux importations de médicaments provenant notamment de l’Asie. Cette crise a également souligné que les contrefaçons de médicaments étaient légions et constituaient un véritable fléau pour la santé publique. Les statistiques des saisies en douane réalisées de 2014 à 2016 montrent que les ventes de médicaments contrefaits se sont élevées à 4 milliards d’euros. Ce chiffre ne tient pas compte des faux médicaments produits et consommés sur le même territoire, ni des médicaments volés pendant leur transport et acheminés vers un autre marché ou pays.
Les faux médicaments pullulent
Selon le rapport de l’OCDE et de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO), la plupart des faux médicaments saisis de 2014 à 2016 étaient des contrefaçons d’antibiotiques, de traitements contre les troubles de l’érection, d’antidouleurs, d’antipaludéens, et de médicaments contre le diabète, l’épilepsie, les cardiopathies, le VIH/sida, le cancer, l’hypertension et les allergies. Ils contenaient pour la grande majorité d’entre eux des proportions incorrectes d’ingrédients actifs, de sorte qu’ils étaient peu susceptibles de faire effet. Beaucoup comportaient des substances non déclarées pouvant présenter des risques graves pour la santé.
Les analyses réalisées sur des échantillons suspects ont montré que 90 % des médicaments contrefaits pouvaient porter préjudice aux patients. L’importance de la demande mondiale, les marges bénéficiaires élevées et le faible risque pour les contrefacteurs d’être repérés expliquent la vulnérabilité particulière des produits pharmaceutiques face à la contrefaçon. Les groupes criminels peuvent commercialiser des médicaments fabriqués à partir d’ingrédients non conformes ou voler des médicaments destinés aux hôpitaux pour les revendre dans la rue à prix réduit, en les entreposant souvent dans de mauvaises conditions qui en réduisent l’efficacité.
Les médicaments comptent parmi les produits les plus contrefaits. Les entreprises pharmaceutiques des États‑Unis, de l’Union européenne et de Suisse sont les plus durement touchées par la contrefaçon. Les faux médicaments peuvent à un moment ou un autre se retrouver dans les circuits légaux. Plus de la moitié des faux médicaments saisis ces dernières années provenaient d’Inde et près d’un tiers de Chine, les principales destinations étant l’Afrique, l’Europe et les États‑Unis. Singapour et Hong Kong sont les principaux points de transit de la chaîne d’approvisionnement qui peut aussi emprunter d’autres itinéraires à travers les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, le Cameroun et la Turquie.
Selon l’OCDE, 96 % des sites web qui proposent des produits pharmaceutiques sont illégaux. Les réseaux recourent à des bannières pour publicitaires alléchantes tout à la fois pour vendre des produits illégaux ou pour récupérer des données bancaires.
Les pénuries nourrissent la peur, terreau des réseaux mafieux
Avec la crise du COVID-19, les réseaux mafieux ont exploité les pénuries pour développer leurs activités. Selon Interpol, des contrefaçons de masques de protection respiratoire, des solutions hydroalcooliques de qualité inférieure et des médicaments antiviraux non autorisés ont été saisis en grand nombre par les services de police et de douane et les autorités de contrôle sanitaire de 90 pays.
Les services de police ont recensé plus de 2 000 bannières publicitaires concernant des articles en lien avec la COVID-19 proposant de faux médicaments ou des masques sortis des filières illégales. Plus de 600 affaires de concernant des contrefaçons de masques chirurgicaux ont été instruites. Interpol a saisi plus de 34 000 masques contrefaits et de qualité inférieure ainsi que des vaporisateurs anticoronavirus n’ayant aucun effet. Les services de police ont constaté un essor de trafic d’antiviraux et de chloroquine dont l’offre sur les circuits parallèle aurait augmenté de 100 % en un an.
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