Les législatives vues de l’étranger

Les législatives vues de l’étranger

Vous avez été nombreux à nous faire remonter les unes et autres commentaires sur les élections législatives en France que vous avez découverts lundi 20 et mardi 21 juin . Dans certains pays, ce sont même les nouveaux députés des Français de la région qui ont eu le droit aux honneurs de nos confrères des presses nationales.

Sur la nouvelle Assemblée nationale et Emmanuel Macron, les mots doux sont proscrits, globalement les journalistes dans le monde jugent ces résultats comme un « échec sévère », ou une « défaite cuisante », voire une « contre-performance »…. De l’Allemagne à l’Italie en passant par les Etats-Unis, l’Espagne, Israël et d’autres, la nécessité pour Emmanuel Macron de trouver des alliances, la percée de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) ainsi que le score historique du Rassemblement national (RN) sont au cœur des sujets.

LAllemagne

On commence avec notre voisin et premier partenaire l’Allemagne. Bien qu’il y ait une sympathie générale pour Emmanuel Macron dans ce pays, de nombreux médias allemands comme le journal berlinois Taz, qualifient le résultat des élections d’hier comme « une victoire pour la démocratie ». Ce qui ne s’est pas produit en France depuis 60 ans, un gouvernement de coalition, est tout à fait normal en Allemagne. Pour les observateurs politiques allemands la suite est déjà très claire : « Le centre de Macron, déjà très large, doit encore s’élargir » et glisserait par conséquent vers la droite. Ils craignent que le pays, si important pour les relations franco-allemandes, tant sur les questions politiques qu’économiques, devienne ingouvernable suite aux blocages entre les partenaires de coalition et que le peuple manifeste à nouveau dans les rues.

Espagne

Dans cet autre voisin, la défaite de Manuel Valls au premier tour a transformé Stéphane Vojetta, le député sortant dissident de la majorité présidentielle, finalement réélu, en star locale.

Sur le fond de l’élection, « les Français envoient un signal à Macron : ils veulent imposer des limites à son pouvoir », analyse de son côté « El País ». Après cinq ans de majorité absolue pendant lesquels l’Assemblée nationale « s’est limitée, dans la plupart des cas, à donner le feu vert aux initiatives d’un président qui concentre tous les pouvoirs », la France a désormais « deux alternatives », résume le quotidien espagnol : « Soit apprendre la culture du consensus, exotique dans son système présidentiel, soit être vouée à être ingouvernable. »

Belgique

Dans ce pays si francophone et francophile, les élections françaises étaient encore au centre de l’actualité en Wallonie et à Bruxelles. On s’y amuse que « la France va devoir apprendre l’art du compromis à la Belge ». Si les journalistes belges sourient, ils s’inquiètent aussi. Le quotidien belge « le Soir » voit, ainsi, « dans le scrutin de dimanche « un résultat français inquiétant pour l’Europe ». « Voilà Emmanuel Macron sans majorité absolue, face à une Assemblée nationale qui a le mérite, au moins, de symboliser les énormes fractures du pays », écrit le journal.

Italie

« Si Mélenchon a réussi à faire reculer Macron lors de la dernière législature avec seulement 17 députés de la France Insoumise, les plus de 150 députés de la coalition Nupes qui font leur entrée à l’Assemblée nationale promettent de transformer le Parlement en spectacle » écrit le journaliste Stefano Montefiori pour Corriere della sera en Italie. Parlant de Nupes, il s’agirait plutôt « dune gauche de combat plus que de gouvernement ». Il compare Mélenchon avec l’ancien président du Venezuela Hugo Chávez, qui a adopté un style de gouvernement autoritaire et d’extrême gauche, tout en jouissant d’une grande popularité. Pour lui, Mélenchon est « un rêveur tiers-mondiste passionné par lAmérique latine » et un braillard, qui est surtout resté dans les mémoires à l’étranger pour ses apparitions en colère, par exemple quand il criait « La République, cest moi ».

« La Stampa » retient également le fort taux d’abstention, évoquant « une défaite cuisante » et « un effondrement au-delà de toute prévision » pour Emmanuel Macron. « Macron seffondre, la France ingouvernable », titre le quotidien italien à sa une.

Suisse

En une ce lundi, nos voisins suisses du « Le Temps » mettent en avant « une gifle électorale qui risque de paralyser la France ». « Le quinquennat qui souvre va être très compliqué », prévient dans le quotidien Gilles Ivaldi, chercheur en sciences politiques. « La polarisation qui sort des urnes forme trois camps qui saffrontent et que tout oppose. LEurope, l’économie, limmigration, la sécurité, ils ne sont daccord sur rien. »

Arrivé en tête au premier tour avec 36,5% des voix, Marc Ferracci a confirmé son avance au second tour des élections législatives sur Magali Mangin, candidate de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale). Il reçut les honneurs de « La Tribune » dès le lendemain avec un long article consacré aux relations franco-suisses.

Royaume-Uni

La chaîne britannique BBC parle d’un Emmanuel Macron « châtié et affaibli par un échec dans les sondages » et fait un lien avec les événements très médiatisés de ces dernières semaines, notamment les allégations de viol contre le ministre Damien Abad et le fiasco du match de football du Stade de France. « Son gouvernement [celui d’Emmanuel Macron] a été largement perçu comme blâmant les fans de Liverpool pour détourner lattention de la véritable honte de la nuit, qui était la criminalité locale » écrit Hugh Schofield, journaliste et correspondant à Paris.

Le journal The Guardian analyse plutôt les divers scénarios d’avenir et parle d’un risque de nouvelles élections : « Toutefois, si les partis de lAssemblée ne parviennent pas à travailler ensemble de manière constructive, on se retrouvera dans une impasse et une élection anticipée, que Macron peut convoquer à tout moment, et pourrait savérer être la seule issue, éventuellement en quelques mois. »

USA

Outre-Atlantique, les élections ont également suscité, dans une moindre mesure, l’intérêt de la presse. Le Washington Post met en lumière « lun des pires résultats pour un président français », quand le New York Times décrit « un échec » et « un avertissement sévère des électeurs ».

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