Les gilets jaunes ont marché contre les violences policières - Heurts à Paris et Bordeaux

Les gilets jaunes ont marché contre les violences policières - Heurts à Paris et Bordeaux

En pleine polémique sur les LBD, 56 000 « gilets jaunes » ont défilé samedi à travers la France pour dénoncer les violences policières, notamment à Paris et Bordeaux où des heurts ont éclaté en fin de manifestations.

Au lendemain de la décision du Conseil d’Etat de maintenir l’usage des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les manifestations, une « grande marche des blessés » s’est élancée vers midi à Paris, pour l’acte 12 du mouvement lancé il y a deux mois et demi.

Parties du XIIe arrondissement, plusieurs milliers de personnes ont d’abord rallié dans le calme la place de la République en milieu d’après-midi derrière un kaléidoscope de visages tuméfiés et des banderoles réclamant « l’interdiction » des grenades et des LBD. 13.800 personnes ont participé au cortège, selon le comptage du cabinet Occurence pour un collectif de medias dont l’AFP; 10.500 selon la Préfecture de police (PP).

Gravement touché à l’oeil droit samedi dernier, le « gilet jaune » Jérôme Rodrigues a été acclamé à chacune de ses apparitions dans le cortège, qui était dédié aux victimes de violences policières.

« C’est intolérable, inacceptable. Ce sont des blessures qui mutilent, qui détruisent des vies alors que nous sommes des pacifistes », a affirmé Antonio, un des organisateurs de la marche et lui-même blessé par une grenade GLI-F4.

Les premiers incidents ont éclaté en fin d’après-midi aux abords de la place de la République, où les forces de l’ordre ont commencé à faire usage de lacrymogènes et de canon à eau pour maintenir à distance des manifestants qui leur lançaient des projectiles, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les échauffourées se sont poursuivies sur la place dans un épais nuage de lacrymogène, où du matériel urbain a été incendié. Vingt-deux manifestants ont été interpellés dans la capitale, selon un décompte provisoire de la PP.  L’un d’eux a été évacué par les pompiers après avoir été atteint au visage par un tir de LBD, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Tout le monde déteste la police », scandaient des manifestants.

Autre place forte de la mobilisation, Bordeaux a été de nouveau le théâtre d’incidents en fin de cortège. Visées par toute sortes de projectiles, les forces de l’ordre ont répliqué en faisant notamment usage de LBD.

A Nantes, deux policiers, également cibles de projectiles, ont été blessés lors d’une manifestation de « gilets jaunes » qui a été émaillée d’incidents et de dégradations.

Saisi d’une demande d’interdiction du LBD, le Conseil d’Etat avait estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait « nécessaire de permettre aux forces de l’ordre » de pouvoir y recourir.

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a reconnu que cette arme –utilisée plus de 9.200 fois depuis le début de la contestation– pouvait « blesser » mais en a défendu l’utilisation « pour faire face aux émeutiers ».

– « Ça aurait pu être moi » –

Un premier décompte des autorités à 14H00 recensait 17.400 personnes dans toute la France, contre 21.000 à la même heure la semaine précédente. Ces chiffres officiels sont toutefois régulièrement contestés par les « gilets jaunes ».

Ce samedi, les manifestants avaient également appelé à se mobiliser en masse à Valence, où le président Emmanuel Macron s’était rendu la semaine dernière pour le grand débat national.

Quelque 5.400 manifestants ont défilé dans une ambiance bon enfant dans la ville où des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises. Selon la préfecture, 18 personnes y ont été interpellées et « une centaine d’armes blanches ou par destination » saisies.

A Toulouse, autre place forte du mouvement, plusieurs milliers de personnes ont défilé.

Des marches ont également eu lieu à Lille (1.400 personnes selon la police, 2.000 selon les organisateurs), Caen (1.400 selon la préfecture), Tours (2.000, selon une source policière), Chateauroux (1.300, selon la préfecture), Auxerre ou Lyon. Dans chacune des ces villes, les manifestants arboraient cache-œil, bandages et faux-sang.

A Rennes, Pascale assure avoir vu un jeune perdre un œil lors « d’une manif contre la loi travail en 2016 ». « J’ai vu les policiers tirer à 100 mètres dans le tas. Le jeune a perdu son œil mais ça aurait pu être moi », explique cette dame de 59 ans: « Ces armes sont vraiment dangereuses. »

« Moi en tant que citoyenne et professeur si j’ai des réactions violentes et disproportionnées, j’en assume les responsabilités. Le gouvernement doit aussi assumer », affirmait Sophie, 49 ans, dans le défilé lillois.

La rédaction avec l’AFP

 

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