Les citoyens européens malmenés aux frontières du Royaume-Uni

Les citoyens européens malmenés aux frontières du Royaume-Uni

Depuis l’entrée en vigueur des règles du Brexit, les histoires alarmantes de citoyens de l’Union européenne s’étant vu refuser l’entrée dans le pays se multiplient. Même le progressiste quotidien « The Guardian » se fait régulièrement l’écho de ces mésaventures comme celle vécue par une Française, Tessa Stines.

Une Européenne expulsée du Royaume-Uni

Elle vit au Royaume-Uni depuis un an et fait du bénévolat pour une association caritative, tout en effectuant des voyages aller/retour en France même pendant cette période de pandémie. Selon notre confrère, cette jeune femme a déposé une demande de statut de résident. Le Premier Ministre et son administration s’étaient engagés à accorder un droit de résidence temporaire pour tous les dossiers en attente de traitement. Malgré cela, elle a été arrêtée, détenue par des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur britannique dans un aéroport de Londres pendant plus de huit heures. Les faits se sont déroulés sur le chemin du retour à Gatwick le mois dernier, lorsque la jeune femme de 23 ans a été arrêtée par des gardes-frontières avec une Afghane et une Espagnole.

“Nous étions tous dans une situation très stressante lorsque nous étions enfermés dans cette pièce à l’aéroport”, a déclaré Tessa Stines. J’ai pris les coordonnées de la femme espagnole, puis je l’ai vue sur Instagram. Malheureusement, elle a été expulsée du Royaume-Uni.”

Tessa Stines au journal The Guardian

Stines a été arrêtée malgré un changement de règle annoncé par le ministère de l’Intérieur en mai lorsque les responsables des forces frontalières ont reçu l’ordre de ne pas détenir les citoyens de l’UE. La consigne est d’établir une caution financière liée à l’immigration. Ce dispositif a été mis en place suite aux vives critiques émises après la publication d’un rapport du Guardian. Ce dernier faisait état de plusieurs cas de femmes et d’hommes détenus dans des centres de renvoi plus tôt cette année.

Stines a été détenue alors que sa demande de « pre-settled status » était toujours en cours. Les autorités ont par la suite admis que la décision de la détenir était incorrecte bien qu’aucune excuse n’ait été présentée.

Le « pre-settled status » refusé

Après que le Guardian a contacté le ministère de l’Intérieur au sujet de l’affaire, Tessa Stines a reçu une nouvelle lettre lui informant la décision de refuser son installation au Royaume-Uni. La lettre de Gatwick Border Casework datée du 11 septembre 2021 indique que la demande de la jeune Française pour le « pre-settled status » a été refusée le 20 août.

Précédemment, elle avait déjà reçu deux e-mails de la part des travailleurs sociaux du Home Office demandant des documents supplémentaires pour étayer sa demande, mais n’avait pas vu les e-mails, car ils avaient été classés dans son dossier de courrier indésirable. Elle rassemble actuellement les preuves supplémentaires demandées par le ministère de l’Intérieur.

“Pas un comportement amical entre voisins.”

La lettre indique que lorsqu’elle a été détenue à l’aéroport, elle était dans les délais pour faire appel du refus de sa demande.

« Compte tenu de cela, j’ai conclu que la décision de vous refuser l’entrée au Royaume-Uni devrait être retirée ».

Lettre du Home Office britannique à Tessa Stines

Cette situation a bien évidemment entrainé un stress important pour notre compatriote.

« Tout cela m’a fait me sentir vraiment stressée »(…) “Pendant que j’étais détenue, les agents ont pris des photos des pages de mon journal intime. J’ai été triplement contrôlée, mes empreintes digitales ont été relevées et mes cahiers ont été lus. Je dirais que ce n’est pas vraiment un comportement amical entre voisins.”

Tessa Stines au journal The Guardian

De son côté, la porte-parole du ministère de l’Intérieur a tenu à rappeler que l’enregistrement sur le territoire britannique avant le 31 décembre 2020 était une condition indispensable pour bénéficier du régime d’immigration spéciale, sinon il ne reste qu’une option pour rejoindre la Grande-Bretagne : obtenir un visa.

« Une personne qui ne résidait pas au 31 décembre 2020, et qui soumet une demande à l’EUSS [système de règlement de l’UE] n’aura pas automatiquement un droit d’entrée tant que sa demande n’est pas acceptée, et ceux qui viennent travailler ou étudier doivent prouver qu’ils remplissent nos conditions d’entrée.”

Porte-parole du Home Office

« Beaucoup d’autres citoyens européens dans cette situation-là.”

Nicolas Hatton est le fondateur de l’association the3million. Il l’a fondée à la suite du référendum de 2016 qui a commencé le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, souvent appelé Brexit.

« C’est une histoire abracadabrante, et malheureusement Tessa n’est pas seule. J’ai été contacté ce week-end par un étudiant français. Il retournait au Royaume-Uni pour faire sa 3e année à l’Université d’Exeter et il a été refoulé par la douane, alors qu’il a une demande de « pre-settled status » en cours, comme Tessa. Le Home Office démontre encore une fois de plus son incompétence à gérer les 450 000 dossiers en attente de décisions, malgré le scandale des détentions administratives disproportionnées de ce début d’année. The3milllion va saisir le Home Office encore une fois pour que ces vexations administratives cessent immédiatement.”

Nicolas Hatton, fondateur de l’association the3million, et élu consulaire à Londres

La galère d’un étudiant français au Royaume-Uni.

Actuellement Guilhem est étudiant à l’université d’Exeter, et il rentre en troisième année. Récemment, il a contacté des conseillers consulaires , car, il y a quelques jours, la douane anglaise ne lui a pas permis de passer les frontières et le voilà bloqué en France. Alors que ses cours reprennent ce lundi 20 septembre.

“J’attends, en effet, une réponse de mon « EU settlement scheme ». Je fais donc comprendre à la douane anglaise que je resterai moins de 6 mois en Angleterre (billet de retour acheté pour le 7 décembre) et que je n’ai donc pas besoin de visa pour résider et étudier à Exeter. Ainsi, je peux attendre une réponse de l’ « EU settlement scheme » tout en assistant à mes cours qui ont repris en présentiel. Je leur dis également qu’en cas de réponse négative, je prendrai un visa. Cependant, ces derniers m’ont refusé l’accès.”

Guilhem, étudiant français à l’université d’Exeter

Étant dans une situation embarrassante, il s’est tourné vers les élus pour qu’ils leur apportent leur soutien afin de l’aider à reprendre ses études normalement.

Espérons que Guilhem et d’autres Français puissent revenir au Royaume-Uni normalement dans les meilleurs délais.

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