Le vaccin Covishield distribué en Afrique non reconnu en Europe

Le vaccin Covishield distribué en Afrique non reconnu en Europe

Les modalités de réouverture des frontières françaises depuis les pays africains sont connues, il faut un test PCR ou antigènes et être vacciné… par vaccin reconnu par l’Union Européenne ce qui n’est pas le cas du Covishield.

FILE PHOTO: Officials unload boxes containing vials of AstraZeneca’s COVISHIELD, a coronavirus disease (COVID-19) vaccine manufactured by Serum Institute of India, outside a vaccination storage centre in Ahmedabad, India, January 12, 2021. REUTERS/Amit Dave/File Photo

En effet, depuis le 9 juin dernier, les personnes totalement vaccinées n’ont plus qu’un test PCR négatif de moins de 72h à présenter pour voyager en France. Mais à condition que ce soit avec un vaccin reconnu par l’Agence européenne du médicament. « le vaccin Covishield n’est à ce stade pas reconnu par les autorités sanitaires européennes ».

Madagascar, l’île qui doute

Dans les pays du continent, l’incompréhension est totale car ce vaccin est celui qui est majoritairement distribué en Afrique, via le dispositif Covax, piloté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

A Madagascar, la polémique fait rage. Le 8 mai dernier, le pays recevait en grande pompe 250 000 doses de vaccin Covishield pour la population locale en présence de tous les dignitaires occidentaux de l’île. Pourtant quelques semaines après, la France lançait sa propre campagne de vaccination à destination des expatriés. C’est la preuve pour les autorités du pays que le réseau diplomatique français savait que le Covishield ne serait pas reconnu par l’Union européenne.

« Ce vaccin nous a été donné par l’OMS et salué par l’Union européenne et toutes les agences de l’ONU . Le fait de ne pas le valider  nous pousse à nous demander s’il n’y a pas un vaccin pour les Africains et un autre pour les Européens ».

Le ministre malgache de la Santé, le professeur Jean-Louis Rakotovao-Hanitrala

Pourtant sur place, les expatriés sont aussi mécontents. Jean-Hervé Fraslin, conseiller consulaire, a écrit une lettre au Secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne ce 24 juin car les Français n’ont accès aux vaccins européens qu’à la seule condition d’avoir plus de 55 ans. Les autres se retrouvent donc dans la même situation que les locaux soit ne pas être vacciné ou l’être mais par un vaccin qui ne permettra pas de voyager vers la France.

« Chaque jour, nous recevons des dizaines d’interpellations de ceux qui restent ainsi dans l’attente d’une des solutions évoquées ensemble le 14 mai : abaissement du seuil d’âge pour le vaccin Janssen ou importation d’un autre vaccin homologué en France. En effet, sans vaccin, nos compatriotes ne sont pas protégés face au risque qui persiste et qui pourrait s’accroître si les variants déjà présents dans des pays voisins (Afrique du Sud, Île Maurice, …) arrivent aussi à Madagascar. Ne pas être vacciné devient une contrainte lourde pour tout voyage en Europe, imposant une septaine d’isolement peu compatible avec des déplacements professionnels courts ou avec des urgences médicales ou familiales.« 

Jean-Hervé Fraslin – Conseiller Consulaire sur Facebook

Les campagnes de vaccination décrédibilisées

La décision de l’Union européenne a créé un vent de panique chez les populations qui se sont intéroggées sur ce rejet par l’Aurorité de Santé européenne. Est-ce un vaccin sûr ? Est-il efficace ? La conséquence c’est que les africains boudent les centres de vaccinations.

En réaction et pour essayer de rétablir la confiance les communiqués s’enchaînent alors que les fausses informations et les rumeurs, sur les réseaux sociaux notamment, compromettent, encore plus, les campagnes de vaccination sur le continent. Les États-Unis, à travers leur ambassade, mais aussi le représentant des Nations unies et l’OMS réaffirment, eux, leur soutien au Covishield.

L’Union européenne a également réagi et rappelé l’importance de la vaccination dans la lutte contre le Covid-19. L’UE explique que l’OMS et l’Académie nationale de médecine de Madagascar (ANAMEM) ont homologué ce vaccin et que l’Agence européenne du médicament (EMA) travaille de manière indépendante et n’a pour vocation que de guider la Commission européenne pour autoriser la vente de médicaments aux pays membres.

Pourquoi un rejet de ce vaccin ?

L’EMA a bien validé le vaccin développé par le laboratoire AstraZeneca, mais seulement la version appelée Vaxzevria, qui est produite et manufacturée directement par le laboratoire en Grande-Bretagne ou dans d’autres pays d’Europe. La version appelée Covishield est, elle, fabriquée en Inde par le Serum Institute of India.

« Le vaccin Covishield est exactement le même vaccin, en termes de qualité et d’efficacité que le vaccin actuellement produit et homologué en EuropeMais comme le vaccin Covishield n’était pas destiné à être utilisé dans l’espace de l’Union européenne, il n’a pas été soumis pour homologation au niveau de l’Agence européenne du médicament. Ça n’enlève en rien la qualité de ce vaccin. »

Docteur Richard Mihigo, en charge de la vaccination à l’OMS Afrique

Il s’agirait donc, finalement qu’un simple problème administratif mais qui n’aurait pas d’impact sur la qualité du vaccin. Cependant les conséquences sont bien là… Les expatriés en Afrique, en absence de campagne organisée par Paris, sont obligés de se faire vacciner avec le Covishield. En Afrique, sur les 43 pays qui ont rejoint le dispositif Covax, 37 ont déjà reçu ce vaccin, les cas de Français de nouveaux bloqués hors de France risquent donc une nouvelle fois de se multiplier. Et pourtant, il est bien possible d’organiser une campagne de vaccination à destination de tous les Français de l’Etranger, comme l’ambassade de France en Thaïlande le fait.

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