Mardi (18 janvier), l’eurodéputée maltaise Roberta Metsola a été élue à la tête du Parlement européen pour la seconde moitié de sa législature de cinq ans après avoir obtenu une majorité écrasante au premier tour de scrutin.
Mme Metsola a été élue avec 458 voix. Elle est suivie de la Suédoise Alice Kuhnke, candidate du parti des Verts, qui a reçu 101 voix, et de l’Espagnole Sira Rego, candidate de gauche, avec 57 voix.
À la dernière minute, le législateur conservateur Kosma Złotowski a quant à lui retiré sa candidature à la suite d’un accord avec les autres groupes politiques sur les rôles des vice-présidents et des questeurs de l’assemblée, qui doivent également être élus cette semaine lors de la session parlementaire.
L’élection résulte d’un accord entre les trois principaux partis du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit, le parti centriste Renew Europe et les Socialistes et Démocrates de centre-gauche.
L’accord avait été conclu au début de la législature en 2019 et a été renouvelé pour la mi-mandat, avec une liste actualisée de dix priorités politiques : valeurs, climat, santé, numérique, économie, affaires sociales, sécurité, migration, affaires étrangères et institutions européennes.
Alice Kuhnke et Sira Rego ont tous deux reçu un soutien allant au-delà de leur groupe politique, des sources du Parlement ayant déclaré à EURACTIV que les opinions de Mme Metsola sur l’avortement et les droits reproductifs lui avaient coûté le soutien d’une minorité importante de législateurs progressistes.
Néanmoins, les sociaux-démocrates ont respecté leur part du marché puisque seule une petite minorité s’est écartée de la ligne du parti lors du scrutin secret.
Le quatrième groupe le plus important du Parlement, les Verts, a été exclu de l’accord et a accusé les autres partis de ne pas tenir compte des petits groupes. « Il fallait satisfaire certains appétits, au détriment des petits groupes politiques du Parlement », a déploré le coprésident des Verts, Philippe Lamberts.
La législature du Parlement européen dure cinq ans, mais sa présidence est divisée en deux, les sociaux-démocrates prenant la présidence durant la première moitié de la législature, et le centre-droit prenant la présidence durant la seconde moitié de la législature.
Mme Metsola succède à l’Italien David Sassoli, décédé la semaine dernière à la suite de complications dues à une pneumonie qu’il avait contractée en septembre. La santé de M. Sassoli était fragilisée par une leucémie dont il souffrait depuis son arrivée à la présidence, mais cela n’a été rendu public qu’après son décès.
Dans son discours inaugural, Mme Metsola a rendu hommage à M. Sassoli et à son héritage. La politicienne maltaise a déclaré que son rôle consisterait à « toujours défendre l’Europe, nos valeurs communes de démocratie, de dignité, de justice, de solidarité, d’égalité, d’État de droit et de droits fondamentaux. Pour la politique de l’espoir et la promesse de l’Union européenne ».
Mme Metsola a également souligné la centralité du Parlement en tant qu’incarnation des valeurs démocratiques de l’UE et a déclaré que la lutte contre l’autoritarisme, la discrimination et le changement climatique seraient ses principales priorités.
En matière de politique étrangère, elle a évoqué les tensions sur la souveraineté de l’Ukraine, l’impasse à Chypre et les relations de l’UE avec les pays des Balkans occidentaux.
Elle a adressé ses derniers mots à la famille de Daphne Caruana Galizia, la journaliste maltaise assassinée en 2017 suite à son enquête sur des affaires de corruption politique, ainsi qu’à celle d’Olivia Dubois, une journaliste française enlevée au Mali en avril dernier.
Mme Metsola est la troisième femme à avoir accédé au poste de haut fonctionnaire du Parlement européen, après Simone Veil et Nicole Fontaine.
« Il ne faudra pas attendre deux décennies avant qu’une autre femme se tienne à ma place », a conclu Mme Metsola.
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