Si la situation politique dans le monde est de plus tendue, c’est bien au sens littéral qu’il faut comprendre notre titre, le monde est bien de plus en plus chaud. Avec un nouveau record de température en mars, les 12 derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, 1,58°C de plus que dans le climat de la planète au XIXe siècle, avant que se fasse sentir l’effet de la combustion des énergies fossiles, de la déforestation ou de l’agriculture intensive. On fait le point pour les Français de l’étranger.
10 mois de records
Pour le dixième mois d’affilée, les températures moyennes relatives enregistrées sur la planète ont été battues. Mars 2024 poursuit une inquiétante série, avec une température moyenne de 1,68 °C plus élevée qu’un mois de mars normal dans le climat de l’ère préindustrielle (1850-1900), a annoncé, mardi 9 avril, le service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus.
Ainsi, depuis juin 2023, tous les mois ont battu leur propre record, juillet 2023 devenant au passage le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde. Autre exemple, sur quatre journées, du 8 au 11 février, au niveau mondial, les températures ont même été supérieures de 2°C à l’ère pré-industrielle. Cette anomalie devrait toutefois être relevée en moyenne sur « au moins vingt ans » pour considérer que le climat, et non la météo annuelle, a atteint ce seuil, rappelle l’observatoire. Mais « nous sommes extraordinairement proches de cette limite et nous sommes déjà en sursis », déclarait, à l’Agence France-Presse, Samantha Burgess, cheffe adjointe du C3S.
Les conséquences concrètes sont désormais bien perceptibles. Comme ces chaleurs remarquables qui ont été relevées à travers le monde, de l’Amérique du Nord au Vietnam en passant par le Maroc et la majorité de l’Amérique du Sud. Mais l’Europe s’est distinguée. Le Vieux Continent a connu cet hiver une chaleur exceptionnelle avec des températures 3,30°C au-dessus des normales (1991-2020), et avec une situation encore plus anormale en Europe centrale et orientale.
Les océans aussi !
Cela fait désormais plus d’un an que la température des océans, régulateurs majeurs du climat qui recouvrent 70 % de la Terre, est plus chaude que toutes les annales. Mars 2024 établit même un nouveau record absolu, tous mois confondus, avec 21,07 °C de moyenne mesurés à leur surface (hors zones proches des pôles) par Copernicus.
« C’est incroyablement inhabituel », relève Samantha Burgess. Cette surchauffe menace la vie marine et entraîne plus d’humidité dans l’atmosphère, synonyme de conditions météorologiques plus instables, comme des vents violents et des pluies torrentielles. Elle réduit aussi l’absorption de nos émissions de gaz à effet de serre dans les mers, puits de carbone qui emmagasinent 90 % de l’excès d’énergie provoquée par l’activité humaine.
Parmi les conséquences récentes, de graves pénuries d’eau frappent le Vietnam, la Catalogne ou encore l’Afrique australe : après le Malawi et la Zambie, 2,7 millions de personnes sont menacées par la famine au Zimbabwe, qui a déclaré l’état de catastrophe nationale. Bogota vient de rationner l’eau potable, et la crainte des pénuries plane sur la campagne électorale au Mexique. À l’inverse, la Russie, le Brésil ou la France ont connu des inondations remarquables.
Un emballement du dérèglement climatique ?
Il y a une question qu’on se pose tous : Ces records dépassent-ils les prévisions ? La réponse est, encore, débattue par les climatologues après une année 2023 hors norme, la plus chaude jamais mesurée. Cette chaleur supplémentaire, « nous pouvons l’expliquer en grande partie, mais pas entièrement« , résume Mme Burgess. « 2023 se situe dans la fourchette des prévisions des modèles climatiques, mais vraiment à la limite extérieure« , loin de la moyenne, ajoute-t-elle, inquiète.
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