Le Japon est en croissance depuis 2012, ce qui constitue sa plus longue période depuis 30 ans. Néanmoins, cette croissance est très faible, entre 0,3 % à 2 % par an. Par ailleurs, entre 1997 et 2019, le Japon a connu 10 années de déflation. Sur la période, l’inflation annuelle a augmenté de 0,05 % quand les salaires moyens ont baissé, malgré la pénurie de main d’œuvre.
le PIB nippon avait déjà perdu 1,6 % au dernier trimestre 2019
En ce début d’année 2020, les autorités japonaises craignent une nouvelle récession. Sur la période allant d’octobre à décembre, avant même la détection de l’épidémie en Chine, le PIB nippon avait déjà perdu 1,6 % en glissement trimestriel. Projeté en rythme annualisé, ce recul représente une contraction théorique de 6,3 %, pointe l’exécutif. Il faut remonter au deuxième trimestre de 2014 pour retrouver un refroidissement aussi sévère. Or, depuis le mois de janvier, l’aggravation de la crise du coronavirus se traduit par une diminution importante des touristes chinois. Le ralentissement de la demande en Chine et les difficultés que rencontrent les importateurs en produits chinois pèsent sur la production japonaise.
Par ailleurs, les consommateurs japonais commencent à leur tour à hésiter à se rendre dans les grands magasins le week-end. Le Japon doit, depuis le milieu de l’année dernière, faire face à un contexte économique difficile. En octobre, un typhon brutal avait bloqué certaines régions et découragé la consommation. La guerre commerciale entre Pékin (Beijing) et Washington a touché plusieurs entreprises qui exportent des composants vers des usines chinoises. Le relèvement de 8 % à 10 % du taux de TVA, le 1er octobre dernier, a pesé lourdement sur la consommation. Les secteurs de l’habillement, de l’automobile et de l’électronique ont été particulièrement affectés. Au total, les statistiques gouvernementales ont enregistré une chute de 3 % des dépenses privées des ménages japonais.Durant le quatrième trimestre, Les entreprises ont réduit leurs dépenses en capital de 3,7 %.
La croissance potentielle du Japon demeure faible
La croissance potentielle japonaise est limitée en raison de la baisse du nombre d’habitants (plus de 200 000 par an) et par les faibles gains de productivité. Le taux de natalité japonais est l’un des plus bas du monde (1,4 enfant par femme en 2017). La baisse de la population, engagée depuis 2008 (300 000 personnes en moins sur l’année 2018), devrait s’amplifier progressivement pour ramener la population totale de 127 millions actuellement à 90 millions en 2060 et 60 millions en 2100.
La croissance est entravée par l’absence de marges au niveau de la population active. Le taux de chômage est de 2,2 % au mois de décembre 2019. La pénurie de main d’œuvre est de plus en plus crainte malgré la hausse significative récente du taux de participation des femmes (72 % en 2019 contre 63 % en 2012).
Avec une productivité horaire de 42 dollars par heure, le Japon se situe à la dix–neuvième place du classement des pays de l’OCDE. Le paradoxe japonais réside dans la combinaison d’un bon système éducatif, d’une forte utilisation des robots mais d’une faible productivité. Plusieurs freins sont identifiés, parmi lesquels une faible mobilité des salariés, un système de rémunération fondé sur l’ancienneté, une faible culture du service et un manque de concurrence pour les entreprises qui opèrent sur des marchés protégés.
Une grande puissance corsetée
Le Japon reste malgré tout la troisième puissance économique du monde derrière les États-Unis et la Chine avec un PIB en 2018 de 4 972 milliards de dollars. Le pays enregistre le deuxième excédent courant au monde et dispose d’un patrimoine financier domestique important permettant de financer une dette publique qui l’est tout autant. Les actifs financiers détenus en interne atteignent 28 000 milliards de dollars et cela malgré des taux bas depuis plus de 30 ans. Le patrimoine financier représente presque 600 % du PIB. Ce capital est très majoritairement investi au Japon.
Le pays se classe au sixième rang mondial en termes d’investissements directs à l’étranger. Le Japon est le premier fournisseur et exportateur au monde de robots industriels. Il continue d’afficher une position globale de leader dans la recherche et l’innovation. Le Japon reste le premier détenteur au monde de brevets en stock et le deuxième en flux derrière la Chine.
Pour enrayer la récession, les pouvoirs publics disposent de peu de moyens du fait de l’endettement et du niveau des taux d’intérêt. Le Gouvernement a néanmoins promis de nouveaux assouplissements budgétaires. La dette publique brute du Japon a augmenté de 69 % à 240 % du PIB entre 1990 et 2019. Cette hausse s’explique par la hausse des dépenses publiques mais aussi par la diminution des recettes en relation avec les différents plans de soutien mis en œuvre par les pouvoirs publics. L’outil monétaire utilisé depuis plus de trois décennies offre également peu de marges pour favoriser la relance de l’économie.
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