Le duel Lula-Bolsonaro est enclenché

Le duel Lula-Bolsonaro est enclenché

La campagne présidentielle brésilienne a officiellement commencé ce mardi 16 août, et donne favoris Jair Bolsonaro et Lula. Un duel gauche-droite qui soulève plusieurs inquiétudes.

L’ancien président Lula est donné grand favori pour le premier tour de la présidentielle, face au président sortant Jair Bolsonaro, avec 15 points d’écart dans les sondages. Ce sont donc la gauche travailliste et la droite conservatrice qui devront sûrement s’affronter le 2 octobre prochain.

Un duel droite-gauche à plusieurs enjeux

Le duel gauche-droite de cette campagne présidentielle promet d’être électrique et soulève plusieurs enjeux sur les plans nationaux, régionaux et mondiaux. D’un côté, si l’ancien président Lula l’emporte, nous pouvons nous attendre à ce que Jair Bolsonaro conteste les résultats et provoque donc une rupture démocratique, assure Maurice Lemoine, spécialiste de l’Amérique latine.

Toujours dans ce cas de figure, nous pourrons également observer un changement dans le rapport de force entre les deux pôles politiques mais au niveau régional. Effectivement, depuis la victoire de Gustavo Petro en Colombie, le 5 août dernier, la région du sud de l’Amérique a pris un grand tournant vers la gauche.

Enfin, étant membre des BRICS, « le résultat de l’élection présidentielle [du Brésil] dépasse le pays lui-même » affirme le spécialiste.

Deux forces opposées

Si pour l’heure, l’ancien militaire compte une quinzaine de points de retard sur son adversaire, il va « tout faire pour mettre son grain de sel dans cette campagne ». Par ailleurs, ce dernier commence à remonter dans les sondages depuis la semaine dernière grâce à une réduction de l’inflation nationale, mais aussi grâce à la mise en place de son programme social « Auxílio Brasil ». En injectant de l’argent dans celui-ci, Jair Bolsonaro parvient à se rapprocher des classes populaires.

Cependant, ces dernières restent très en faveur de l’ancien syndicaliste Lula. Et pour cause, ses deux mandats ont été marqués par « l’amélioration considérable du niveau de vie des populations les plus pauvres du Brésil ». Il est donc toujours fortement apprécié et populaire dans son pays. Nonobstant, sa candidature à la tête de l’État traduit un manque de personnalités politiques au sein de la gauche brésilienne et sa difficulté à se renouveler.

Une atmosphère qui promet d’être électrique

Depuis le début de la campagne, un climat de violence gangrène le pays. Un crime a même été commis par un policier pro-Bolsonaro à l’encontre d’un trésorier du Parti des travailleurs. La gauche dénonce donc un crime politique et cherche à alerter sur l’escalade de violences observée à quelques semaines du scrutin. Selon un sondage national, 54% de la population aurait subi « une forme d’embarras, de menace physique ou verbale en raison de leur position politique ».

En outre, si la dénonciation des violence émane principalement de la gauche, les supporters du « Trump brésilien » s’estiment, elles, victimes d’une campagne de diabolisation. Face à cela, nous pouvons donc nous attendre à une campagne présidentielle compliquée, ponctuée par de nombreux évènements.

Nous assistons finalement à une polarisation de la population, au même titre qu’aux États-Unis lors de l’élection de Joe Biden. Au même titre que Donald Trump, Jair Bolsonaro appelle régulièrement à la haine contre l’opposition, à la contestation des résultats ne le donnant pas gagnant, et méprise le système administratif de son pays.

Dans le cas du Brésil, la grande interrogation porte aujourd’hui sur les positions de l’armée. « Que va-t-elle faire ? » se demande le spécialiste invité de TV5MONDE. Si des hommes importants, tels que le chef de l’armée, se classent du côté du président sortant, il ne serait pas étonnant d’observer des scissions dans le corps militaire comme nous en avons déjà vues par le passé.

Lula, Bresil
Le président brésilien Jair Bolsonaro est pour l’instant devancé dans les sondages pour la présidentielle par son opposant Lula

Des premiers meetings symboliques

Dans les deux camps, la campagne a démarré dans des lieux chargés de symboles. En effet, Lula a officié son premier meeting à Sao Bernardo do Campo, dans une usine automobile. Devant un parterre de supporters il a lancé que « c’est ici que tout a commencé : ici j’ai acquis une conscience politique ».

Pour sa part Bolsonaro s’est rendu à Juiz de Fora, sur la place où il a été poignardé il y a quatre ans. « La ville où je suis né à nouveau », a-t-il clamé devant une foule qui scandait son slogan « Dieu, famille, patrie et liberté ».

Un reportage et une analyse de TV5MONDE

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