Le DAU : une manifestation d’un nouveau type, changeant de jour en jour et de ville en ville= Paris/Londres/Berlin.

Le DAU : une manifestation d’un nouveau type, changeant de jour en jour et de ville en ville= Paris/Londres/Berlin.

Le projet artistique DAU, une expérience d’immersion dans l’univers soviétique des années 30 à 60, vient de démarrer à Paris.

À l’origine, l’idée du réalisateur russe Ilya Khrzahanovsky était de faire un biopic sur le physicien russe Lev Landau (diminutif Dau), prix Nobel 1962. Quinze ans plus tard, c’est devenu une manifestation participative hors norme qui mêle cinéma, performances, concerts, conférences, rencontres.

Pour créer cet ensemble, Khrzahanovsky a commencé par bâtir un plateau de cinéma près de Kharkov, en Ukraine. Baptisé l’Institut, il fut le lieu de vie de 400 personnes qui ont accepté d’y passer deux années, de 2009 à 2011, comme s’ils vivaient au cœur de la Russie soviétique entre 1938 et 1968, pour être filmés dans leur quotidien sur un script qui laisse place à l’improvisation.

Aucun des participants n’est un acteur professionnel (par exemple, celui qui endosse le rôle-titre est, dans la vraie vie, le chef d’orchestre Teodor Currentzis). Il résulte de ce tournage 700 heures de rushes dont sont extraits 13 longs métrages qui tournent autour du personnage de Dau. Numérotés mais non titrés, ces films ne sont qu’une partie de ce qui est devenu une exposition-expérience. Celle-ci a investi deux lieux situés l’un en face de l’autre à Paris, le Théâtre de la Ville et le Théâtre du Châtelet, auxquels s’adjoint le tout proche Centre Pompidou qui expose des travaux d’artistes underground de l’époque.

Le Théâtre de la Ville et le Châtelet, tous deux en travaux, s’accordent à l’esprit du projet par leurs structures mises à nus et leur atmosphère de chantier. En effet c’est une expérience ouverte qui est proposée ici. En plus des films qui sont projetés sans programmation, le visiteur peut visionner les rushes non montés, assister à des concerts annoncés au dernier moment, s’entretenir avec des professionnels de l’écoute et même avec des chamanes venus de Sibérie, passer du temps dans les pièces reconstituées à partir de mobilier et d’objets de l’époque, tout cela selon un parcours personnalisé déterminé à l’entrée du site au moyen d’un questionnaire individuel.

Les organisateurs ne s’interdisent pas de faire évoluer la manifestation au fur et à mesure des propositions émergentes, qu’elles viennent d’artistes ou de visiteurs, qu’ils soient déçus ou convaincus, puisque la formule est celle d’une plateforme d’expérimentation artistique en cours, imprévisible, chaotique et multiple comme la vie elle-même.

Après Paris (jusqu’au 17 février), Dau sera à Londres dans une configuration forcément différente, puis à Berlin. C’est dans la capitale allemande que Dau devait être lancé dès l’automne 2018. La controverse autour d’une reconstitution du Mur sur l’avenue Unten den Linden, qui faisait partie du Dau berlinois, fit repousser le projet. Impossible d’affirmer qu’il y retournera. La certitude n’est pas dans l’esprit de Dau, pas plus qu’elle n’était dans les calculs du physicien Lev Landau.

La rédaction

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