Le coronavirus immunise Poutine.

Le coronavirus immunise Poutine.

Le virus chinois ne passera pas. Poutine est là. Et pour longtemps.

Pendant que l’épidémie gagne, l’Assemblée russe a voté une proposition d’amendement à la Constitution qui remet les compteurs à zéro pour l’exercice de la Présidence de la Russie. On se demandait comment Poutine allait respecter son engagement de ne pas se représenter. La réponse est simple : en ne le respectant pas. Il avait bien annoncé une révision de la Constitution, en précisant que le mandat présidentiel ne serait désormais exercé que deux fois, que ce soit en continue ou non. L’engagement était si clair et si précis que l’on s’interrogeait sur la façon dont Poutine allait s’y prendre pour rester au pouvoir, personne ne songeant qu’il se retirerait en Angleterre pour diriger un club de football fortune faite.

La crise du Coronavirus a montré, selon les plus fins observateurs politiques moscovites, que la Russie avait besoin de stabilité. Aussi les députés ont-ils proposé que, si la Constitution devait être révisée pour ne permettre que deux mandats, ce qui était une excellente idée puisqu’elle venait de Poutine lui-même, ce serait pour l’avenir. Les mandats précédents n’entreront plus en ligne de compte. Remarque d’autant plus judicieuse que la Constitution actuelle interdit déjà plus de deux mandats successifs.

Heureusement que les députés ont pensé à remettre « les compteurs à zéro » !

On commençait à s’inquiéter. En pleine crise coronavirusienne, Poutine, cédant à la pression, a annoncé qu’il resterait encore un peu, de quoi rassurer les angoissés.

Non que ce soit vraiment le Coronavirus qui inquiète. La frontière avec la Chine est fermée. Aucun cas sérieux n’est signalé jusqu’à présent. Il faut dire que le premier qui tousse a compris qu’il devait rester discret : Poutine ayant fait savoir que quoiqu’il arrive, il fallait minimiser les chiffres.

Plusieurs précautions valant mieux qu’une, les personnes arrivant de plusieurs pays comme la France, l’Iran, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne ou la Corée, sont mis en quarantaine pour quatorze jours. A Moscou, le Maire a annoncé des amendes pour ceux qui ne respecteraient pas ces obligations (950 €).  Une première amende a été édictée, pour un suspect revenant d’Italie, qui sortait ses poubelles. Un inconscient. Les caméras de vidéosurveillance avec reconnaissance faciale (170.000) l’ont dénoncé.  Si la violation des règles sanitaires devait entrainer la mort d’une personne, une peine d’emprisonnement de cinq ans pourrait être prononcée. Cela reste encore très théorique puisqu’on ne sait que difficilement qui contamine qui. Mais à bon entendeur salut.

Pour l’instant, la Russie a expulsé 88 étrangers. Seuls 20 cas sont officiellement recensés. Beaucoup s’interrogent sur la réalité des chiffres, d’autant que le Forum économique de Saint-Pétersbourg, prévu seulement en juin, a déjà été annulé. Poutine dénonce les manipulations de fausses informations venant de l’étranger qui cherchent à « répandre la panique dans la population ». La sainte Russie est saine.

En attendant, rien ne rassurera mieux les Moscovites que de savoir que Poutine restera en place encore au moins dix ans, de quoi affronter plusieurs mutations du virus.

Le moment pour le Président russe est opportun. Le virus inquiète moins Poutine que le pétrole. Le prix du baril descend, les finances russes dévissent, l’économie menace de plonger. Qui plus est, les aventures extérieures se passent assez mal. La Syrie ne rapporte rien sinon des ennuis avec la Turquie, l’Algérie est toujours malade et ne risque pas d’aller mieux, l’Iran est touché, la Chine est fermée. Même l’Ukraine se met à vouloir résister. Ce n’était donc pas le moment de laisser libre cours aux spéculations, aux rumeurs et au doute : les virus passent, Poutine reste.

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