L’anomalie finlandaise

L’anomalie finlandaise

La Finlande qui a jusqu’à maintenant plutôt bien géré l’épidémie, fait figure d’exception en Europe. Le taux de mortalité compte parmi les plus bas d’Europe avec environ cinquante décès par million d’habitants, soit deux fois moins qu’en Allemagne et dix fois moins qu’en Suède ou en France.

Peu de restrictions dues à la covid

Les mesures de restriction y ont été plus faibles que dans la plupart des autres pays d’Europe. L’économie a été ainsi moins touchée. Au deuxième trimestre, le PIB s’est contracté de 4,5%, soit moitié moins que la moyenne des pays européens. 

Le gouvernement finlandais a décidé malgré tout la mise en place d’un plan de soutien à son économie. Il a ainsi mis en place des mesures de soutien comportant des mesures d’aides directes aux entreprises, une augmentation de l’indemnisation du chômage et des prestations sociales ainsi qu’une baisse temporaire des cotisations retraite du secteur privé. Le ministère des Finances finlandais estime que ces mesures s’élèveront à un total de 6 milliards d’euros en 2020, soit environ 2,5 % du PIB de 2019. Comme dans les autres pays européens, le gouvernement a mis en œuvre des garanties de prêts pour plus de 10 milliards d’euros (4,2 % du PIB). Il a aussi prévu de recapitaliser certaines entreprises et d’assouplir le calendrier de paiement des impôts.

Un plan de relance massif 

Le FMI estime que l’ensemble des mesures (fiscales, de liquidité et réglementaires) du gouvernement pourrait représenter un stimulus équivalant à près de 30 % du PIB. Si la situation économique de la Finlande reste correcte au regard de la situation, elle demeure fragile car le pays est très dépendant des échanges de biens intermédiaires, ce qui le rend vulnérable aux perturbations des chaînes d’approvisionnement. 

Le ralentissement du commerce international pourrait peser durablement sur la Finlande qui s’est fait une spécialité d’exportateur de produits à forte valeur ajoutée. Comme les autres pays européens, le pays devra gérer durant des années la facture covid-19. Le déficit public devrait atteindre, cette année, plus de 8 % du PIB et le ratio de dette publique sur PIB devrait s’accroitre de plus de douze points, à plus de 70%. Ce ratio demeure néanmoins bien plus faible que celui de la moyenne européenne. 

La retraite indexée sur l’espérance de vie

En Finlande, la question des retraités est également au cœur des débats en raison du vieillissement démographique. En 2014, le gouvernement a mis en place des réformes pour relever l’âge de la retraite à 65 ans et l’indexer sur l’espérance de vie à partir de 2027. 

Le ratio de dépendance démographique des personnes âgées – défini comme le ratio entre le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans et celui de personnes en âge de travailler –, est de l’ordre de 36% en 2020. Il est parmi les plus élevés d’Europe, et, d’après Eurostat, il devrait atteindre près de 50% en 2050 et plus de 60% en 2100. 

La Finlande apparait en bonne position au-delà de sa dépendance au commerce extérieure et du vieillissement démographique, pour rebondir rapidement à la fin de l’épidémie. La présence d’entreprises de haute technologie qui sont les gagnantes de la crise actuelle constitue un réel atout pour ce pays de 5 millions d’habitants qui est toujours classé triple A par les agences de notation.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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