L’UE et la Communauté des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ont finalisé jeudi (15 avril) un traité UE-Afrique, qui succède à l’accord de Cotonou, mettant ainsi un terme à deux ans et demi de négociations et de retards répétés.
Lors de la cérémonie de paraphe à Bruxelles, la commissaire chargée des partenariats internationaux et négociatrice en chef de l’UE, Jutta Urpilainen, a déclaré que l’accord constituait un « tournant qui rendra nos relations plus politiques et mieux adaptées à l’avenir ».
Un dialogue renforcé
Au cœur du pacte se trouve la promesse d’un renforcement du dialogue politique et de la coopération au développement. Il comprend également un texte sur la sécurité et la migration, l’une des questions les plus controversées tout au long des négociations, y compris de nouveaux engagements des pays ACP sur le retour et la réadmission des migrants économiques déboutés. Il comprend également un texte sur l’accord sur la « migration circulaire » et les voies légales.
Dans un clin d’œil à une autre priorité de l’UE, controversée chez certains États africains, il comprend également des engagements en faveur de l’égalité des sexes et de la non-discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.
1 socle commun et des adaptations par zone
Par ailleurs, afin d’apaiser les inquiétudes des nations africaines, qui estiment que l’accord devrait davantage tenir compte des besoins spécifiques de trois régions très diverses, l’accord prévoit une structure 3 + 1 reposant sur un socle commun couvrant les 88 pays, qui définit les valeurs et les priorités, ainsi que trois protocoles régionaux pour l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, adaptés aux besoins de chaque région. Cela permettra une « concentration régionale sans précédent », affirme l’UE.
En outre, les dirigeants de l’UE et des pays ACP souhaitent que leurs blocs respectifs renforcent leur coopération dans les forums internationaux, l’UE ayant soutenu la candidature réussie de l’ancienne ministre des finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, qui a été nommée au poste de secrétaire général de l’Organisation mondiale du commerce au début de cette année.
Développement durable
Le remaniement de l’accord de Cotonou prévoit également l’inclusion dans le texte des objectifs de développement durable adoptés par les Nations unies et de l’accord de Paris sur le changement climatique. L’UE souhaite exporter les principes de son « Green Deal », tandis que les États africains, qui figurent parmi les plus faibles contributeurs aux émissions mondiales de carbone, devraient demander une augmentation des financements et des investissements de l’UE pour leur propre transition énergétique lors d’un forum de haut niveau entre les responsables européens et africains, prévu le 23 avril.
Toutefois, le nouvel accord ne modifiera pas les accords commerciaux entre l’UE et les pays ACP, qui resteront fondés sur les accords de partenariat économique régionaux et l’accord « Tout sauf les armes ». Il ne comporte pas non plus de volet financier.
Un accord pour 20 ans ?
Les négociations sur un nouvel accord de partenariat destiné à succéder à l’accord de Cotonou de 2000 ont débuté en septembre 2018. Un accord politique entre les négociateurs, Urpilainen et le ministre des affaires étrangères du Togo Robert Dussey pour les ACP, a été conclu en décembre.
Le processus de ratification va maintenant commencer en vue d’être achevé avant la fin du mois de novembre, date à laquelle l’Accord de Cotonou doit expirer. Comme son prédécesseur, le nouvel accord de partenariat aura une durée de 20 ans.
Le nouveau pacte devrait coïncider avec les prochaines discussions, maintes fois retardées, entre l’UE et l’Union africaine sur un nouveau « partenariat stratégique » entre les deux continents.
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