La venue d’Eric Zemmour à Genève, en Suisse, mercredi 24 novembre, s’est faite sous haute protection policière. Elle avait été précédée d’une campagne d’intimidation, principalement des graffitis hostiles, l’œuvre de la mouvance antifasciste. Une pétition s’opposait à sa venue. Les partis et syndicats de gauche, des personnalités comme Jean Ziegler, actuel vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, déclaraient le polémiste identitaire français indésirable à Genève.
Et puis, la veille, le 23, un groupe antifasciste relayé par le site Renversé a menacé l’hôtel Hilton de représailles. Le nom de l’établissement qui a accueilli hier le dîner-débat organisé en présence d’Eric Zemmour était jusque-là resté secret. La rencontre, à l’invitation du cercle Convergences qui réunit des « émigrés français » de Genève, devait initialement se tenir dans le restaurant du magnifique parc des Eaux-Vives, au centre-ville, mais la mairie, de gauche, propriétaire des lieux, a mis son véto.
Alerte aux colis piégés et manifestation
Hier soir vers 18 heures, la police a demandé à la cohorte de journalistes tenus à distance de l’entrée du Hilton, de reculer de quelque deux cents mètres, le temps d’effectuer une « opération ». L’opération en question, apprenait-on rapidement, consistait en une vérification suite une alerte aux colis piégés, qui s’est révélée fausse.
Au même moment, une manifestation autorisée d’opposants à Eric Zemmour, comptant environ 1000 personnes, se mettait en route dans le quartier de la gare et suivait un parcours négocié avec la police. Elle avait interdiction de se rendre à l’hôtel Hilton, situé, lui, dans les parages de l’aéroport.
Tous sur leur 31 à l’Hilton
La vedette de la soirée est arrivée aux alentours de 20 heures dans un van noir. Eric Zemmour s’est faufilé tout sourire dans le 4 étoiles, sans passer par la case journalistes, dont trois chaînes d’infos françaises qui avaient fait le déplacement.
Les 300 participants à la rencontre s’étaient auparavant engouffrés dans l’hôtel, descendant de grosses berlines et évitant la presse. Tous sur leur 31 comme pour un dîner de charité. L’objet, en quelque sorte, de cet événement, facturé 200 francs par personne. L’entourage d’Eric Zemmour n’en faisait pas mystère : l’étape genevoise, après celle de Londres, était destinée à lever des fonds. Dans les campagnes présidentielles françaises, seuls les dons de personnes physiques sont autorisés et ils ne peuvent dépasser 7500 euros.
UDC et cercle Convergences
Parmi les convives, on notait la présence d’élus de l’Union démocratique du centre, l’UDC, un parti de la droite dure comme ne le dit pas son nom. Plus tôt dans la journée, une fois arrivé à Genève, étant descendu du train à l’avant-dernier arrêt afin d’éviter un « comité d’accueil » en gare genevoise, Eric Zemmour s’était entretenu avec quelques-uns d’entre eux lors d’un déjeuner privé.
Yves Nidegger, conseiller national (député fédéral) et avocat, était de la partie. On le retrouvait le soir devant le Hilton, s’apprêtant à rejoindre l’aréopage des convives. Les antifas qui avaient voulu empêcher la tenue de cette soirée de gala étaient qualifiés de « fascistoïdes », déclarait-il à la presse. Des arguments d’Eric Zemmour, une partie valent selon lui pour la Suisse, telle la notion de « grand remplacement ».
Le repas et le débat pouvaient commencer. Au menu : thon juste saisi en entrée, suivi d’un suprême de poulet en plat principal. L’avocat genevois Marc Bonnant donna la réplique à l’invité. Réputé pour son maniement sans pareil de l’imparfait du subjonctif et son côté « réac » assumé, il fit office hier soir tour à tour d’accusateur et de défenseur des thèses sulfureuses de son vis-à-vis, rapporte un participant aux agapes.
Marc Bonnant a précédemment conversé à Genève avec Eric Zemmour lors de précédents dîners-débats orchestrés par le cercle Convergences. C’était à l’occasion déjà de la sortie de livres du journaliste du Figaro (actuellement « en retrait » de la rédaction), comme cette fois-ci, en pleine campagne présidentielle, pour la parution de son récent ouvrage, « La France n’a pas dit son dernier mot ». Eric Zemmour devait quitter Genève ce jeudi.
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