Depuis la fin mars, les habitants de Shanghai subissent un confinement strict en accord avec la politique zéro Covid de la Chine. Pour nos concitoyens sur place, la situation est difficile à vivre. Entretien avec Alexandra Taulin, conseillère des Français de Shanghai.
Pour la première fois depuis le début de la pandémie, la ville de Shanghai est tenue à un confinement sévère. Effectivement, même en 2020 les habitants avaient pu circuler librement. Aujourd’hui, la situation paraît irréelle et jamais Alexandra Taulin ne pensait la vivre un jour.
Un confinement inflexible
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement chinois prône une politique zéro Covid et les autorités territoriales doivent tout faire pour y parvenir. De cette manière, chacune y va de ses restrictions, tantôt plus sévères ou plus allégées. A Shanghai, près de 30 millions d’habitants sont confinés. En fonction des quartiers, ils ont l’interdiction de sortir de chez eux, ne serait-ce que pour s’aérer, promener leur chien ou faire des courses. Des interdits qui peuvent s’avérer dangereux s’il y a une urgence, mais aussi traumatisants sur le plan psychologique. De plus, étant donné que tous les magasins ont tiré le rideau, c’est le gouvernement qui est chargé d’approvisionner la population.
Une communauté française solidaire
Pour les quelque 7500 Français installés sur place, la situation s’avère difficile à vivre. Cependant, une grande entraide s’est mise en place entre les citoyens, le consulat et les associations françaises locales. Ces derniers apportent de l’aide alimentaire, psychologique, financière et administrative lorsque c’est nécessaire.
Afin de faciliter les échanges, les Français communiquent par WeChat, une application de messagerie instantanée chinoise. Dessus, sont disponibles des QR code afin de faire remonter les problèmes et obtenir certaines informations. Aussi, depuis le début de la crise sanitaire, le consulat a mis en place des numéros d’urgence à la disposition des usagers et utilisables 7/7 jours.
Par ailleurs, une box alimentaire vient de voir le jour au sein de la communauté française. Le 1er avril, lorsque la ville chinoise a décrété l’instauration d’un confinement, les habitants se sont rués sur les magasins et en quelques heures les rayons étaient vides. Or, certains n’ont pas eu le temps de pouvoir faire des stocks et se ravitailler est compliqué. Ainsi, l’Emergency box est apparue. Un système D mis en place par les Français et financé par les associations pour ceux qui n’en ont pas les moyens. Effectivement, de nombreuses personnes rencontrent des difficultés financières car leur entreprise a fermé, momentanément ou définitivement. La situation étant déjà suffisamment compliquée, ne pas percevoir de revenus la rend d’autant plus complexe et angoissante.
Le futur incertain des élèves français à Shanghai
Depuis plusieurs mois, le Lycée français de Shanghai donne ses cours à distance. Seulement, avec la période d’examens qui arrive, le stress est croissant. A l’heure actuelle, aucune solution n’a véritablement été apportée, mais des possibilités ont été émises. En effet, si au moment du Baccalauréat le confinement est toujours en vigueur, nous pourrons envisager une obtention du diplôme sur la base du contrôle continu. Sinon, les élèves pourront passer les épreuves.
Cependant, plusieurs zones grises sont à prendre en compte comme le rappelle Alexandra Taulin. Nous pouvons imaginer une levée partielle du confinement, en fonction des zones de la ville. Par conséquent, certains élèves pourront se rendre aux épreuves et d’autres non. Une éventualité qui inquiète de nombreuses familles, qui cherchent par tous les moyens à inscrire leurs enfants dans les établissements européens pour la fin de l’année.
Le retour en France, une possibilité envisageable ?
Sortir du pays est extrêmement compliqué, nous confie l’élue consulaire. Non seulement, il faut pouvoir sortir de chez soi, avoir un test PCR négatif, et des papiers valides, mais en plus le prix du trajet est faramineux. Avec très peu de vols par jour, les prix se sont envolés. Donc si de nombreux compatriotes aimeraient pouvoir sortir du territoire, la réalité les en empêche.
Un futur incertain
Alexandra Taulin espère que la situation va se décanter au fur et à mesure à partir de mai. Elle pense qu’il s’agira d’une levée par districts, et que des tests Covid quotidiens seront demandés par les autorités. Toutefois, ce ne sont que des suppositions et des rumeurs qui circulent. Le gouvernement chinois n’a rien annoncé pour l’instant.
D’après elle, l’objectif zéro Covid du pays peut être discutable. Néanmoins elle souligne la différence de population entre la Chine et l’Europe. Là-bas, les habitants sont extrêmement concentrés, âgés et peu vaccinés. Des facteurs qui favorisent la bonne circulation du virus. Donc, si la situation peut nous apparaître hors norme d’un point de vue occidental, l’élue rappelle qu’ils sont invités dans le pays et doivent se plier aux règles ou partir.
Par ailleurs, le consulat et les associations ont encore de la marge devant eux avant de craquer, selon la Française. Elle estime que la dynamique instaurée est forte et peut tenir jusqu’à la fin mai, voire juin. De plus, une aide a été proposée à plusieurs reprises par les autres communautés françaises en Asie, et par Paris. Par conséquent, si le consulat et les associations arrivent à bout de souffle, une aide pourra être apportée pour les soulager.