La révolution, c’est tous les jours, avec le diable

La révolution, c’est tous les jours, avec le diable

Seul le capitalisme est vraiment révolutionnaire. Mirabeau, Danton Lénine Trotski et Mao sont des petits joueurs, si l’on regarde  le  bouleversement du monde.  « Le communisme, c’est la paix et l’électricité », avançait malignement Staline. Le monde a plus changé en vingt ans qu’en deux siècles, même si les dirigeants politiques sont encore de l’ancien monde. Le capitalisme 3.0[1], c’est un ordinateur dans la main de chaque pauvre. Tous n’ont pas encore accès à l’eau, ils ont un Smartphone, un lien sans intermédiaire avec tout le savoir du monde, simple comme un jouet. Quand les pédagogues sauront faire jouer les enfants, il y aura plus de musiciens que de soldats dans les armées.

Dans l’espace, militaires et milliardaires font des galipettes

Les Hippies de la Silicon Valley devenus businessmen ont plus changé le monde ces vingt dernières que tous les révolutionnaires et tous les Chefs d’Etat. C’est pourquoi le Président du Nigeria vient d’interdire Tweeter, que Tweeter censure Trump, que Russes, Chinois, Iraniens, Américains, Israéliens,  essaient de contrôler leur réseau national, investissent dans la technologie, le black market, le darknet, la cyberguerre et autres outils, sans oublier l’espace, dans lequel militaires et milliardaires font des galipettes, pas seulement pour le plaisir. Le monde entier entre en lévitation, avec acrobaties et arabesques.

Tout ce qui a pu être prédit est démenti  

Tout ce qui a pu être prédit est démenti. Les cimetières s’ouvrent grand aux planificateurs et aux prévisionnistes aigris. La Grèce qu’on disait ruinée pour des siècles, emprunte à des taux d’intérêt … négatifs ! Israël, promis à la guerre civile il y a trois semaines, change de gouvernement avec une coalition qui irait de Le Pen à Mélenchon en passant par Bayrou, le tout, sans les partis religieux juifs traditionnels, mais avec un parti religieux…islamiste !

Quel rapport avec la révolution du capitalisme 3.0 ? Les Accords d’Abraham, entre Israël, le Bahreïn, les Emirats reposent sur la révolution technologique. Quelques dirigeants, dont MBS, voient l’écartèlement entre deux mondes, le leur, avec la traditionnelle panoplie des oppressions, et le prochain, celui du digital.

Repousser les limites du réel, de l’imaginable 

L’Euro songe au digital, l’Europe émet pour la première fois une dette commune : 800 milliards. L’Amérique propose un plan de relance mondial, qui, dans les premières estimations, atteindrait 40.000 milliards de dollars. A titre de comparaison « les Routes de la soie chinoise »  représentent moins de 50 milliards d’investissements, l’essentiel en Asie. Même si rien ne se passe, y songer laisse à croire que l’humanité repousse les limites du réel, de l’imaginable. 

La crise écologique, dans ce contexte, n’est, au désespoir des écologistes, qu’un enjeu subalterne. Personne, nulle part, ne renoncera à l’énergie et à la croissance. Elle sert d’élément à un jeu plus vaste : savoir qui maitrisera les énergies de demain. Le Bitcoin consomme autant en électricité que les 200 millions d’habitants du Nigeria. Sa valorisation est de 1000 milliards de dollars, le PIB du Nigeria de 450 milliards. Mais que comparer, les richesses, les pauvretés, les monnaies, les vies humaines, les virtuelles ? Une Révolution ce sont de nouvelles dimensions.

Vous êtes vaincu et vous ne le savez pas encore

La révolution digitale a des effets dans les bidonvilles, les écoles coraniques et les chancelleries. Les Palestiniens envoient des ballons incendiaires, et 4300 roquettes, Israël répond avec des missiles tic toc, qui heurtent le toit d’un immeuble pour prévenir les habitants qu’il y aura une seconde frappe. Les nouvelles guerres sont déjà différentes. Vous êtes déjà vaincu et vous ne le savez pas encore. Vous gagnez la bataille mais vous perdez celle de l’information. Les Chinois n’appellent-ils pas le cyberespace « le domaine de l’information » ?

Batailles de corsaires

Ainsi Biden va au devant de Poutine et lui trace ses lignes rouges : L’Ukraine, la Syrie, la Turquie, la Moldavie, la Lybie ? Pas du tout. Il est dans le nouveau monde le vieux Joe : Les lignes rouges de la cyberguerre. Et Poutine de répondre, comme la Reine  d’Angleterre d’hier face au Roi d’Espagne : je n’y peux rien, ce sont des pirates ! Oui, mais des corsaires qui trouvent refuge sur terre, en Russie. Face à la domination des monstres américains (les Gafam) naissent les hackers. Et Poutine de donner une longue interview à NBC pour se défendre : Pourquoi attaquerais-je une usine de viande en Virginie, ou un Pipeline ? Qui a les moyens technologiques de faire cela ? (sous entendu, les Américains). Mais Biden n’est pas dupe : la Russie entretient des Hackers et ne les paient pas, comme les Corsaires d’hier, aussi doivent-ils se payer avec des rançons. Alors Biden menace : Si cela continue, nous ne traquerons pas les Hackers, nous attaquerons leur protecteur. Il est possible que l’invincible armada américaine soit invincible, le cyberespace n’a pas de tempête. Quoique.

Le monde à venir est derrière, devant, à coté, partout, l’ancien aussi.

Une panne d’électricité, en bourse, dans un système de banque centrale, est vite arrivée. Ou dans une centrale nucléaire. Les Israéliens n’ont-ils pas causé plus de dégâts avec leurs virus contre l’arsenal nucléaire iranien qu’avec leurs missiles ? Les uns complètent les autres. Et Poutine n’a rien dit. Il est déjà content d’être reconnu parmi les grands : « Le Président américain rencontre ses alliés avant de me rencontrer, c‘est normal ». Nostalgie des deux grands, encore le vieux monde… 

Vous croyez que le monde à venir est devant nous ? Il est derrière, devant, à coté, partout, l’ancien aussi. Nous sommes dans l’ère des pirates et des protecteurs étatiques, dans la cyberguerre et les roquettes, la suprématie du dollar et du bitcoin, la stratégie militaire spatiale et les réseaux de satellites privés, le retour des états avec plans de relance et taux d’imposition mondial et univers post étatique où l’identité numérique dépend plus de groupes privés que du tampon administratif, fut il sanitaire (combien de faux ?) ; nous vivons dans le monde de la liberté d’expression, de la censure, des fakenews, de la propagande officielle, du mensonge scientifique, et de l’accès universel à la connaissance. Personne ne sait ce que seront les formes de richesse et de pouvoir, il est seulement possible de faire des paris, en quelle monnaie ?

Discuter, est-ce renoncer à la violence ? 

Que reste-il de Constant ? Sujet du bac philo cette année : « Discuter, est-ce renoncer à la violence ? ». Si seulement ! C’est au moins la différer. C’est pourquoi il faut toujours discuter, surtout avec le diable. L’intérêt des révolutions c’est que les diables sont partout. Attention aux yeux, et aux brûlures. Mais quel spectacle ! 


[1] Cf l’expression de Philippe Escandre et Sandra Caccini «  Bienvenue dans le Capitalisme 3.0 »,  2017.

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