La Pétanque, sous toutes ses facettes

La Pétanque, sous toutes ses facettes

Vous croyez connaître la Pétanque car vous la pratiquez au camping, en amateurs avant l’apéro ? SI cette pratique divertissante est celle de millions de français, le jeu de boules étant «tout terrain » et pouvant se jouer à peu près n’importe où, la Pétanque possède son organisation et ses règles strictes avec sa Fédération française de Pétanque et de Jeu Provençal qui régule l’organisation de concours et de championnats. Si elle se joue volontiers en triplette, la Pétanque se décline aussi en doublette ou en tête à tête, et a ses championnes féminines même si la mixité n’est pas une parité et que le jeu reste majoritairement masculin. Ce sont les tournois vétérans, de plus de 60 ans, qui sont les plus fréquentés à l’image d’un sport qui peine parfois à attirer les jeunes.

Un sport né en Provence

Inventée à La Ciotat en 1907 par un joueur de Jeu provençal perclus de rhumatismes et qui « tanqua » ses pieds, et inventa ainsi une nouvelle manière plus statique de jouer, en comparaison du jeu provençal qui se joue sur une plus longue distance et oblige le tireur à faire trois pas de courses avant de tirer.

La Pétanque est une belle centenaire qui a néanmoins souffert de la Covid et a vu ses terrains de jeu désertés, ses joueurs professionnels ronger leurs freins, et qui désormais cherche un nouveau souffle.

Quatre mains passionnées

Bernard Faure et Maryan Barthelemy, les deux auteurs de « La Pétanque, un centenaire à la croisée des chemins », s’évertuent à donner leurs lettres de noblesse à cette activité populaire qui est aussi un véritable sport de haut niveau, et dont les concours de La Marseillaise ou « des Masters » sont les deux tournois les plus emblématiques et médiatisés. 

Bernard Faure ©Boris Faure

Bernard Faure, pédagogue né et véritable intellectuel de la Pétanque, a débuté la pratique de ce sport dès son plus jeune âge en devenant champion Junior dans le Gard avant de poursuivre une pratique sportive qui l’a mené une quinzaine de fois au championnat de France. Ce principal de collège à la retraite a souhaité prendre la plume pour rappeler les origines de ce jeu de boules et retracer ses principales évolutions.  Un premier ouvrage « pieds tanqués le coeur léger » sorti en 2011 est désormais complété par ce nouvel opus qui se démarque par son caractère prospectif : Que va devenir le jeu de boules confronté au vieillissement de ses effectifs et à l’occasion ratée de devenir sport Olympique pour Paris 2024 ? 

Avec son co-auteur, consultant sur FR3 et chef de projet des compétitions des des Masters de Pétanque durant 10 ans, il a commis ce nouvel opus qui revient sur la mondialisation d’un sport qui possède depuis 1958 sa Fédération Internationale et qui doit souvent à des Français de l’étranger son développement dans des pays à l’autre bout du monde. Et si l’avenir de la Pétanque passait justement par nos compatriotes hors de France ?

Bernard Faure a accepté de répondre à quelques questions au coeur de l’été provençal, entre deux parties acharnées.

Lesfrancais.press : Bernard Faure, quel est l’objectif de ce nouvel ouvrage consacré à votre passion, la pétanque ?

Bernard Faure : C’est à la fois un retour sur l’histoire du jeu de Pétanque, l’évolution des compétitions et une interrogation sur la Pétanque en tant que sport de haut niveau. J’y ajoute une réflexion sur la constitution d’une élite, selon deux modalités. Une élite dite démocratique qui est repérée au niveau des Départements, des Régions et qui s’impose au cours des championnats de France fédéraux et l’émergence d’une élite oligarchique repérée dans un certain nombre de concours dits « nationaux ». C’est cette élite d’une quarantaine de joueurs qui bénéficie d’une exposition médiatique notamment grâce à la chaine l’Equipe 21.  

Lesfrancais.press : Est ce que cette élite est capable de générer des vocations ? Autrement dit comment devient-on joueur de boules ?

Bernard Faure : La médiatisation de la Pétanque a enrichi la popularité du jeu. Toutefois, seule une pratique régulière et encadrée, notamment dans les écoles de Pétanque, peut permettre d’envisager un jour de faire partie de cette élite. Et c’est d’ailleurs l’une des faiblesses de la Fédération de ne pouvoir s’appuyer que sur un vivier de jeunes trop restreint. Pour prendre l’exemple d’un sport admis aux jeux olympiques, en l’occurrence le Skate Board, c’est parce qu’il peut s’appuyer sur un grand nombre de jeunes pratiquants qu’il a été admis aux J.O. On pourrait de la même manière citer le Break Dance invité inattendu des JO 2024, toujours pour les mêmes raisons, la séduction et l’engouement d’un grand nombre de jeunes urbains.

Lesfrancais.press : Est ce que l’image de la Pétanque manque de Fun ?

Bernard Faure : C’est un sport populaire mais un peu daté c’est évident mais c’est un sport très facilement accessible y compris dans des conditions économiques modestes.

Lesfrancais.press : Comment revitaliser l’image alors qu’à l’international ces 50 dernières années ont été marquées par une diversification géographique de la pratique ? Le salut vient-il d’hors de nos frontières ?

Bernard Faure : On compte aujourd’hui une centaine de fédérations nationales dans le monde entier. Toutefois, leurs tailles, en nombre de licenciés, mais aussi la grande hétérogénéité des niveaux techniques nationaux, empêchent probablement d’accorder le label olympique à la pétanque mondialisée.

Mais de nombreuses nations sont capables aujourd’hui de rivaliser avec la France et bien entendu de conquérir des titres mondiaux ou continentaux. 

Pour évoquer l’Europe, l’Italie mais aussi la Belgique et l’Espagne sont riches de plusieurs titres mondiaux. L’Afrique reste le continent promis à un  formidable développement. Ce dernier a d’abord touché les nations du Nord du continent à l’image de la Tunisie et du Maroc. Mais désormais le Sénégal, Madagascar et le Bénin ont d’ores et déjà des joueurs du niveau international. En ce qui concerne l’Asie, la Thaïlande a intégré la pétanque comme pratique sportive pour deux grandes institutions du pays, l’armée et la police. Aujourd’hui près de deux millions de joueurs occasionnels pratiquent ce sport dont la fédération rassemble presque 100 000 licenciés ce qui vaut à la Thaïlande d’occuper le second rang mondial avec 13 médailles d’or. Elle a participé à plusieurs étapes finales des masters de Pétanque. Pour le continent américain, tout reste à faire à l’exception du Canada dont la Fédération nationale est parfaitement bien organisée.

En s’inspirant sur chaque continent des nations pour laquelle la greffe de la Pétanque a réussi le niveau mondial aujourd’hui disparate deviendra de plus en plus homogène et de qualité et les titres mondiaux circuleront entre les cinq continents.

Lesfrancais.press : Vous citez dans le livre ces pionniers français qui ont introduit la pétanque dans certains pays. Pouvez-vous nous parler de leur rôle ?

Bernard Faure : Si la pétanque s’est développée aussi rapidement au niveau mondial et a essaimé sur les cinq continents c’est grâce au rôle exceptionnel des passionnés de la pétanque qui ont constitué autant d’Ambassadeurs dans le monde. Je veux rendre un hommage appuyé aux joueurs expatriés qui ont communiqué aux autochtones leur passion bouliste, à l’exemple de Maurice  Escoubet qui permit de faire découvrir la pétanque en Mandchourie où il séjourna lors du démarrage d’un complexe pétrochimique dans une ville de deux millions d’habitants.  

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