La lutte contre l'inflation divise l'AFE

La lutte contre l'inflation divise l'AFE

L’inflation est mondiale et les expatriés sont aussi durement frappés. Vendredi dernier, le groupe réunissant les élus affiliés à Emmanuel Macron a proposé une motion surprise afin que l’Assemblée des Français de l’étranger demande solennellement au gouvernement d’affecter le reliquat du fonds « SOS Covid » à la lutte contre l’inflation.

Surprise, les groupes de gauche et de droite se sont unis pour rejeter cette motion portée par Thierry Masson.

Un reliquat convoité

En 2020, le gouvernement avait mis en place un fonds d’urgence exceptionnel pour soutenir les Français de l’étranger touchés par les fermetures des frontières, l’arrêt du tourisme et de l’activité dans sa globalité et qui résidaient dans des pays ne mettant pas en place d’aides finançières.

Une bonne idée sur la papier qui s’est transformée en un monstre administratif bloquant de fait une large distribution des fonds. Au final c’est plus de 2 millions d’euros qui restaient à distribuer au 31 août 2022, date de fin de l’aide exceptionnelle.

Sujet que la commission des affaires sociales s’était saisi dès au cours de cette session de l’Assemblée des Français de l’étranger comme nous le rappelle son président Florian Bohême, élu au Cambodge. En effet, Franck Barthélémy, élu sur une liste de La République en Marche en Inde, avait déjà fait voter une motion à l’unanimité demandant la réaffectation de ces fonds. Une motion qui, du voeux des signataires, ne doit pas rester lettre morte et ce alors que les questions adressées au gouvernement sur ce sujet n’ont pas reçu de réponse.

Pour cette session, c’est donc directement le ministre, présent sur place à l’ouverture et à la clôture, qui fut saisi par le groupe réunissant les élus de droite, à travers la voix de Catya Martin, conseillère à Hong-Kong, afin qu’une solution budgétaire soit trouvée rapidement.

Une motion doublon

Vendredi 07 octobre, en fin de session, Thierry Masson, président du groupe de Renaissance et de ses alliés, a déposé une nouvelle motion demandant aussi la réaffectation de ces fonds dans les meilleurs délais.

Une initiative qui n’a pas manqué d’étonner Florian Bohême. En effet, sa commission, en accord avec le règlement intérieur de l’AFE, doit être saisie de ce type de motion. Et alors que les séances de travail tout au long de la semaine se sont déroulées dans la confiance et animées par une dynamique positive au service des Français de l’étranger, le discours de Thierry Masson accusant la gauche comme la droite de trahir les expatriés passe mal.

Intervention de Thierry Masson le 07 octobre 2022 à l’AFE

Pour les élus ciblés, c’est avant tout un coup politique que s’offre le groupe macroniste. En effet, ces derniers peuvent s’appuyer sur les 10 parlementaires des Français de l’étranger sur 11 issus de leur rang comme sur les ministres pour faire bouger les lignes. Et pourtant, la majorité présidentielle a toujours refusé de soutenir la mise en place d’un fonds pérenne destiné à répondre à ces urgences comme le proposait encore il y a quelques mois Ronand Le Gleut (une proposition de loi qui fit consensus au Sénat réunissant gauche et droite).

Quel intérêt d’une telle motion ?

Coup politique, aussi, car l’Assemblée des Français de l’étranger n’a qu’un rôle consultatif. Le vrai combat est à l’Assemblée nationale.

Florian Bohême

Une situation qui relance le débat sur l’organisation des aides sociales à destination des expatriés. Ces derniers ayant quitté la France, n’étant plus contribuables, ces aides sont-elles légitimes ? Plein de questions qui mériteraient une refonte transparente du volet social du budget dédié aux Français de l’étranger, qui rappelons-le se fixe à l’Assemblée nationale et non à l’Assemblée des Français de l’Etranger .

« On aurait besoin d’avoir un grand débat au sein de l’AFE et avec les parlementaires pour refonder les mécanismes des aides sociales« .

Florian Bohême, Président de la Commission des Affaires sociales de l’AFE

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