La hausse des taux d’intérêt, une bonne nouvelle ! 

La hausse des taux d’intérêt, une bonne nouvelle ! 

Depuis une génération, les taux d’intérêt étaient orientés à la baisse au point de devenir négatifs pour l’Etat et certaines grandes entreprises. Les emprunteurs remboursaient alors moins que ce qu’ils avaient emprunté. Pour beaucoup, c’était inconcevable voire irrationnel. La diminution des taux téléguidée par les banques centrales avait comme objectif de lutter contre la déflation et de favoriser la croissance de l’économie. 

Cette évolution n’a jamais eu vocation d’être pérenne. La politique monétaire dite accommodante, supposée être temporaire et exceptionnelle, s’est pourtant installée dans la durée en raison de la persistance d’une inflation faible entre 2010 et 2019 et aussi par facilité. Le bilan de cette politique est ambigu. A défaut de favoriser une réelle augmentation des prix des biens réels, elle a provoqué une augmentation sans précédent de ceux de l’immobilier et des actions.

Les taux bas ont entretenu l’économie de rente 

L’inflation au lieu de se loger dans les premiers s’est épanoui dans les seconds, générant de véritables bulles spéculatives. Si les ménages pouvaient emprunter à des conditions avantageuses, ils étaient cependant confrontés à des prix de l’immobilier sans précédent. Pour les jeunes ménages, la marche vers l’accession à la propriété est ainsi devenue bien souvent trop haute. Les taux bas ont entretenu l’économie de rente. Au sein des grandes agglomérations les prix des logements et des terrains ont atteint des sommets générant des richesses rapides déconnectées des réalités économiques. 

La rente était également présente sur les marchés « actions ». Les gains étaient réalisés bien souvent par la valorisation du cours et non par la rentabilité des activités économiques, la baisse des gains de productivité en étant un des signes. Les investisseurs privilégiaient non pas le marché primaire, celui des émissions, mais le marché secondaire qui, dans les faits, ne contribue pas au financement de l’économie réelle. Les faibles taux d’intérêt ont faussé l’échelle des valeurs et ont incité les Etats voire l’ensemble des agents économiques à se surendetter.

L’argent facile ne fait pas le bonheur.

Ils ont conduit à l’illusion d’un argent gratuit ou presque et sans limite, illusion renforcée par les politiques du « quoi qu’il en coûte » mises en œuvre en réponse à l’épidémie de Covid. Les taux bas sont devenus une drogue à fort effet d’accoutumance. L’argent bon marché n’a pas amené des investissements productifs. L’argent facile ne fait pas le bonheur. Il conduit à une mauvaise allocation des ressources. 

Des entreprises peu rentables peuvent se maintenir au détriment d’autres qui auraient besoin de ressources financières pour se développer. Les faibles taux ont ralenti la diffusion du progrès technique et le renouvellement du tissu économique. Les épargnants privilégiant les produits de taux ont été également perdants, poussant un certain nombre d’entre eux à opter pour des placements spéculatifs comme ce fut le cas, ces dernières années, avec les cryptoactifs. Le retour de l’inflation oblige les banques centrales à sortir de cette période anormale. La hausse des taux est vécue comme un drame quand elle est indispensable pour enrayer l’inflation. Elle est surtout logique d’un point de vue économique et financier. 

Logiquement, le niveau des taux d’intérêt est fonction de l’inflation et de la croissance anticipée sur la période de l’emprunt. Cette équation n’est plus respectée depuis de très nombreuses années. Avec une inflation de près de 10% au sein de la zone euro, les taux de banque centrale devraient à minima évoluer autour de 7 voire 8% et non se situer comme aujourd’hui autour de 1,5%.

Les taux d’intérêt réels sont négatifs 

La politique monétaire pratiquée actuellement reste plus qu’accommodante dans les faits. Les taux d’intérêt réels sont négatifs de plusieurs points rendant le coût de l’endettement faible sous réserve que les revenus de l’emprunteur suivent l’inflation. Le 30 septembre 1989, le taux de l’emprunt d’Etat français à 10 ans était de 9% quand l’inflation était de 3,6%. 

Avant la crise financière de 2007, le taux de cette même obligation d’Etat était de 4,5%. A la fin du mois de septembre de cette année, il s’élevait à 2,8% avec une inflation de 5,6%. Le chemin à parcourir pour revenir à un niveau dit normal des taux sera sans nul doute long, voire très long.

Une solution inavouable 

Les Etats surendettés sont exposés comme jamais à leur remontée, celle-ci pouvant entraîner une crise de solvabilité de grande ampleur. L’inflation érodant la valeur nominale des dettes constitue une solution inavouable pour bien des gouvernements. Après une série de crises, les populations sont par ailleurs sensibles et réactives face aux pertes éventuelles de pouvoir d’achat. Les pouvoirs publics craignent les conséquences d’une récession brutale qui serait provoquée par une hausse des taux. Quoi qu’il en soit le retour à la normale en matière de taux d’intérêt sera salutaire pour tous. L’argent est une ressource rare, qu’il faut utiliser avec parcimonie et justesse. Les taux ont pour mission de le rappeler. 

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