Avec l’euro, la question de l’équilibre de la balance commerciale est passée au second plan grâce aux recettes issues des services, des revenus des capitaux placés à l’étranger ainsi que grâce à l’apport des touristes étrangers. Avec la crise sanitaire, cette question pourrait néanmoins redevenir d’actualité en raison de l’effondrement des ressources issues du tourisme.
La France n’a pas de réelle tradition commerciale à la différence de l’Allemagne. Sa balance commerciale est structurellement déficitaire. La période 1993/2003 au temps de la désinflation compétitive prônée par Pierre Bérégovoy est une exception. L’amplification du solde commercial à partir des années 2000 témoigne néanmoins d’un réel problème structurel. Si dans les années 1960 et 1970, il était l’expression d’une forte demande qui excédait les capacités de production nationale, le déficit des années 2000 et 2010 est la conséquence d’un fort mouvement de désindustrialisation.
Le déficit le plus important d’Europe
Le tourisme amène plus de 17 milliards d’euros de recettes quand les services procurent autour de 3 milliards de recettes et l’agriculture un milliard d’euros.
La France se caractérise par le déficit commercial le plus élevé de l’Union européenne. Cette place était détenue par le Royaume-Uni jusqu’à son départ. La valeur ajoutée de l’industrie a connu la plus faible progression au sein des grands pays de l’Union. En vingt ans, elle est passée de 250 à 280 milliards d’euros quand les valeurs respectives sont en Allemagne de 486 et 766, en Italie de 248 et 306 et en Espagne 121 et 194.
En 2019, le poids de l’industrie au sein du PIB était de 9 % contre plus de 12 % il y a vingt ans. L’emploi manufacturier a diminué de 25 % lors de ces vingt dernières années, soit une diminution bien plus rapide que chez la majorité de nos partenaires. La désindustrialisation est le résultat d’un large processus de délocalisation. Le stock d’investissement direct français à l’étranger est passé de 12 à 58 % du PIB de 1995 à 2019. Le secteur de l’automobile a ainsi fortement réduit la production nationale en installant des usines en Espagne, en Slovénie, en Turquie ou au Maroc.
Délocalisation, désindustrialisation
La part des voitures particulières de Renault produites en France est passée de plus de 55 % à moins de 18 % de 2000 à 2020. Si les entreprises allemandes ont maintenu les usines d’assemblage sur le territoire national, leurs homologues françaises ont opté pour des pays à faibles coûts. Elles ont emmené avec elles les sous-traitants. Cette politique est liée au positionnement « gamme moyenne » de la production nationale.
Les revenus du capital ont permis en règle générale de compenser les déficits sur les échanges de biens. Ces revenus ont atteint près de 7 % du PIB en 2019, contre 4 % au début des années 2000. La France est donc dépendante de ces revenus pour équilibrer sa balance des paiements courants. Cette dépendance sera d’autant plus forte que l’apport des touristes étrangers est fortement touché par la crise sanitaire. Enfin, l’excédent des services a eu tendance au fil des années à s’éroder. La balance des paiements courants se situe sur moyenne période à l’équilibre.
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