La France et le Royaume-Uni tentent de renouer leurs liens lors d’un sommet commun

La France et le Royaume-Uni tentent de renouer leurs liens lors d’un sommet commun

Cinq ans après le dernier sommet franco-britannique, la France et le Royaume-Uni se sont rencontrés vendredi 10 mars pour tenter de rétablir les relations entre les plus grandes puissances militaires et diplomatiques d’Europe occidentale après des années de tensions post-Brexit et d’animosité au sujet du pacte de sécurité AUKUS entre le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie.

Le président français Emmanuel Macron a accueilli le Premier ministre britannique Rishi Sunak à Paris vendredi pour le premier sommet gouvernemental conjoint entre les deux voisins depuis cinq ans.

Des responsables français et britanniques ont indiqué que le sommet a produit des « résultats tangibles ». Paris et Londres ont signeé une déclaration commune pour renforcer la coopération en matière de défense, d’immigration, de sécurité, d’économie et d’énergie.

Cette initiative intervient après une détérioration constante des relations entre les deux pays, marquée par d’âpres disputes sur les contrats de sous-marinsles droits de pêche et la responsabilité de la mort de migrants tentant de rejoindre les côtes britanniques à bord de petites embarcations.

Les observateurs considèrent que le départ de l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson et la guerre en Ukraine ont contribué à rapprocher les deux alliés occidentaux.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le président français Emmanuel Macron. [SHUTTERSTOCK/Salma Bashir Motiwala]

Traversées de la Manche

La prévention de la traversée de la Manche par les migrants entre l’Europe continentale et la Grande-Bretagne devrait être l’un des principaux sujets de discussion, M. Sunak ayant fait de l’arrêt des traversées de migrants par bateau l’une de ses priorités nationales.

La déclaration commune, qui était « encore en cours de négociation » 48 heures avant le sommet, a apporté des éclaircissements sur la question.

Londres a accepté de verser à Paris 72,2 millions d’euros supplémentaires dans le cadre d’un accord conclu en novembre dernier visant à déployer 350 personnes supplémentaires pour détecter et empêcher les traversées de migrants par bateau.

Si l’on en croit les chiffres récemment publiés par les autorités françaises, environ 800 personnes, dont des policiers, des agents de contrôle des frontières et des douaniers, sont déployées quotidiennement dans le cadre d’opérations de lutte contre l’immigration dans le nord de la France.

Coopération militaire

En matière de défense, les deux dirigeants ont réaffirmé le soutien ferme de la France et du Royaume-Uni à l’Ukraine, un domaine dans lequel ils souhaitent approfondir leur coopération bilatérale. Des annonces sur la formation des forces ukrainiennes, ainsi qu’une nouvelle coopération sur le développement futur d’armes et l’énergie nucléaire, étaient trés attendues après un déjeuner de travail, ont déclaré des sources françaises et britanniques, soulignant « l’opportunité de travailler plus étroitement ».

Après l’incident diplomatique autour d’AUKUS — lorsque l’Australie a abandonné les sous-marins français pour signer un nouveau pacte de défense avec le Royaume-Uni et les États-Unis — Paris et Londres souhaitent également renforcer la coopération en matière de défense, par exemple en coordonnant les déploiements dans la zone indopacifique et en poursuivant les projets sur le futur missile de croisière antinavire et sur la mission nucléaire commune, dont les travaux seront « intensifiés ».

Les sujets de coopération qualifiés de plus lointains comprennent l’exploration de la coopération sur les armes à énergie dirigée, la « frappe en profondeur » et la défense aérienne, qui fera également partie d’un agenda européen.

Dans le même temps, les deux pays confirment leur volonté d’établir « un programme commun » sur les prochaines étapes de la Communauté politique européenne, qui présente un intérêt particulier pour le Royaume-Uni, dans le contexte de l’après-Brexit.

Après le sommet inaugural de l’année dernière à Prague, les dirigeants du nouveau format devraient se rencontrer à Chisinau, en Moldavie, en juin. Une rencontre aura lieu au Royaume-Uni, au cours du premier semestre 2024.

Revitaliser les relations commerciales

Sur le plan économique, des annonces d’investissements d’entreprises françaises au Royaume-Uni et d’entreprises britanniques en France ont été faites, afin de démontrer « la vitalité et la densité des relations commerciales », a expliqué l’Élysée.

Enfin, un « partenariat stratégique sur l’énergie » est lancé par les deux ministres chargés du dossier, notamment en ce qui concerne l’énergie nucléaire. Ce fut aussi l’occasion d’insister sur « le rôle du nucléaire dans la décarbonisation ». Il s’agit d’une « coopération stratégique opérationnelle sur le fonctionnement, la sûreté nucléaire ». Cela est d’autant plus important que, concernant le nucléaire, « définir une ambition commune avec les Britanniques peut nous aider sur la scène européenne », a précisé l’Élysée.

Outre les questions de fond, la rencontre est d’autant plus importante que la France et le Royaume-Uni souhaitent « forger une relation renouvelée » qui profite aux deux parties, a indiqué à EURACTIV une source britannique proche du dossier.

Du côté français, on évoque également une volonté de renforcer des liens distendus après le Brexit, la crise sanitaire et l’épisode AUKUS. Le dernier sommet de ce type a eu lieu en 2018, entre Emmanuel Macron et la Première ministre Theresa May.

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