La Chine tente de rassurer l’UE sur ses projets d’infrastructure

La Chine tente de rassurer l’UE sur ses projets d’infrastructure

« La coopération sur la nouvelle route de la soie entre dans une nouvelle phase », a promis l’ambassadeur chinois auprès de l’UE, qui regrette les réticences européennes face à ce grand projet d’infrastructure.

« L’idée est de construire un partenariat mondial sur la connectivité », grâce aux « synergies » entre l’initiative de nouvelle route de la soie, « Belt and road », et d’autres projets d’infrastructure, a indiqué Zhang Ming, l’ambassadeur de la Chine auprès de l’UE, lors d’un sommet d’affaires à Bruxelles.

Dans une intervention censée apaiser les craintes européennes face aux ambitions titanesques de l’initiative, l’ambassadeur a promis un projet plus ouvert, plus vert et plus exigeant. Pékin souhaite en effet que l’UE lui emboîte le pas. « Nous nous féliciterions de voir davantage de pays européens s’impliquer dans la coopération de l’IBR, individuellement ou en tant que bloc », a-t-il souligné.

Certains États membres, dont la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Grèce, le Portugal et l’Italie se sont déjà joints à l’aventure. L’Union a cependant refusé de s’engager dans le projet, lancé il y a cinq ans.

« Nous avons des désaccords, mais l’UE et la Chine font face à des défis communs et à de grandes opportunités », a plaidé Zhang Ming, reprenant les mots de Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission, qui a représenté l’UE lors du dernier sommet sur la nouvelle route de la soie.

Le Chinois a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération sur la connectivité, malgré les réticences de certains États. « La question n’est pas ‘oui ou non’, mais ‘comment’. Il est temps de faire avancer les choses. »

Anti-protectionnisme

Sans faire de référence explicite aux États-Unis, les représentants chinois ont clairement orienté l’initiative vers un soutien au multilatéralisme et  la lutte contre le protectionnisme.

« Alors que nous sommes aux prises avec les difficultés de l’unilatéralisme et du protectionnisme, l’IBR fournit un bel espace d’échange », estime Zhai Dongsheng, qui dirige le centre de promotion du projet.

« Avec leur engagement partagé pour le multilatéralisme, l’UE et la Chine doivent renforcer leur coopération sur la gouvernance mondiale. La Chine et l’UE doivent rejeter ensemble l’unilatéralisme et le protectionnisme pour préserver l’OMC », a renchéri Zhang Ming. L’ambassadeur souhaite plus de coopération dans les domaines de la science et de l’innovation, de l’économie circulaire, du commerce en ligne et des normes et règles.

« L’UE est une pionnière de la régulation, et la Chine a beaucoup de choses utiles à apprendre de ses amis européens », assure-t-il. « Il est dans notre intérêt à tous d’agir ensemble. »

Scepticisme européen

BusinessEurope, la principale association d’entreprises européenne, est sceptique quant aux promesses de transparence et de réglementation chinoises. « Nous voulons le voir pour le croire », indique Luisa Santos, directrice des relations internationales de l’organisation.

La Chine n’est plus une puissance émergente, mais un vrai leader économique. Or, cette position doit s’accompagner de responsabilités, insiste-t-elle. « Nous ne comprenons pas encore l’objectif [de l’initiative] Favoriser le commerce ? Les régions en développement ? Du point de vue de l’UE, ce n’est pas clair. »

Quelques entreprises européennes ont bien décidé de s’engager dans des projets liés à l’IRB, mais il n’y a pas d’approche commune des entreprises. Pour Luisa Santos, les autorités chinoises devront mettre en place plus de transparence et d’ouverture avant de les convaincre.

« Nous ne voulons pas que le projet ne bénéficie qu’à un petit nombre, mais au plus grand nombre possible, et pas seulement aux Européens », a-t-elle déclaré, exprimant des préoccupations particulières concernant l’accès aux marchés publics chinois. « Il est essentiel que nous comprenions les conditions des marchés publics, que les règles s’appliquent de la même manière à tous […] Nous assistons à un rééquilibrage des relations [entre l’UE et la Chine], mais nous avons encore besoin de quelques corrections. »

Beatriz Rios

Un article publié sur le site de notre partenaire

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