Des militants indépendantistes ont affronté la police en fin de semaine dernière en Catalogne, une escalade dénoncée par les autorités séparatistes de cette région autonome tandis que le gouvernement espagnol se tenait prêt à intervenir.
Des manifestations ont commencé avec la condamnation lundi par la Cour suprême de neuf dirigeants indépendantistes à des peines de neuf à treize ans de prison pour l’organisation du référendum sur l’indépendance de la région catalane, en 2017, jugé illégal par Madrid.
Un mouvement anonyme qui se développe sur Internet
Le mouvement, totalement anonyme, s’est développé sur Internet. Il se définit comme un collectif prônant la désobéissance civile et l’action non violente. Dès l’annonce du verdict, lundi, le groupe a appelé les indépendantistes à occuper les rues de Barcelone et les routes de Catalogne, puis à organiser le blocage de l’aéroport. Mission réussie.
Des opérations soigneusement organisées
C’est le secret le mieux gardé d’Espagne. Le ministre de l’Intérieur espagnol Fernando Grande-Marlaska a reconnu qu’il ne savait pas qui sont les instigateurs des manifestations. « C’est le gouvernement catalan », souffle un parlementaire indépendantiste.
Une opinion partagée par une frange importante du mouvement. Selon plusieurs médias locaux, le groupe serait également soutenu par l’ex-président catalan Carles Puigdemont, toujours réfugié en Belgique. Une chose est sûre : Tsunami Démocratique dispose de moyens conséquents et organise les opérations avec un professionnalisme bien supérieur à celui des habituels groupes indépendantistes autogérés.
Retour au calme ?
Fait nouveau, la police régionale aux ordres du gouvernement catalan, les Mossos d’Esquadra, a été engagée en première ligne ces derniers jours face aux manifestants radicaux, utilisant balles en caoutchouc et canon à eau. Mais ce recours aux forces de l’ordre catalanes vaut au président séparatiste catalan d’être critiqué dans son propre camp. Quim Torra est ainsi accusé d’étouffer des protestations qu’il encourage dans ses discours et peut-être à travers le mouvement anonyme.
Samedi, le gouvernement indépendantiste catalan a demandé au gouvernement espagnol la tenue de négociations « sans conditions ». Mais ce « sans conditions » signifie dans la bouche de Quim Torra qu’il demande à Madrid de ne pas exclure la possibilité de discuter d’un référendum d’autodétermination. Or le gouvernement espagnol ne veut pas en entendre parler.
Le dirigeant catalan s’est aussitôt vu opposer une fin de non-recevoir de la part du gouvernement central. Madrid lui a demandé de « condamner fermement la violence » – au vu de l’ambiguïté de ses dernières déclarations – et de reconnaître les Catalans opposés à la sécession, une question qui divise profondément les habitants de la région.
Une communauté d’expatriés au diapason des catalans
Et il n’y a pas que la population locale qui est divisée, les français de cette région le sont aussi. Selon son environnement économique, social ou familial, le français expatrié épouse la cause de ses hôtes catalans ou espagnols. Comme nous le rappelle, Renaud Le Berre, élu consulaire de la liste Union des Gauches (2014), les classes ouvrières sont attachées à l’unité du pays, tandis que les classes moyennes et supérieurs, qui poussent à l’indépendance, sont les grands gagnantes de l’autonomie. Et beaucoup d’expatriés sont des top managers, des cadres ou des fonctionnaires… Certains vivent donc dans un univers catalan, plus totalement en Espagne..
Cependant nos concitoyens sont de grands jacobins et ils sont donc surpris par l’autonomie de la région catalane, et en particuliers sur des sujets considérés, par essence, nationaux pour les Français comme l’éducation, la santé, etc. Le modèle reste l’Etat centralisé et unitaire.
Par contre chez les binationaux, en particuliers les jeunes, l’indépendance est sur toutes les lèvres. Ils ont participé activement aux évènements de ces derniers mois.
Pascal Bourbon, seul élu indépendant de la circonscription (2014), voit, surtout, dans ce mouvement le signe d’une inquiétude de la population pour l’avenir économique de Barcelone et plus généralement de la Catalogne, talonnée par Valence, Madrid et désormais aussi par Bilbao/San Sébastien. Dans les derniers sondages d’opinions, 46% de la population est mécontente à Barcelone. Malgré les progrès notables, le taux de chômage est toujours supérieur à 10%. Les retraités, comme en France, s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat et les fortes racines indépendantistes se renforcent dans ces inquiétudes.
La semaine a cependant commencé par un retour au calme dans toutes les rues de Barcelone, la ville pense ses plaies, se désole des nombreux événements annulés.. Mais la situation reste propice à un nouvel embrasement.
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