La CAN par les Français d’Afrique

La CAN par les Français d’Afrique

La coupe d’Afrique des nations va bientôt rendre son verdict. Qui remportera cette prestigieuse compétition ? Tous les favoris de la CAN ne sont pas au rendez-vous du dernier carré. Nous attendions le Maroc, et c’est l’Afrique du Sud qui a émergé.

L’Égypte a cédé devant les léopards de la République démocratique du Congo. Le Cameroun, quintuple vainqueur, n’a pas résisté au Super Eagles du Nigéria. La Côte d’Ivoire, pays hôte du tournoi, est un miraculé du premier tour. C’est une quasi-surprise de la retrouver dans les quatre dernières nations. 

4 expatriés Français nous parlent de la CAN

Les supporters s’activent pour soutenir leurs équipes. Certains sont des habitués des tribunes des stades, d’autres un peu moins. Pour savoir quelle place le football occupe dans les Etats du dernier quatuor africain, nous avons interrogé quatre de nos compatriotes qui y vivent, qu’ils soient élus ou cadres au sein de grands groupes français. 

Un match amical entre le vainqueur de la CAN et la France?

En questionnant nos compatriotes expatriés, nous avons également voulu savoir si les Français sont mobilisés pour encourager les joueurs. Et si, ce parcours à la coupe d’Afrique des nations, les rendait fiers de leur pays d’adoption. Enfin, nous avons consulté nos ressortissants sur place pour connaître les liens entre le football hexagonal et les clubs locaux. Enfin, pensent-ils l’idée d’organiser un match amical entre le vainqueur de la CAN et la France pertinente ?

Nos expatriés français en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux pays finalistes de la CAN

CAN
Baptiste Heintz, Conseiller des Français de Côte d’Ivoire

Baptiste Heintz est Conseiller des Français de Côte d’Ivoire depuis 2021. Il siège également à l’Assemblée des Français de l’étranger. Dans ce pays, la communauté française est estimée entre 20 000 et 25 000 personnes.

CAN
Yann Gilbert, Conseiller des Français du Nigeria

Yann Gilbert est Conseiller des Français du Nigéria depuis 2021. Près de 1.000 de nos compatriotes vivent actuellement dans ce pays. 

Nos compatriotes vivant en Afrique du Sud et en République Démocratique du Congo qui s’affrontent pour la 3ème ou 4ème place de la CAN

CAN
Alexandre Barrière-Izard, Conseiller des Français d’Afrique du Sud

Alexandre Barrière-Izard est Conseiller des Français d’Afrique du Sud depuis 2021. Il siège également à l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger). Environ 8.000 de nos compatriotes résident actuellement dans ce pays. 

CAN
Thierry De Jaham, Directeur Général du groupe Accor en République Démocratique du Congo

Thierry De Jaham est Directeur Général du groupe Accor en RDC. Il a auparavant exercé une position similaire en Côte d’Ivoire. Thierry est également Conseiller du Commerce Extérieur de la France. Près de 2.300 de nos compatriotes Français vivent en RDC, selon le registre officiel des expatriés. 

CAN
Baptiste Heintz, Conseiller des Français de Côte d’Ivoire

« Je crois beaucoup dans la diplomatie par le sport. »

Jérémy Michel : « ⁠Le football occupe-t-il une place importante dans la société ivoirienne? »

Baptiste Heintz : « C’est le moins qu’on puisse dire ! On trouve des terrains partout, même improvisés (qu’on appelle par euphémisme un « maracana »), et tout le monde joue, à tout âge, filles et garçons. »

Jérémy Michel : « ⁠Les Français de Côte d’Ivoire sont-ils mobilisés pour soutenir les “Eléphants” lors de cette coupe d’Afrique des nations ? »

Baptiste Heintz : « Énormément ; déjà, une très grande majorité des foyers sont binationaux. Donc pour la paix des ménages, il vaut mieux être raccord et patriotique dans le sport. Mais au-delà, toutes les associations françaises, certainement sans exception, relaient les messages d’encouragements et ceux de joie lorsque les éléphants mettent un but. Même l’ambassadeur se prête au jeu avec des vidéos de dribble, de danse et d’exultation… Les Ivoiriens savent que les Français qu’ils accueillent sont à fond avec eux. D’ailleurs, les autres nationalités aussi ; même les nationalités africaines parfois alors que leurs propres équipes nationales jouent ! Mais ça, c’est le karma ou en tout cas le juste retour de l’hospitalité ivoirienne… »

Jérémy Michel : «Ce bon parcours en CAN vous rend-il fier d’habiter en Côte d’Ivoire ?» 

Baptiste Heintz : « Je l’étais déjà sans ce beau parcours. Mais il ajoute « de la viande dans la sauce » comme on pourrait dire en Côte d’Ivoire ! »

Jérémy Michel : « Où serez-vous le soir de la finale ? »

Baptiste Heintz : « Je pense au bar du quartier avec les voisins, amis et riverains, comme pour les précédents matchs. » 

Jérémy Michel : « ⁠Le football français devrait-il développer davantage ses liens avec les clubs en Côte d’Ivoire ? »

Baptiste Heintz : « Je ne m’y connais pas vraiment, mais j’ai l’impression que c’est d’ores et déjà énormément le cas. Beaucoup de joueurs ivoiriens jouent dans les clubs en Europe et particulièrement en France. Certains évoluent même en première division. Dans le sens inverse, nous avons aussi des anciens joueurs français ou professionnels qui viennent parfois appuyer les équipes et centres de formation ici. »

Jérémy Michel : « Pensez-vous que la France devrait proposer d’organiser un match amical contre le vainqueur de la CAN ? »  

Baptiste Heintz : « Je crois beaucoup dans la diplomatie universitaire, la diplomatie par la culture et l’art ainsi que la diplomatie par le sport. Elles permettent de partager beaucoup et parfois l’essentiel : le maintien du dialogue pour la connaissance mutuelle et l’amitié entre nos peuples. Donc la France ne devrait pas proposer ce genre de match qu’aux vainqueurs… et pas que dans le foot! »

CAN
Yann Gilbert, Conseiller des Français du Nigeria

« La communauté (française) est derrière le Nigeria, souvent plus que les Nigérians eux-mêmes. »

Jérémy Michel : «Le football occupe-t-il une place importante dans la société nigériane?» 

Yann Gilbert : « Non pas vraiment. C’est ce qui permet à l’équipe de ne pas subir trop de pression et garder une tête froide »

Jérémy Michel : « Les Français du Nigeria sont-ils mobilisés pour soutenir les “Super Eagles” lors de cette coupe d’Afrique des nations ? » 

Yann Gilbert : « Oui. Dans l’ensemble, la communauté est derrière le Nigeria, souvent plus que les Nigérians eux-mêmes. » 

Jérémy Michel: «Ce bon parcours en CAN vous rend-il fier d’habiter au Nigeria? » 

Yann Gilbert : « C’est surtout une bonne nouvelle pour le pays et le nouveau gouvernement. Cela donne de l’espoir et des bonnes nouvelles au peuple. »

Jérémy Michel : « Où serez-vous le soir de la finale ? »

Yann Gilbert : « A Lagos, dans un club de sport de la ville. »  

Jérémy Michel : « Le football français devrait-il développer davantage ses liens avec les clubs au Nigeria ? »

Yann Gilbert : « Tout à fait. Les Espagnols sont déjà bien présents. » 

Jérémy Michel : « Pensez-vous que la France devrait proposer d’organiser un match amical contre le vainqueur de la CAN ? 

Yann Gilbert : « Oui. Bonne idée. »

CAN
Alexandre Barrière-Izard, Conseiller des Français d’Afrique du Sud

« Nous avons de la chance de pouvoir assister à une CAN aussi unique, à l’image de l’Afrique du Sud. »

Jérémy Michel : « Le football occupe-t-il une place importante dans la société sud-africaine ? »

Alexandre Barrière-Izard : « Bien sûr. Le sport en général en Afrique du Sud prend une part importante dans la vie des Sud-Africains. En plus, le football c’est un sport unificateur, notamment parce qu’il est très accessible. Il a permis de mettre en avant les townships, notamment Soweto à Johannesburg avec des compétitions qui y ont eu lieu par le passé. C’est aussi la première année que les billets de la CAN peuvent être achetés en ligne et les prix commencent à R155 (environ 7,60 € ou 8,15 $), ce qui reste raisonnable. »

Jérémy Michel : « Les Français d’Afrique du Sud sont-ils mobilisés pour soutenir les « bafanas bafanas » lors de cette coupe d’Afrique des nations ? »

Alexandre Barrière-Izard : « Au début pas vraiment, c’est vrai que l’Afrique du Sud n’avait pas participé à la dernière CAN en 2021. C’est une agréable surprise de les voir aller aussi loin dans la compétition. Je sais que les Français se sont réunis dans des bars pour aller voir l’Afrique du Sud jouer contre le Maroc. Et leur victoire motive. Nous avons de la chance de pouvoir assister à une CAN aussi unique, à l’image de l’Afrique du Sud. »

Jérémy Michel : «Ce bon parcours en CAN vous rend fier d’habiter en Afrique du Sud?»

Alexandre Barrière-Izard : « On est toujours fier d’habiter en Afrique du Sud, mais voir tout l’amour qui peut ressortir dans ces moments sportifs ça rend d’autant plus fier. C’est un des pays les plus inégalitaires et tout comme le rugby, le ballon rond rassemble, il permet d’autant plus les rencontres sans aucun doute ! »

Jérémy Michel : « Où serez-vous le soir de la finale ? »

Alexandre Barrière-Izard : « Avec mes amis Sud-africains, autour d’un moment de partage et là je pense à un braai. Ca aussi, c’est une façon de célébrer qu’on vienne de n’importe où en Afrique du Sud. C’est l’équivalent du barbecue en France, et dans ces moments, on prend le temps de profiter. »

Jérémy Michel : « Le football français devrait-il développer davantage ses liens avec les clubs sud-africains ? »

Alexandre Barrière-Izard : « Ce sont deux pays pour qui le sport occupe une place de choix, c’est tellement unificateur. Il faut prendre exemple pour les événements dans le milieu du rugby. Il y a souvent des rencontres entre Français et Sud-Africains. Je pense sincèrement que l’on a beaucoup à apporter. »

Jérémy Michel : « Pensez-vous que la France devrait proposer d’organiser un match amical contre le vainqueur de la CAN ? »

Alexandre Barrière-Izard : « Absolument, et d’autant plus si c’est l’Afrique du Sud qui gagne. Au-delà du fait que ce soit un partenaire stratégique, c’est surtout un pays leader dans le sport et le football devrait s’inscrire dans cette continuité. »

CAN
Thierry De Jaham, Directeur Général du groupe Accor en République Démocratique du Congo

« Je suis très content pour mes amis Congolais. Ils le méritent. »

Jérémy Michel : « Le football occupe-t-il une place importante dans la société congolaise ? »

Thierry De Jaham : « Oui, très grande, et de façon positive. C’est plus que tout un sport fédérateur, permettant à toutes les composantes de la société de se réunir. De plus, le trajet des Léopards est spectaculaire, et fortement apprécié. »

Jérémy Michel : « Les Français de RDC sont-ils mobilisés pour soutenir les “léopards” lors de cette coupe d’Afrique des nations ? » 

Thierry De Jaham : « Je n’en sais rien. Je sors peu en ce moment. Mais j’imagine que oui. » (La République Démocratique du Congo doit actuellement faire face à de violents combats, notamment dans l’Est du pays entre la rébellion du M23 et les forces congolaises).

Jérémy Michel : «Ce bon parcours en CAN vous rend-il fier d’habiter en RDC ?» 

Thierry De Jaham : « Je suis très fier du parcours des Léopards, et je suis très content pour mes amis Congolais, ils le méritent. C’est une jeune équipe qui a beaucoup d’avenir. »

Jérémy Michel : « Où serez-vous le soir de la finale ? »

Thierry De Jaham : « Je serai dans l’un des salons organisés par le Pullman Kinshasa à l’occasion de la CAN et de la finale. »

Jérémy Michel : « Pensez-vous que la France devrait proposer d’organiser un match amical contre le vainqueur de la CAN ? »

Thierry De Jaham : « Pourquoi pas. Ca serait une belle initiative. »

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.

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