La Caisse des Français de l'étranger est-elle en danger ?

La Caisse des Français de l'étranger est-elle en danger ?

Le 26 juin, quelques jours après la réunion du CA de la Caisse des Français de l’étranger des 12 et 13 juin, un article fut publié sur un site spécialisé sur la situation financière de la CFE. Il eut l’effet d’une déflagration dans le petit milieu des expatriés. Dans ce court papier, on découvre un déficit de 42 millions d’euros pour l’année 2022. Pour le journaliste, cette situation mettrait en péril l’organisme privé qui permet aux expatriés de conserver les prestations de la sécurité sociale française hors de France. Qu’en est-il ?

Un déficit de 42 millions d’euros

Si la CFE affiche un tel déficit, c’est tout simplement car elle engrange moins de cotisations tout en faisant face à une inflation des dépenses de santé dans le monde.

Alors que le nombre de Français de l’étranger a explosé au cours des 20 dernières années, la CFE est restée jusqu’en 2019 sur son ancien modèle, inspiré du système français. En effet, avant cette réforme, il fallait déclarer ses revenus et une cotisation était calculée sur ces derniers comme les organismes sociaux le font sur les salaires émis en France. Mais sous l’impulsion d’Alain-Pierre Mignon, la Caisse des Français de l’étranger a, depuis, rénové sa politique commerciale et son offre, conformément au souhait de son conseil d’administration, afin de les adapter aux nouvelles formes et aux nouveaux parcours de l’expatriation.

Si la mise en place de tarifs forfaitaires, sur le modèle des assurances privées dédiées aux expatriés qu’on peut trouver sur le marché mondial, a permis de retrouver une dynamique commerciale fructueuse, elle a aussi désorganisé la gestion des flux financiers.

Ainsi le chiffre d’affaire en matière de cotisations de la CFE est passé de 180 millions à 150 millions d’euros entre 2017 et 2022. Alors que dans le même temps, le montant des prestations a, quant à lui, légèrement augmenté sur la période, passant de 140 millions à 150 millions d’euros.

Des placements risqués ?

On le voit, malgré la baisse des cotisations et l’augmentation des coûts liés à la prise en charge des assurés, le bilan semblait pouvoir encore s’équilibrer. Mais alors d’où vient ce déficit ?

Pour le site qui a publié l’article, « La CFE a cumulé des pertes liées à des placements financiers qui se sont révélés hasardeux. Ces derniers ont été validés par le bureau du conseil d’administration, renouvelé en mars 2022, composé de la présidente Isabelle Frej (Parti socialiste, PS) et des vice-présidents Gérard Sénac (Les Républicains, LR) et Stéphanie Héricher (ex-PS). Ces mauvais choix financiers ont creusé le trou de la Caisse des Français de l’étranger. »

Une analyse que conteste la présidente de la CFE, Isabelle Frej, dans un courrier envoyé, dès le 27 juin, aux élus consulaires. Pour elle, et comme le confirment les différentes publications financières disponibles à ce jour, les placements incriminés n’ont généré aucune perte de liquidité.

« Les placements sont décidés sur proposition de la Direction de la CFE et d’un conseiller en investissement financier, selon des règles strictes définies par l’arrêté ministériel du 5 juin 2019. Les décisions ont été prises sur plusieurs années et de manière progressive. Aucune perte n’est aujourd’hui constatée, il s’agit de provisions constituées.« 

Isabelle Frej, présidente de la CFE

Pourtant, dans le même courrier, Isabelle Frej indique que le déficit de 42 millions est né de l’effet conjugué d’un résultat d’exploitation dégradé sur l’assurance maladie et de la constitution de provisions pour palier la dépréciation d’une partie desdits placements.

Pour expliquer simplement cette contradiction apparente, il faut comprendre que ces pertes sont uniquement comptables et n’impactent donc pas le « cash flow » disponible pour les missions de service public que la CFE doit assurer.

Par ailleurs, il est important de préciser que la CFE a obtenu pour la première fois, cette année, la certification sans aucune réserve de ses comptes et de ses processus de contrôle des risques. Un effort de transparence et de bonne gestion qui est à mettre à l’actif du bureau et de la direction.

Auteur/Autrice

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire