La Caisse des Français de l’Étranger (CFE), qui assure la sécurité sociale pour près de 200 000 expatriés, traverse une crise financière préoccupante. Plusieurs associations, élus et représentants des Français de l’étranger tirent la sonnette d’alarme depuis début 2024, évoquant un danger réel pour la pérennité de la CFE.
Depuis un audit a été lancé, les initiatives parlementaires comme citoyennes se multiplient. Le ministre des Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin, s’est rendu, jeudi 12 juin, au siège dans la banlieue parisienne alors que le lendemain, les assises de la protection sociale organisées par l’Assemblée des Français de l’étranger organisaient un webinaire sur le thème. Le ministre a également pu rencontrer les équipes et découvrir plus particulièrement le service commercial comme le service en charge des fraudes ainsi que celui dédié à la prise en charge des remboursements. Un vrai tour du propriétaire…
Cette semaine, le conseil d’administration se réunit, l’occasion pour nous de faire le point sur la santé de la sécu des « expats », la Caisse des Français de l’Étranger ou CFE pour les intimes.
Financement insuffisant
La CFE doit, par la loi, équilibrer ses comptes uniquement avec les cotisations de ses adhérents. Une particularité qui la distingue de ces cousines que ce sont les caisses départementales avec qui les affiliés la confondent souvent.
En sus, ces ressources sont jugées insuffisantes pour couvrir les missions obligatoires, que l’État lui a confiées dans le cadre de la délégation de service public, notamment la solidarité envers les plus précaires avec le maintien d’une catégorie dite aidée (tarifs sociaux).
La Caisse des Français de l’Étranger est donc victime, en premier lieu, de ce statut qui lui impose les rigueurs du secteur privé tout en lui confiant des missions prises en charge par la solidarité nationale dans l’hexagone.
Car excepté une subvention annuelle modeste (300 000 à 700 000 €), l’État n’apporte pas d’aide significative, alors que le coût de la mission de service public de la CFE atteint 25 millions d’euros par an.
C’est dans ce cadre qu’une inspection de l’IGAS et une mission de la Cour des comptes ont été diligentées pour proposer des solutions. Mais, la remise de leurs conclusions prévues pour ce conseil d’administration a été décalée à mercredi 18 juin.
Mais les acteurs associatifs comme politiques sont sceptiques vu que le gouvernement a pour l’instant écarté toute augmentation significative du financement public. Cependant, le cas de la CFE pourrait être traité dans le cadre d’une nouvelle loi dédiée aux Français de l’étranger que le ministre Laurent Saint-Martin a annoncé pour le second semestre de cette année.
Quelles solutions ?
En 2023 et en 2024, afin de préserver l’équilibre financier, le Conseil d’Administration a dû augmenter les cotisations, réduire certaines garanties.
Mais sur le plan commercial, si la hausse des cotisations et la baisse des prestations pourraient pousser des adhérents à quitter la CFE, aggravant encore sa situation financière, il est important de noter que celle-ci dispose encore de réserves financières lui permettant d’assurer ses prestations à court et moyen terme.
On est très loin d’une éventuelle remise en cause des couvertures distribuées. Les affiliés peuvent être rassurés d’autant que tous les acteurs se mobilisent pour conserver cet outil unique au monde. Ainsi si la viabilité de son modèle économique est sur le long terme menacée, en aucun cas son existence immédiate ne l’est.
Cependant, sans mesures correctives, notamment un engagement de l’État, la pérennité de la CFE et la qualité de la couverture santé pour les expatriés français sont sérieusement menacées.
Il faut sauver le soldat CFE
Si le danger n’est pas immédiat, la mobilisation des Français de l’étranger pour le maintien d’un tel dispositif de couverture sociale à la française étendu au reste du monde. Surtout que certains comme le rappelait, la présidente du conseil d’administration, Isabelle Frej, ont une vision fantasmée de la sécurité sociale à la française.
Car la CFE, si elle transpose globalement la sécurité sociale, n’est pas l’équivalent d’une CAF (caisse d’allocation familiale) ni d’une CPAM (caisse primaire d’assurance maladie) mais bien un organisme de sécurité sociale de droit privé auquel a été confiée en sus une mission de service public. La CFE a donc un périmètre plus restreint et des contraintes liées aux exigences du marché privé.
Pour autant, la Caisse des Français de l’Étranger est un outil unique apportant un véritable filet de sécurité aux expatriés d’un jour comme aux Français installés définitivement hors de France. Un constat que partagent de nombreux citoyens, engagés ou non. Ainsi, plusieurs pétitions et appels de parlementaires (notamment Karim Ben Cheïk) demandent à l’État de prendre ses responsabilités et de financer la part de service public assurée par la CFE.
Seront-ils entendus en cette période de disette budgétaire, rien n’est moins sûr ! Réponse en octobre avec le budget 2026 !
Pour aller plus loin : regardez le webinaire sur la CFE
Auteur/Autrice
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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la CFE est très mal gérée ! Un exemple : lorsque vous êtes en ADL pour un cas particulier, eh bien tous les soins quels qu’ils soient sont ensuite pris en charge à 100% , voilà une des causes de la mauvaise situation financière