La biodiversité, l’autre défi environnemental

La biodiversité, l’autre défi environnemental

L’équilibre environnemental de la planète dépend de nombreuses interactions de l’écosystème. Grâce à la photosynthèse, les arbres et autres plantes absorbent du carbone et pompent de l’oxygène. Ce faisant, ils éliminent environ 11 milliards de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère chaque année, ce qui équivaut à 27 % de ce que l’industrie humaine et l’agriculture émettent. Les océans absorbent, de leur côté 10 milliards de tonnes. Plus de 75 % des cultures vivrières mondiales, dont le café, le cacao et les amandes, sont pollinisées par les animaux sauvages.

Le réseau complexe qui sous-tend chaque chaîne alimentaire et chaque écosystème signifie que la gamme étroite d’espèces que les humains mangent et exploitent ne peut être maintenue sans l’existence d’une bien plus grande diversité d’animaux, de plantes et de bactéries. Le maintien de forêts constituées d’un grand nombre d’espèces est plus efficace que les surfaces en monocultures. Le thon qui est un des poissons le plus consommé a besoin pour se nourrir de zooplanctons. À l’âge adulte, le thon mange également des calmars et des crustacés. La présence du thon est conditionnée à cette longue chaîne alimentaire qui est actuellement menacée par la pollution, le réchauffement des eaux et la surpêche.

Un million d’espèces menacées

Depuis les années 1990, alarmés par des études montrant un déclin rapide des espèces animales et végétales dans le monde, des experts évoquent une extinction massive imminente. Sixième dans l’histoire de la Terre, cette extinction diffère de toutes celles qui l’ont précédé car d’origine humaine. L’IPBES (la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, similaire au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié son évaluation de l’état de la biodiversité mondiale en 2019 qui souligne qu’environ un million d’espèces animales et végétales sur les huit millions répertoriées étaient considérées comme menacées d’extinction, bien plus qu’à tout autre moment de l’histoire de l’humanité. Au moins 9 % des 6 200 espèces de mammifères avaient disparu en 2016, et au moins 1 000 autres sont menacées. Seuls 23 % des espèces et 16 % des habitats sont dans un état de conservation favorable. Plus d’un tiers de la superficie continentale et près des trois quarts des ressources en eau douce sont utilisés pour produire des cultures ou du bétail. Un tiers des stocks de poissons marins étaient exploités de manière non durable.

La crise de la biodiversité fait l’objet de moins d’attention que celle du changement climatique 

La crise de la biodiversité représente un risque aussi grand pour les sociétés humaines que le changement climatique. En étant plus difficile à quantifier, elle fait l’objet de moins d’attention que celle du changement climatique. Les réseaux qui relient les espèces au sein et entre les écosystèmes sont encore plus complexes que les processus qui entraînent le changement climatique. Les deux problèmes sont néanmoins liés. De nombreuses espèces éprouvent des difficultés à se nourrir en raison du réchauffement de la planète. Les poissons sont les plus exposés à ce phénomène. Le changement de leur environnement peut également mettre en danger certaines espèces comme la fonte des banquises pour les ours blancs.

Les États occidentaux ont adopté des lois afin de préserver la biodiversité. La France a adopté la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages en 2016 qui a servi de base pour l’élaboration du plan biodiversité de 2018. Un office de la biodiversité a été créé et placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et de celui de la Transition énergétique. Le 8 juin 2021, le Parlement européen a voté la stratégie de l’Union européenne (UE) pour la biodiversité à l’horizon 2030 en reprenant les recommandations de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. 

Selon le rapport du Parlement, de nombreux objectifs de protection de l’environnement prévus de 2010 à 2020 (directives « Oiseaux » ou « Natura 2000 », par exemple), n’ont pas été atteints. Pour 2030, le Parlement européen a retenu les objectifs suivants : 

· Protéger au moins 30 % des zones marines et terrestres de l’UE (forêts, zones humides, tourbières, prairies et écosystèmes côtiers), contre 15 % aujourd’hui ; 

· Laisser intacts 10 % des océans et des terres de l’UE, y compris les forêts primaires et anciennes et les autres écosystèmes riches en carbone; 

· Réviser en urgence l’initiative de l’UE sur les pollinisateur afin de mettre en place un nouveau cadre de surveillance des abeilles et autres pollinisateurs dans toute l’Union ; 

· Créer une plateforme européenne pour le verdissement urbain avec des objectifs contraignants : quota minimal de toitures végétalisées, soutien à l’agriculture urbaine, interdiction des pesticides chimiques, par exemple ; · Affecter au moins 25 % des terres agricoles à l’agriculture biologique (nouvelle fenêtre) ; 

· Réduire de 50 % l’utilisation des pesticides plus dangereux et chimiques, et interdire celle des herbicides à base de glyphosate après décembre 2022. 

Les eurodéputés ont demandé que les objectifs soient inscrits dans un accord pour la biodiversité lors de la prochaine conférence des Nations unies, en octobre 2021. Ils estiment que les États membres devraient consacrer chaque année 20 milliards d’euros à la biodiversité afin d’atteindre les objectifs retenus.

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