Istanbul, dernier arrêt. L'histoire vraie de Fabien Azoulay

Istanbul, dernier arrêt. L'histoire vraie de Fabien Azoulay

La Librairie La Page dans le quartier français de South Kensington et Hexagon Society ont reçu Fabien Azoulay autour de son livre Istanbul, dernier arrêt. Rappelez-vous, ce Français de l’étranger avait incarcéré en Turquie pour une excentricité qui fut lourdement sanctionnée. À Londres, il présente son livre qui nous dévoile la dernière étape de son tour du monde en Turquie, là où le cauchemar de Fabien Azoulay commence.

Drugs import

Lorsqu’il demande à la réception de son hôtel s’il a bien reçu un paquet commandé d’Israël, quatre agents l’interpellent : « Drugs import » Le fameux paquet, Fabien a beau arguer qu’il s’agit d’un produit pour sa propre consommation, il a commis une erreur fatidique. Le GBL n’est alors plus légal en Turquie, contrairement à ce qu’affirmait le site où il l’a acheté.

Débute alors une effarante descente aux enfers dans les geôles turques, d’autant plus difficile en tant que Juif et gay. Pendant quatre ans, Xavier, le frère de Fabien, Carole-Olivia Montenot, son avocate française, et un mystérieux ange gardien vont remuer terre et ciel, jusqu’aux sommets des deux États, pour le sortir de là.

Lesfrançais.Press l’a rencontré. 

Un tour du monde

Lors de notre entretien, Fabien Azoulay nous raconte avoir voulu faire “un tour du monde” et Istanbul devait être son dernier arrêt. Mais cela ne s’est pas ainsi comme il nous le confie.

« Je me suis fait arrêter en septembre 2017. J’ai commandé sur internet un produit qui venait d’être illégal en Turquie. À la base c’est un stimulant sexuel qui peut être détourné en narcotique. Le site web ne mentionnait pas que c’était interdit en Turquie. Je l’ai commandé avec ma carte de crédit et mon adresse en bonne foi. La police m’a arrêté dès mon arrivée à mon hôtel à Istanbul. On m’a emmené au commissariat de l’aéroport.”

Fabien Azoulay, à Londres le 13 mai 2024

Des conditions rudes en Turquie

Fabien Azoulay a partagé avec nous cette descente aux enfers.

“Pendant 48 heures on m’assène de questions, de coups, ils me demandent pour qui je travaille. Je leur ai montré les actes de vente de mes spas et je leur ai montré mes comptes bancaires. Avec mon passeport français et américain et le fait que je voyageais depuis Israël, la première question qu’ils m’ont demandé si j’étais gai. J’ai répondu oui. Je pensais que la Turquie était une démocratie et je me suis trompé. Ils n’ont pas pensé que j’étais un dealer. Mais le fait que je sois juif, gai, ils se sont dit on va le garder au chaud pendant quelque temps. À chaque fois ils m’ont demandé pour qui je travaillais et je leur ai montré mes spas et chaque fois c’était gifle après gifle. Au bout de 48h ils m’ont fait signer un procès-verbal. Je leur ai dit, comment pourrais-je signer quelque chose que je ne comprends pas? J’avais l’aide de Google translate et je leur ai dit ce n’est pas vrai. Ils m’ont dit tu n’as pas le choix, tu signes.”

Fabien Azoulay, à Londres le 13 mai 2024

Une descente aux enfers qui s’est prolongée en garde à vue.

« Je passe une nuit. J’ai le droit d’appeler quelqu’un. J’appelle mon père. Je me suis dit mon frère doit avoir son portable en silence donc j’ai appelé mon père sur sa ligne fixe. Il vivait encore en Israël à l’époque et je lui explique que je venais de me faire arrêter. Il a le souffle coupé et ma belle-mère prend le téléphone et juste à ce moment-là le policier prend le téléphone et me dit que c’est terminé. Mon père a appelé mon frère et les choses ont commencé à s’enclencher. Le lendemain ils m’ont emmené dans une maison d’arrêt. Je suis resté deux ans. J’ai passé 8 jours en quarantaine. C’était horrible. Pas de fenêtres, je ne savais pas l’heure. Il y avait cette lumière néon au-dessus de moi pendant 8 jours. À l’issue de ça je suis allé dans une cellule où il y avait 60 détenus. Dans toutes les cellules de la prison il y avait entre 50 et 60 détenus. La capacité de la prison était 1,500 personne. On était plus de 3,000. J’ai fait la rencontre de personnes absolument formidables. J’étais avec des terroristes, des violeurs d’enfants, des meurtriers, des trafiquants d’armes, des trafiquants de drogue. Ce sont des choses qu’on voyait uniquement dans des films! J’étais avec des marocains, tunisiens, algériens, syriens, iraquiens, afghans, Pakistanais, donc il y avait un anglais un peu cassé qui circulait et j’ai commencé à apprendre le turc.”

Fabien Azoulay, à Londres le 13 mai 2024

Le périple s’est éternisé, il a fallu quatre ans de détention difficile en Turquie avant que Fabien Azoulay, condamné à 16 ans de prison par la justice turque pour détention de drogue, puisse être transféré en France mardi 17 août 2021. 

Les dessous d’une affaire diplomatique internationale

Le temps juridique et le temps diplomatique sont porteurs et prendront du temps. Sophie Wiesenfeld et Me Zimeray contactent les personnalités les plus influentes de leurs sphères respectives, mais rien. Et nous sommes en plein Covid… En avril 2021, ils décident de médiatiser l’affaire pour faire bouger les lignes.

En juin 2021, en marge du sommet de l’OTAN, les présidents Macron et Erdogan s’entretiennent et évoquent le cas Azoulay : “Les conditions de son transfèrement en France avancent !” S’en suit un enchaînement de négociations pour aboutir mi-août 2021 à un retour de Fabien Azoulay en France, à la prison de la Santé. Après la requalification de sa peine, il retrouva la liberté le 2 novembre 2021.

Fabien Azoulay concluant notre entretien a voulu remercier ceux qui l’ont soutenu : “Le parti démocratique turc a parlé au parlement et au ministère de la justice de mon cas et de l’injustice et le fait que j’ai été violenté et brûlé en Turquie. Clément Beaune m’a écrit à la sortie de prison et Nicolas Sarkozy m’a soutenu aussi. C’est un élan d’humilité incroyable même au niveau des politiques français mais aussi turcs.

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