Depuis 2019, Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars dans OpenAI, la start-up à l’avant-garde de l’intelligence artificielle générative (IA) qui a développé ChatGPT. Cette entreprise est désormais valorisée à plus de 157 milliards de dollars. En échange de son soutien financier, Microsoft a obtenu le droit exclusif d’intégrer les modèles d’OpenAI sur Azure, son activité de cloud computing. Ce partenariat a été un succès retentissant pour Microsoft comme pour OpenAI. Cette dernière a pu créer et améliorer des modèles de langage étendus (LLM), une technologie ensuite intégrée dans divers produits logiciels de Microsoft, lui donnant ainsi une longueur d’avance sur ses concurrents comme Google, Amazon ou Apple. Les revenus du cloud computing Azure ont augmenté de 33 % en glissement annuel de juillet à septembre, dépassant les attentes, contre une hausse de 19 % pour AWS d’Amazon.
Cependant, les dirigeants d’OpenAI trouvent que Microsoft est un peu envahissant, les empêchant de conquérir des parts de marché chez les autres GAFAM. L’accès à la plateforme d’Amazon renforcerait la position déjà dominante d’OpenAI dans la fourniture de langage conversationnel et augmenterait des revenus qui devraient dépasser les 3,5 milliards de dollars cette année.
Les dirigeants d’OpenAI trouvent que Microsoft est un peu envahissant
Les défenseurs d’une plus grande liberté commerciale pour OpenAI soutiennent que, même si Microsoft pourrait être contrariée par le partage de modèles avec AWS, à long terme, sa participation dans OpenAI signifierait qu’elle bénéficierait d’un accès plus large au marché par le créateur de modèles. Les préoccupations antitrust renforcent également l’argument en faveur d’une plus grande indépendance d’OpenAI.
La Federal Trade Commission américaine et la Competition and Markets Authority britannique ont ouvert des enquêtes sur la relation entre Microsoft et OpenAI.
Microsoft entend également ne pas être dépendant d’OpenAI. À cet effet, l’entreprise a noué un partenariat avec Mistral, une société française d’intelligence artificielle, et développe son propre département de langage conversationnel en embauchant presque tout le personnel d’Inflection, un concurrent d’OpenAI, y compris son dirigeant Mustafa Suleyman.
Amazon et Apple semblent être les perdants de l’IA, mais cela pourrait changer.
Le 29 octobre, les responsables de Microsoft ont déclaré qu’ils offriraient plus de solutions d’intelligence artificielle à leurs clients. Microsoft et OpenAI sont en train de renégocier les termes de leur relation, OpenAI changeant sa structure d’entreprise pour passer d’une organisation à but non lucratif à une entité à but lucratif. Une clause de caducité pourrait de ce fait entrer en jeu, permettant à OpenAI de rompre ses liens commerciaux avec Microsoft et de rebattre les cartes de l’intelligence artificielle.
Amazon, de son côté, serait ravi d’avoir accès aux modèles d’OpenAI. Le cloud d’Amazon arrive en troisième position en termes de parts de marché en matière d’IA générative, derrière Azure et Google Cloud Platform, dont les revenus ont augmenté de 35 % d’une année sur l’autre au cours du dernier trimestre. Amazon, n’ayant pas de départements de production de logiciels, ne peut rivaliser avec ses concurrents en s’appuyant uniquement sur ses propres ressources. Microsoft pourrait bien entrer dans l’histoire pour avoir repéré très tôt des talents créatifs, mais son emprise sur OpenAI pourrait ne pas durer. Son avance technologique pourrait de ce fait être remise en question. Pour le moment, parmi les GAFAM, Amazon et Apple semblent être les perdants de l’IA, mais cela pourrait changer dans les prochaines années.
Laisser un commentaire